Franck Roger (au centre) est l’arrière-petit-fils de l’artilleur Narcisse Roger sous-officier au 17ème régiment d’artillerie qui fit toute la campagne des Dardanelles. Il est depuis 2021 le président de l’Association Nationale pour le Souvenir des Dardanelles et des Fronts d’Orient.
1 – Pouvez-vous présenter l’histoire et le présent de votre association ?
L’Association Nationale pour le Souvenir des Dardanelles et des Fronts d’Orient est une organisation centenaire dédiée à la préservation de la mémoire des soldats ayant combattu lors des campagnes des Dardanelles, des Balkans et du Levant entre 1915 et 1921. Fondée en 1920, elle a évolué pour inclure les descendants des anciens combattants, des chercheurs en histoire et des généalogistes. Aujourd’hui, elle se concentre sur la valorisation de l’histoire, des sacrifices et des exploits de ces soldats qui ont combattu loin de chez eux
Active avec une centaine de membres partout en France, l’association organise des événements commémoratifs, des pèlerinages sur les lieux de combat, et des activités pédagogiques pour sensibiliser le public à cette partie de l’histoire. Riche en archives (récits, photos d’époque), elle communique également sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour partager des documents et photos inédits et toucher un large public.
Depuis 2021, l’association est présidée par Franck Roger. Elle est affiliée à l’Union Nationale des Combattants et au Souvenir Français, et entretient des liens avec l’association britannique Gallipoli & Dardanelles International. L’association collabore également avec des chercheurs et des généalogistes pour approfondir les connaissances historiques et familiales liées à ces combattants d’Orient. C’est l’une des dernières associations en France à commémorer les soldats de la Grande Guerre 14-18.
2 – L’année 2025 est le 110ème anniversaire de l’expédition des Dardanelles. Quelles seront vos initiatives ?
Sur notre page Facebook, nous postons de façon chronologique l’expédition des Dardanelles. Nous utilisons des documents et photos inédits proposés par nos adhérents ou des amis de l’association. Depuis le début de l’année, plus de 50 000 personnes ont consulté et réagi sur notre page.
Le 25 avril 2025, date anniversaire du débarquement des Dardanelles, nous serons présents au ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe à Paris.
Nous réalisons des kakémonos à des fins pédagogiques sur la campagne des Dardanelles.
En septembre 2025, nous serons aux Dardanelles. Des descendants Anglais, Australiens, Néo-Zélandais, Turcs et Français seront présents pour des commémorations communes.
3 – L’année 2025 est aussi celle du 110ème anniversaire du génocide arménien qui est lié « au Front d’Orient ». Que pouvez-vous nous en dire pour votre association ?
Pendant la période de 1915 à 1921, l’armée française a joué un rôle crucial dans le secours des Arméniens durant le conflit avec la Turquie.
Campagne de Cilicie (1918-1921) : Après la Première Guerre mondiale, l’armée française du Levant, en collaboration avec la Légion arménienne créée par l’armée française, a combattu les forces turques en Cilicie. La ville d’Aïntab (aujourd’hui Gaziantep) a été un lieu important de ces opérations, avec un siège qui s’est terminé par la reddition turque en février 1921.
Débarquement à Mersin (1919) : Les forces françaises ont débarqué à Mersin pour protéger les populations arméniennes et les autres minorités chrétiennes persécutées par les forces turques.
Protection des réfugiés : L’armée française a également établi des zones de protection pour les réfugiés arméniens, leur fournissant aide et sécurité pendant cette période tumultueuse.
Ces actions ont été essentielles pour la survie de nombreux Arméniens et ont marqué une période de coopération franco-arménienne dans un contexte de conflit intense, mais nous n’avons pas de récits ni de photos venant de nos adhérents.
Léon Hovnanian, ancien élu de la ville de Meudon, est Président depuis 2023 de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens.
1 – Pouvez-vous présenter votre association ?
