Le 16 août 1936, à la sortie Nord-Ouest du village de Bidestroff en Moselle, le long de la route menant à Vergaville, est inauguré devant plusieurs milliers de personnes le Monument du XVème Corps. Érigé en hommage aux soldats français – en grande majorité originaires de Provence et de Corse – morts pendant la campagne militaire de Lorraine d’août 1914, il se compose d’un obélisque de 12,50 mètres de haut surmonté d’un buste Saint-Michel. L’archange, patron du village mosellan, a les bras levés, et offre au ciel les âmes des défunts. Il est aujourd’hui dénudé de l’auréole qui le coiffait en ce jour d’été 1936.
La base évasée du monument est formée de diverses croix incrustées des noms des régiments composant le XVème Corps d’Armée qui a combattu contre le IIème Corps bavarois dans la région les 19 et 20 août 1914. Sur le socle, il est inscrit : « Au XVème Corps », « 19-20 août 1914 », « Au 1204 morts du cimetière militaire de Bidestroff 1914-1925 » et « Aux Lorrains victimes de la Guerre ». Sur la face arrière est apposée une plaque de bronze représentant le front de la IIème Armée française. Enfin, au-dessus de cette dernière, une épée brisée orne l’obélisque.


Le XVème Corps d’Armée est mobilisé le 2 août 1914 dans la quinzième région militaire. Le recrutement étant régional au début du XXème siècle, il est composé d’hommes venant des départements des Alpes-Maritimes, d’Ardèche, du Gard, du Vaucluse, du Var, des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence et de Corse. Il comprend les 29ème et 30ème Divisions d’Infanterie. La première est constituée des 111ème, 112ème, 3ème et 141ème Régiments d’Infanterie, d’un escadron du 6ème Régiment de Hussards, du 55ème Régiment d’Artillerie et d’une compagnie du 7ème Régiment du Génie. La seconde est composée des 40ème, 58ème, 173ème, 55ème et 61ème Régiments d’Infanterie, d’un escadron du 6ème Régiment de Hussards, du 19ème Régiment d’Artillerie et d’une compagnie du 7ème Régiment du Génie. Les 6ème, 23ème, 24ème et 27ème Bataillons de Chasseurs alpins leur sont rattachés.
Conformément au Plan XVII, planification du déploiement des forces armées développée avant la guerre, le corps rejoint la Lorraine et intègre la IIème Armée du général de Castelnau. L’objectif de l’État-major français est de reconquérir rapidement les territoires perdus en 1871 après le Traité de Francfort, les deux divisions provençales ont pour objectif d’attaquer en direction de Sarrebruck.



Le baptême du feu pour le Corps de Provence a lieu lors de l’attaque sur le village de Lagarde, le 10 août 1914. Cette attaque, lancée en désobéissance avec les ordres de l’État-major pour un objectif stratégique mineure, se solde par un très lourd bilan : deux mille quatre-vingt-six pertes. Un tribut d’autant plus dramatique qu’une contre-attaque allemande, dès le lendemain, repousse les troupes françaises hors du village. Moncourt est la première véritable cible du XVème Corps. Ce bourg domine la plaine et la route menant à Dieuze. Le 14 août, les 111ème et 112ème Régiments d’Infanterie ont pour mission de s’emparer du village mosellan, tandis que les 3ème et 141ème doivent progresser vers le bois du Haut de la Croix, au Sud-Est de Moncourt.
Le 112ème Régiment mène l’assaut en première ligne alors que le 111ème déborde les troupes allemandes par la gauche. Le village, solidement défendu, est finalement enlevé à la baïonnette. L’artillerie et les mitrailleuses infligent de lourdes pertes aux assaillants français, alors que l’infanterie allemande, positionnée dans des tranchées au niveau du bois du Haut de la Croix, opposent une résistance acharnée aux 3ème et 141ème régiments. La 29ème Division parvient malgré tout à conquérir le village au prix de nombreux hommes. Un soldat du 3ème R.I. témoigne dans son journal : « Nous nous rassemblons et quittons ce lieu de carnage. Dans la nuit on marchait sur les morts, on entendait les blessés qui criaient, d’autres nous suppliaient de les achever, d’autres de les faire boire, nous n’avions pas une goutte d’eau [1] ». On estime à environ deux mille cinq cents le nombre de tués et blessés pour la seule journée du 14 août. La prise de Moncourt permet à tout le Corps d’Armée de poursuivre son avancée en Lorraine.
[1] Maurice Mistre, Des Républicains diffamés pour l’exemple, 2004


