Notre histoire

Le Souvenir Français est créé en 1887, alors que la République s’enracine et que la défaite de 1870 reste un souvenir dont « on ne parle jamais et dont on se souvient toujours ».

L’association va jouer un rôle essentiel dans le développement de l’esprit de défense et dans l’enracinement mémoriel de la guerre de 1870. Jusqu’en 1914, elle multiplie les créations de monuments et la participation aux cérémonies. Durant la Première Guerre mondiale, elle rend hommage à tous les combattants « Mort pour la France » (Savez-vous que 1) en apposant des cocardes tricolores sur leurs tombes. 

A la suite de cette guerre, Le Souvenir Français fait face à une situation nouvelle. Trois acteurs mémoriels s’imposent : l’Etat, les communes et les associations d’anciens combattants. Le Souvenir Français devient le partenaire efficace et permanent de ces trois nouveaux acteurs.

1887

Le temps du développement 1887 -1918

Le Souvenir Français est créé en 1887 par François-Xavier Niessen. Originaire d’Alsace, François-Xavier Niessen s’est installé à Neuilly-sur-Seine quelques années avant la guerre de 1870. Il y exerce la profession de précepteur. Il reste très lié à la communauté alsacienne lorraine qui se développe de manière très importante après 1871 à Paris. Il crée en 1873 la Société de prévoyance et de secours mutuelle des Alsaciens-Lorrains. Il en sera le secrétaire général jusqu’à son décès en 1919. Parallèlement, il élargit ses centres d’intérêt à la sauvegarde de la mémoire des combattants de 1870. A cette date, cette sauvegarde est assurée par deux structures,  l’Etat, qui par la loi du 4 avril 1873 a encadré la création d’ossuaires et de tombes, et une association catholique « l’Œuvre des tombes et des prières ». Créée par le père Joseph,  cette association construit des monuments et des stèles en Allemagne pour sauvegarder la mémoire des prisonniers de guerre français et en France, en particulier en Alsace Moselle et dans la région parisienne. Elle organise de nombreuses messes en hommage aux combattants.

Entre les gouvernements républicains et l’Œuvre, les relations vont se tendre dans un contexte de mésentente entre l’Eglise et la République.

 

 

En 1887, François-Xavier Niessen crée Le Souvenir Français avec le soutien du gouvernement républicain. Dès lors et jusqu’en en 1914, l’association connaît un formidable développement. En 1900, Le Souvenir Français regroupe 80 000 adhérents dans 854 comités cantonaux. La création de monuments, de stèles et de plaques se multiplie. En 1900 on estime à 2000 le nombre de lieux matérialisés par l’association.
C’est ainsi que Le Souvenir Français crée les premiers monuments en hommage aux « grognards » de l’Empire à Waterloo et en Russie et participe à la réalisation du monument consacré à Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine ainsi que des centaines de monuments en hommage aux combattants de 1870.

Le Souvenir Français s’impose également comme l’acteur principal, aux côtes des amicales régimentaires et des premières associations de vétérans de la vie commémorative. Les couronnes en perle du Souvenir Français ornent les monuments des combattants de 1870 dont l’association a encouragé l’érection en soutenant le vote de la loi de 1890 qui a confié aux communes la responsabilité de ces créations.

 

 

 

En 1906, les relations entre le gouvernement et Le Souvenir Français s’approfondissent. Le Souvenir Français est reconnu d’utilité publique. La même année, le général Picart, ministre de la guerre du gouvernement Clemenceau réunit à Paris, François-Xavier Niessen et Auguste Spinner afin de favoriser la création de comités du Souvenir Français en Alsace-Moselle. Avec l’accord des autorités allemandes, Le Souvenir Français « prend pied » dans les territoires annexés. Un homme, Jean-Pierre Jean, incarne cette politique qui va connaître son point d’orgue le 4 octobre 1908 lors de l’inauguration du monument de Noisseville et le 17 octobre 1909 lors de l’inauguration de celui de Wissembourg. L’intense activité « pro-française » que révèlent ces deux cérémonies inquiète les autorités allemandes confrontées au développement de « l’esprit de Revanche ». En janvier 1913, Le Souvenir Français est interdit en Alsace-Moselle quelques mois avant l’éclatement de la Première Guerre mondiale.

Pendant cinq années, Le Souvenir Français est dans l’impossibilité d’accéder aux tombes des combattants sur les champs de bataille. Les comités s’investissent dans l’organisation de cérémonies dans tous les cimetières communaux autour de la Toussaint et lancent la création d’associations relais tant pour aider les familles endeuillées, que pour fleurir les tombes des combattants morts dans les hôpitaux de l’arrière. C’est à l’occasion de l’une de ces cérémonies que Francis Simon demande au gouvernement le transfert d’un Soldat Inconnu au Panthéon.
La victoire de 1918 rend accessible les tombes des combattants. Les comités du Souvenir Français y apposent alors des cocardes tricolores qui permettent à ces tombes provisoires de s’inscrire pleinement dans l’histoire nationale.