Depuis sa fondation en 1917, L’ANACRA, l’Association Nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens, honore la mémoire des combattants et résistants arméniens ayant servi la France. Malgré leur statut d’apatrides, ces hommes et femmes ont sacrifié leur vie pour la liberté, un engagement que nous perpétuons à travers de nombreuses cérémonies mémorielles comme celle du 21 février, un hommage au groupe Manouchian au Panthéon, et celle du 24 avril, la commémoration du génocide arménien à l’Arc de Triomphe, avec une remontée solennelle des Champs-Élysées, le ravivage de la flamme et la présence de nombreuses personnalités. D’autres hommages sont organisés régulièrement à Margny-lès-Compiègne, au cimetière de Dourdan, au Père-Lachaise et dans plusieurs villes de banlieue.
2 – Quelles sont les actions menées par l’ANACRA afin de faire vivre la mémoire partagée franco-arménienne ?
Nous menons un combat pour la mémoire face au silence des médias, une mémoire ignorée par la presse et la télévision.
Malgré l’importance de nos cérémonies, nos commémorations ne sont que trop rarement relayées par les médias, que ce soit à la télévision ou dans la presse. Cette absence de visibilité est une véritable injustice pour ceux qui ont donné leur vie pour la France. L’histoire des résistants arméniens, et plus largement celle des étrangers morts pour la liberté, reste méconnue du grand public. Pourtant, si les jeunes d’aujourd’hui vivent en liberté, c’est grâce aux sacrifices de ces héros. Il est donc essentiel que leur mémoire soit mise en lumière, afin que personne n’oublie que la France s’est construite aussi grâce à ces combattants venus d’ailleurs. Nous devons interpeller les médias, demander une couverture plus large et travailler à une meilleure diffusion de notre message. Sans cela, le risque est grand que l’histoire de ces résistants disparaisse peu à peu des mémoires collectives.
3 – Le 21 février 2025, vous organisez un hommage aux héros de l’Affiche Rouge au Panthéon. 2025 sera aussi le 110ème anniversaire du génocide arménien. Comment envisagez-vous l’avenir de la mémoire des Anciens Combattants et Résistants Arméniens ?
L’avenir de l’ANACRA présente un défi majeur : assurer la pérennité de la mémoire franco-arménienne. L’ANACRA est aujourd’hui composée principalement de membres âgés de plus de 60 ans. La question de notre avenir est cruciale : comment garantir la continuité de notre mission lorsque nous ne serons plus là ? L’implication de la jeunesse est donc une priorité absolue. Nous devons absolument intégrer les jeunes générations dans nos actions, car sans eux, la mémoire s’effacera. Cela passe par une présence accrue dans les écoles, collèges et lycées, avec des interventions et des projets pédagogiques.
Cela passe également par l’organisation de visites de lieux de mémoire, afin de les sensibiliser à cette histoire. Pour pouvoir réaliser tout cela, nous développons un travail de fond avec les enseignants et les institutions éducatives pour inscrire ces combats dans les programmes scolaires. Nous devons également sensibiliser les jeunes par le biais des réseaux sociaux et du numérique, afin de toucher une nouvelle génération qui s’informe autrement.
Ainsi, sans un travail de transmission, notre engagement risque de disparaître. Nous devons exiger plus de visibilité médiatique, impliquer la jeunesse et structurer un avenir durable pour notre association. Si nous n’agissons pas maintenant, le sacrifice de nos héros pourrait être oublié. Nos actions prioritaires sont donc d’interpeller les médias pour qu’ils relaient nos cérémonies et fassent connaître l’histoire des résistants arméniens, de renforcer nos liens avec les établissements scolaires pour impliquer les jeunes, de créer un pôle jeunesse au sein de notre association afin de structurer la transmission de notre mémoire, et enfin de développer notre présence numérique, notamment sur les réseaux sociaux, pour toucher les nouvelles générations. L’avenir de L’ANACRA dépend de ces actions. Nous devons nous mobiliser pour que la mémoire de nos combattants ne soit jamais effacée.
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