Arrivé dans la région de Dieuze, le XVème Corps cantonne entre Gelucourt et Marimont, tandis que les bataillons de chasseurs alpins forment l’avant-garde, stationnée à Guéblange. Le 18 août, le 23ème B.C.A. entre dans Lindre-Basse en perspective de l’offensive sur Dieuze prévue pour le lendemain. Le 19 août, dès l’aube, les chasseurs se mettent en marche. Ils atteignent Dieuze sans rencontrer de résistance, la ville ayant été abandonnée par les Allemands. Les troupes provençales pénètrent dans la cité, acclamées par la population. Les chasseurs continuent ensuite leur avancée en direction de Vergaville.


La 29ème Division reçoit pour mission de soutenir l’offensive des chasseurs alpins en s’emparant du village de Bidestroff. Le secteur a été organisé par l’ennemi. L’artillerie lourde allemande est retranchée sur les hauteurs de Bourgaltroff, Bassing et Domnom, derrière un système de tranchées et de barbelés soigneusement établi. Des repères ont été installés sur le terrain – perches verticales, linges blancs, arbres taillés – afin de faciliter le réglage du tir de l’artillerie. Les obus déciment les rangs français alors que l’infanterie allemande, positionnée le long de l’axe Guébestroff – Vergaville – Bidestroff et retranchée dans les villages, ouvrent le feu sur les troupes provençales. Pendant ce temps, la 30ème Division s’engage dans la forêt de Bride et Kœking, elle aussi fortement défendue.


Les 141ème et 112ème Régiments d’Infanterie parviennent à s’emparer de Bidestroff, mais au prix de lourdes pertes. Dans le village mosellan, ils sont des cibles privilégiées pour les batteries de canons allemandes positionnées à Domnom. Le déluge de feu qui s’abat alors sur la 29ème Division l’empêche de continuer sa progression. Les 3ème et 111ème R.I. sont quant à eux cloués par les obus à la lisière Sud du village. Les chasseurs, qui ont pris Vergaville plus tôt, tentent de poursuivre leur avancée mais sont fauchés par la puissance et la précision de l’artillerie allemande.
La 30ème Division reçoit le feu de l’infanterie bavaroise abritée dans la forêt de Bride et Kœking. Les unités parvenant à atteindre le bois échouent à déboucher sur la lisière Nord de la forêt, puis Guébling et Bourgaltroff, d’où l’artillerie allemande bombarde les hommes de la division. Face à cette pression, les troupes françaises sont contraintes de se replier vers Kerprich. Cependant, plusieurs unités, dont le 61ème Régiment d’Infanterie, restent isolées dans le bois, immobilisées par les balles ennemies.


Devant la puissance écrasante de l’artillerie lourde allemande et l’impossibilité pour les troupes du XVème Corps d’Armée de progresser, l’attaque est reportée au lendemain. Durant la nuit, les unités françaises organisent leurs positions défensives avec l’appui du Génie, alors que l’ennemi harcèle par petits groupes ces dernières.
Le matin du 20 août 1914, la 29ème Division occupe donc le front entre Vergaville et la ferme de Wolfert, en passant par Bidestroff. Elle doit attaquer en direction de la ligne Bassing – Bédestroff, afin d’assurer la jonction avec la 30ème Division. Cette dernière, dont les éléments sont positionnés entre la ferme de Ladame, le bois de Monack et la forêt de Bride et Kœking, doit s’emparer du secteur de Guébling.