1918

Au lendemain de la guerre, Le Souvenir Français est confronté au développement des activités de trois acteurs mémoriels.

L’Etat

En 1918, la question de l’inhumation des « Mort pour la France » s’impose de manière massive. 1 million 400 000 morts sont à gérer. Trois problèmes sont à régler : la recherche des corps, le choix des lieux d’inhumation et la définition d’une symbolique funéraire.

Une commission, placée sous la présidence du général de Castelnau est créée. Elle accorde la possibilité de restituer les corps des combattants aux familles tout en développant une communication active en faveur de la création de grandes nécropoles militaires nationales. Une homogénéisation de ces nécropoles est réalisée pour les stèles (la stèle cruciforme s’impose) et pour l’aménagement (entrée, allée, fleurissement).

Alors que 300 000 corps de combattants ne sont pas retrouvés, 700 000 combattants sont inhumés dans les nécropoles nationales, et 350 000 corps sont restitués aux familles. Pour mener à bien ces actions, l’Etat crée le ministère des pensions dans lequel est intégré le service national des sépultures. Un corps de fonctionnaires de gardiens de cimetières est créé.

Exclus de la gestion de ces nécropoles nationales, les comités du Souvenir Français se rapprochent des nombreuses municipalités qui créent des carrés militaires

Les communes

Les communes s’imposent comme des acteurs de mémoire essentiels au cours de la Grande Guerre. Dès l’année 1915, certaines municipalités prennent l’initiative d’ériger des monuments afin d’y inscrire la liste des « enfants de la commune » « Mort pour la France ». En 1918, ces créations se multiplient. En quelques années,  plus de 30 000 monuments sont érigés dans les communes de France. Le monument aux Morts devient le lieu d’expression de la vie civique et patriotique de chaque ville et village. Parallèlement, les municipalités favorisent l’apposition de plaques et l’organisation de cérémonies. Les associations d’anciens combattants et victimes de guerre sont leur principal partenaire.

Les associations d’anciens combattants et victimes de guerre

Si la guerre de 1870/1871 n’a donné naissance qu’à un faible réseau associatif, il n’en est pas de même au lendemain de la Grande Guerre. C’est par centaines que se créent des associations nationales qui regroupent les combattants par type de champs de bataille (Verdun, la Marne, la Champagne…), par types de blessures (de la face, des yeux, des poumons…), par types d’entreprises dans lesquelles se retrouvent les anciens (SNCF, électricité, audiovisuel…), par type de nationalités d’origine (arméniens, polonais, tchécoslovaques…), par types d’armées (gendarmerie, infanterie, cavalerie…)… Ce réseau est complété par quelques grandes associations qui tentent de regrouper l’ensemble de la génération de la guerre comme l’Union nationale des combattants (UNC), l’Union fédérale (UF) et l’association républicaine des anciens combattants (ARAC) ainsi que par des associations qui regroupent les veuves et les orphelins. Chacune de ces associations se démultiplie sur le terrain par des antennes communales, cantonales et départementales.

En 1939, on estime à 6 millions le nombre d’adhérents de ces associations. Un adhérent associatif en France sur deux est membre d’une association d’anciens combattants. Un électeur sur trois est un ancien combattant. Bien que la porosité entre Le Souvenir Français et ces associations soit forte, les comités du Souvenir Français perdent la maîtrise de l’organisation des cérémonies patriotiques, en particulier celle de la journée nationale du 11 novembre dont la création a été imposée par le monde combattant à l’Etat en 1922. Le Souvenir Français devient un partenaire du monde combattant.

Cette situation ne connaîtra que peu d’évolution après la Seconde Guerre mondiale et après les guerres d’Indochine et d’Algérie.

Toujours mobilisés, les adhérents du Souvenir Français prennent en charge les tombes des combattants des nouvelles générations dans les carrés militaires mixtes, en particulier celles des résistants et des combattants de la Bataille de France, participent à la création de nouveaux monuments, stèles et plaques et sont présents aux cérémonies organisées dans le cadre des nouvelles journées commémoratives nationales.
Le Souvenir Français connaît cependant de fortes évolutions internes au lendemain des décolonisations. Alors qu’il était implanté dans toutes les colonies françaises et en particulier dans les trois pays du Maghreb, Le Souvenir Français se replie en abandonnant sur place de nombreuses tombes de « Mort pour la France ».

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.