Mais, au petit matin, les forces bavaroises prennent l’initiative. Dans un épais brouillard, l’infanterie allemande devance l’offensive française et se lance à l’assaut des positions du XVème Corps. Dès le lever du jour, les casques à pointe déferlent depuis les hauteurs dominant Bidestroff avec le soutien de leur artillerie lourde qui reprend l’intensif bombardement des positions des troupes provençales.
La forêt de Bride et Kœking et le village lorrain sont balayés par un déluge de feu et d’acier. Les régiments vacillent, puis cèdent les uns après les autres dans une confusion totale. La panique s’installe. Dans le tumulte des combats, on rapporte même que deux bataillons du 173ème Régiment d’Infanterie, arrivés en renfort dans la forêt de Bride pour soutenir leur division, se seraient tirés dessus. La retraite, désorganisée et précipitée, s’avère extrêmement coûteuse en vies humaines. Les pantalons rouges des soldats français jonchent les bois, plaines et routes de Dieuze à Bidestroff. Nombre de fantassins, dans leur fuite, se jettent dans l’étang de Lindre et le canal des Salines chassés par l’infanterie allemande.
Devant ce désastre, le général Espinasse donne l’ordre officiel de se replier à 10 heures. Dieuze devient alors le centre névralgique des troupes en retraite où, dans le désordre et la panique, se bousculent fantassins, artilleurs, chasseurs, cavaliers, pièces d’artilleries, caissons de munitions, trains de ravitaillement, automobiles, chevaux et blessés. Les 23ème et 27ème Bataillons de Chasseurs alpins sont désignés afin de couvrir l’ensemble de la retraite du XVème Corps. Positionnés à Gelucourt, ils tiennent leur secteur jusqu’à 17 heures, avant d’être eux-mêmes contraints au repli. Ils permettent aux deux divisions de se regrouper et poursuivre leur retrait vers Moncourt, puis Nancy.


À la suite de cette déroute, l’ensemble de la IIème Armée du général de Castelnau se redéploye sur les positions du Grand Couronné, devant la capitale meurthoise. Le XVème Corps, quant à lui, se poste entre Deuxville et Lunéville.
Le bilan des journées des 19 et 20 août est absolument désastreux. On estime à environ trois mille deux cents le nombre de soldats tués, auxquels viennent s’ajouter des milliers de blessés et prisonniers. Dans son rapport officiel [2], le général Epinasse évalue les pertes globales à environ neuf mille huit cents. Depuis les combats de Lagarde le 10 août, sa première rencontre avec l’ennemi, le XVème Corps a ainsi perdu douze mille huit cent quarante-six soldats sur les terres lorraines.
[2] Maurice Mistre, Des Républicains diffamés pour l’exemple, 2004

Dans les jours qui ont suivi les combats, les habitants de Bidestroff, confrontés à l’horreur du champ de bataille, ont recueilli les cadavres qui jonchaient le sol de leur commune. En tout, ce sont mille deux cent quatre corps, majoritairement issus de la 29ème Division et des bataillons de chasseurs alpins, qui furent inhumés au bords des routes et des prés du village. Ces sépultures, dispersées, ont été rassemblées en 1925 au sein de la Nécropole nationale de Riche. Les corps de ces soldats de Provence y reposent encore aujourd’hui, aux côtés de nombreux camarades de l’Armée de Lorraine.
Le monument fait référence à ces tombes par l’inscription dédiée au « cimetière militaire de Bidestroff ». De plus, les croix qui forment la base de ce dernier rappellent les croix qui ornaient les sépultures de ces Provençaux.

Le monument de Bidestroff doit sa réalisation, avant tout, à l’entreprise d’un homme : l’abbé Paul Friang. Originaire de Lunéville en Meurthe-et-Moselle, il a servi pendant la Première Guerre mondiale en tant que dépanneur à l’Escadrille 281, au Premier Groupe d’Aviation. Il est nommé curé de Bidestroff en 1931. Profondément marqué par le récit que lui font les habitants de sa paroisse sur le déroulement des combats des 19 et 20 août 1914, il conçoit lui-même les plans d’un monument afin d’honorer la mémoire des soldats du XVème Corps.
Il s’emploie à rassembler les fonds nécessaires à son érection. Un comité est ainsi créé. Il comprend notamment le général Chrétien, Président du Souvenir Français. L’association joue un rôle important dans la concrétisation du projet. La réalisation du monument est confiée au sculpteur Valentin Jaeg, auteur déjà de nombreux édifices patriotiques dans la région.



Le 16 août 1936, l’inauguration du monument de Bidestroff se déroule « sous un véritable soleil de Provence [3] » devant une foule considérable. De nombreux vétérans de la bataille ont fait le déplacement depuis le Sud de la France. Pour l’occasion, le village de Bidestroff est fortement décoré : des fleurs ornent les fenêtres des maisons, des lumières sont disposées dans la ville, un arc de triomphe est constitué à l’entrée de la rue principale. De nombreuse personnalités politiques, civiles, religieuses, associatives et militaires participent à la cérémonie. Devant une haie d’honneur formée de drapeaux, la commémoration s’ouvre sur une prière chantée à la mémoire du XVème Corps d’Armée, suivie du Chant aux Morts.
Les discours officiels s’enchainent, empreints d’émotion et de sentiments patriotiques. Jean-Pierre Jean, Délégué Général du Souvenir Français en Moselle prend la parole : « Si pendant près d’un demi-siècle nous avons été la rançon de la France, nous n’oublierons jamais, nous Lorrains, que par le sacrifice de leur vie, ces vaillants soldats sont devenus à leur tour la rançon de nos deux chères provinces. Si cet imposant mémorial est, pour eux, le symbole de l’immortalité, il doit être pour nous, qui leur avons survécu, le symbole de l’espérance [4] ». Théodore Bourcy, Maire de Bidestroff, déclare quant à lui remettre officiellement le monument à la garde du Souvenir Français, garant de la transmission de sa mémoire.
D’autres allocutions suivent, prononcées par des représentants d’associations d’anciens combattants. La série de discours s’achève par une minute de silence conclue par une Marseillaise reprise en chœur. L’Association des Anciens Combattants du 3ème Régiment d’Infanterie clôt la cérémonie par un geste particulièrement symbolique. Son représentant dépose près du monument un petit coffret en bois d’olivier contenant une poignée de terre prélevée aux Antiques de Saint-Rémy-en-Provence, berceau de la civilisation provençale [5], qui sera dispersée dans les environs de Bidestroff, afin que « la terre de Lorraine et la terre de Provence [soient] mêlées, pour constituer la terre de France [6] ».
Lors de ces hommages, de nombreux orateurs ont insisté sur la portée mémorielle de ce monument destiné au XVème Corps. En effet, dans les jours qui ont suivi les combats d’août 1914, les troupes provençales ont été la cible d’une campagne de dénigrement injuste, accusées à tort d’avoir précipité la défaite de la IIème Armée. Cette campagne calomnieuse a durablement terni la réputation des soldats du Midi. Le monument de Bidestroff apparait ainsi comme « une œuvre de réhabilitation morale envers ceux qui furent victimes d’une abominable légende [7] ».
[3] Le Messin, 17 août 1936, p°1
[4] Le Messin, 17 août 1936, p°3
[5] Le Poilu Provençal, 1er novembre 1936, p°2
[6] Le Poilu Provençal, 1er novembre 1936, p°2
[7] Le Messin, 28 mai 1936, p°1



La « légende noire » du XVème Corps prend forme lorsque le 24 août le sénateur Auguste Gervais publie un article dans Le Matin dans lequel il tente d’expliquer les raisons du recul de l’armée française en Lorraine. Il y accuse explicitement les soldats provençaux d’avoir failli au combat : « Une division du XVe Corps, composée de contingents d’Antibes, de Toulon, de Marseille et d’Aix, a lâché pied devant l’ennemi. Les conséquences ont été celles que les communiqués ont fait connaitre. […] Tout le fruit d’une habile combinaison stratégique, longuement préparée, a été momentanément compromis. Malgré les efforts des autres corps d’armée qui participaient à l’opération, et dont la tenue a été irréprochable, la défaillance d’une partie du XVe Corps a entrainé la retraite sur toute la ligne. […] Surprises sans doute par les effets terrifiants de la bataille, les troupes de l’aimable Provence ont été prises d’un subit affolement. L’aveu public de leur impardonnable faiblesse s’ajoutera à la rigueur des châtiments militaires [8] ». Le sénateur de la Seine est un proche d’Adolphe Messimy, Ministre de la Guerre et un des grands défenseurs de la doctrine militaire française de « l’offensive à outrance », notamment utilisée en Lorraine.
Cet article provoque un important retentissement en Provence. Des élus du Sud demandent à s’entretenir avec le Ministre de la Guerre alors que des pères et mères de soldats défilent dans les rues du Midi afin d’exprimer leur mécontentement. Adolphe Messimy est remplacé par Alexandre Millerand dès le 26 août mais la rumeur s’est déjà propagée, renforcée par des préjugés préexistants sur les Provençaux. Dans les jours qui suivent, treize soldats originaires du Midi sont condamnés à mort et fusillés par l’armée française.
Pour une grande partie de la classe politique et militaire, l’échec en Lorraine ne peut s’expliquer que par des « facteurs endogènes : un manque d’entrain, de courage, d’encadrement, etc. [9] ». Il n’est pas question pour eux de remettre en cause la doctrine militaire de « l’offensive à outrance », inadaptée aux réalités d’une guerre moderne et industrielle.
[8] Le Matin, 24 août 1914, p°1
[9] Jean-Yves LE NAOUR, « La faute aux Midis : la légende de la lâcheté des Méridionaux au feu », Annales du Midi, n°112-232, Année 2000, p°513

Le monument de Bidestroff est ainsi à la fois un hommage au sacrifice des soldats du XVème Corps sur les terres de Lorraine, et un acte de réhabilitation pour les Provençaux injustement rendus responsables du désastre des 19 et 20 août 1914. Il incarne une mémoire réparatrice, entre souvenir et justice historique.
Le 17 octobre 2000, la commune de Bidestroff fait don du monument au Souvenir Français qui en devient propriétaire. L’association a entreprit la rénovation de l’édifice en 2019 et en assure toujours l’entretien.


Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Adresse : D22D, 57081 Bidestroff
Contacter Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français en Moselle
E-mail : 57@dgsf.fr
A Metz, une maison dédiée à la transmission de la mémoire !
Le Souvenir Français possède une implantation particulièrement importante dans la région Grand Est : 25 000 adhérents dont plus de 6 000 en Moselle. Cette force du Souvenir Français dans la région tient à son histoire : il est fondé par François-Xavier NIESSEN, un professeur alsacien exilé à Paris après la guerre de 1870-1871 et l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine. La région Grand Est fut en effet une zone particulièrement touchée par les trois derniers conflits majeurs.
En hommage à cette particularité et pour donner une vitrine à l’association, il fut décidé de fonder à Metz une Maison Régionale de la Mémoire. Celle-ci est destinée à devenir un lieu de rencontres mémorielles, pédagogiques, associatives et culturelles.
Sur proposition en décembre 2021 de Monsieur François GROSDIDIER, Maire de Metz et Président de l’Eurométropole Metz, les services immobiliers de la Ville ont proposé d’installer cette Maison dans le Presbytère (un bâtiment du XVIIème siècle, inoccupé à l’époque) de l’église Saint-Simon Saint-Jude située Place de France. Cet immeuble est composé de deux niveaux répartis sur 300 m².
Après signature d’un bail emphytéotique, et fort de l’obtention de subventions importantes du Conseil régional du Grand Est (150 000 €), du Conseil départemental de Moselle (150 000 €) et de la Mairie de Metz, Le Souvenir Français a lancé les travaux de rénovation de cet édifice patrimonial.

A l’aune des 80 ans de la Libération de la ville de Metz, le bâtiment rénové, en plein cœur du Fort Moselle, était inauguré le 22 novembre 2024. Le ministre délégué aux Armées et aux Anciens Combattants, Jean-Louis THIÉRIOT, a présidé cette inauguration avec le CGA (2s) Serge BARCELLINI, Président Général du Souvenir Français.







Les locaux serviront de lieu :
- de conférences sur les thèmes mémoriels et sur la citoyenneté
- d’expositions permanentes et temporaires se rapportant à la mémoire combattante au rez-de-chaussée
- de rencontres avec les établissements scolaires
- de rencontres et d’échanges avec les adhérents du Souvenir Français et des autres associations mémorielles




L’exposition permanente
L’exposition permanente de la Maison Régionale de la Mémoire permet de voir les particularités de l’implantation du Souvenir Français dans le Grand Est. Au-delà de panneaux présentant l’histoire et les activités du Souvenir Français dans son ensemble ainsi que son implantation dans le Grand Est, la pièce regroupe des objets et documents iconographiques. Produits d’un travail d’archives conséquent à l’échelle régionale, ces objets permettent de retracer l’histoire matérielle du Souvenir Français : le plâtre de la statue de la Lorraine du Monument de Noisseville (premier monument créé par Jean-Pierre JEAN en territoire annexé) ainsi que la maquette d’un bas-relief d’un monument aux Morts de la Marne montrent les missions de sauvegarde du patrimoine par l’association. Les cartes postales, les médailles de Jean-Pierre JEAN, ainsi que des coupures de presse montrent que l’association avait sa place dans la vie culturelle, mémorielle et associative de son temps.
Commissariat : Alexandrine Espinasse et Sylvie Tersen



Les expositions temporaires
Du 22 novembre 2024 au 1er juin 2025 :
Entre Ombre et Lumière – Les compagnons de la Libération du Grand Est par l’artiste Christian Guémy alias C215





Depuis sa création en 1887, Le Souvenir Français s’est donné pour mission la veille, l’entretien et la restauration des tombes de celles et ceux qui ont “bien servi la France”.
Le 17 juin 2016, une convention de partenariat a été signée entre ce dernier et l’Association des Familles de Compagnons de la Libération, qui encadre la préservation de ces sépultures (recensement, entretien et restauration des tombes déclarées en état d’abandon).
Originellement présentée au Musée de l’ordre de la Libération du 7 février au 8 mai 2022, l’exposition « Entre Ombre et Lumière » trouve aujourd’hui sa place sur les murs de la Maison Régionale de la Mémoire, une manière pour l’artiste d’inaugurer de nouveaux portraits, ceux de Compagnons de la Libération du Grand Est : 9 Compagnons représentant chacun un des 10 départements que comptent la région. Le département de l’Aube ne comptant pas de Compagnon natif, c’est Robert Galley qui le représente : il a grandement contribué à la vie politique du département, a été plusieurs fois ministre, et sa tombe, située au cimetière des Riceys (Aube), est entretenue par Le Souvenir Français. Aimablement prêtés par le Musée de l’ordre de la Libération, l’exposition comporte aussi des œuvres de l’artiste, réalisées sur des objets du quotidien des années de la guerre. En redonnant vie à ces objets du passé, l’artiste permet de ramener de l’ombre à la Lumière ces Compagnons.
Commissariat : Alexandrine Espinasse
Christian Guémy alias C215

Artiste portraitiste né en 1973, Christian Guémy, alias C215, travaille avec des pochoirs fabriqués par ses soins et des bombes aérosols. Il joue sur les contrastes de l’ombre et de la lumière pour donner cette acuité aux regards qui répondent à l’intensité des engagements de ces sujets.
Par son parcours, C215 est imprégné de la culture populaire, hip hop et classique. Auxquelles s’ajoute l’héritage familial d’une mère dessinant avec minutie les portraits. Cette conjonction l’a conduit au street art et à représenter des personnalités marquantes de l’Histoire.
Après avoir rendu hommage aux illustres du Panthéon, aux combattants de la Grande Guerre au musée de la Légion d’honneur, et aux compagnons de la Libération, l’artiste s’est tourné vers Le Souvenir Français, afin de contribuer à la mémoire de celles et ceux qui ont bien servi la France, tels que les compagnons de la Libération du Grand Est.
C’est bien sûr un contraste que de voir l’art urbain entrer dans ce lieu, un ancien presbytère devenu aujourd’hui un lieu patrimonial, mémoriel et associatif.
Redonner un visage à celles et ceux qui ne sont plus est une des marques de l’artiste pour atteindre le public et le questionner. Pourquoi et comment lutter contre l’inacceptable ? Que signifie vraiment la liberté ? Quelle place dans notre société pour ces exemples de vies héroïques ?

Informations pratiques
Maison Régionale de la Mémoire – Souvenir Français
Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10h à 18h.
Entrée libre et visites guidées gratuites.
Adresse : 6 place de France, 57000 Metz
Téléphone : 03 80 87 70 92
Adresses e-mail :
- Secrétariat : secretaire-mrmsf-grandest@dgsf.fr
- Médiation culturelle : mediation.mrmsf@souvenir-francais.fr
- Directeur : directeur-mrmsf-grandest@dgsf.fr
Contactez Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français de Moselle
Monsieur René Drouin
Téléphone : 06 80 72 23 59
Adresse mail : 57@dgsf.fr
On parle de la Maison Régionale de la Mémoire :
Lorraine. Maison régionale de la Mémoire en Grand Est : un lieu pour tous les passeurs (Le Républicain Lorrain, 17 novembre 2024)
La Maison régionale de la Mémoire du Souvenir Français inaugurée (Moselle TV, 25 novembre 2024)
Le Souvenir Français s’installe officiellement à Metz – L’Ami hebdo (27 novembre 2024)
Le monument de la Haute-Chevauchée, situé sur la commune de Lachalade dans la Meuse, a été inauguré le 31 juillet 1922. Il est érigé à l’initiative du Comité Commémoratif de l’Argonne, fondé en 1921 par la comtesse de Martimprey. Veuve de Jean de Martimprey, capitaine de la 8e Compagnie du 4e Régiment d’Infanterie disparu le 13 juillet 1915 à la Haute-Chevauchée, elle occupe la présidence de ce comité qui se donne pour mission d’honorer les soldats français et alliés morts lors des combats de l’Argonne pendant la Première Guerre mondiale.

La région argonnaise a joué un rôle stratégique majeur tout au long de la Première Guerre mondiale. Rempart naturel important, elle avait déjà été au cœur des Guerres révolutionnaires et du conflit franco-prussien de 1870-1871. Des forêts denses de chênes et d’hêtres parsemées de plusieurs collines et crêtes ne laissent qu’une poignée de passages, notamment aux abords de Lachalade.
En bordure de la vallée de l’Aire, cette terre donne un accès direct aux plaines de Champagne et à la région verdunoise, ainsi qu’à la ligne de chemin de fer de Sainte-Menehould qui relie Paris à Verdun. En raison de cette importance cruciale, les Allemands, repoussés dans la Marne par les Armées britannique et française, s’établissent sur la forêt de l’Argonne dès septembre 1914. La guerre s’enlise dans ce secteur où le front se maintient jusqu’en automne 1918. À partir de 1915, débute une guerre souterraine, appelée « guerre des mines », qui vise à détruire les positions ennemies par la détonation d’explosifs placés sous ces dernières. Ces techniques, menées par les régiments du génie, ont profondément marqué le territoire argonnais par la création de gigantesques cratères ou « entonnoirs ».




À l’été 1915, en réponse aux attaques françaises en Champagne, l’Armée allemande lance une importante offensive en Argonne. Le 13 juillet, à trois heures du matin, les troupes ennemies se lancent à l’assaut des tranchées françaises. C’est ce jour même que Jean de Martimprey, mari de la comtesse, disparait à la tête de sa compagnie alors que son unité, le 4e Régiment d’Infanterie, se retrouve en première ligne. L’état-major allemand cherche à s’emparer de Sainte-Menehould et de sa gare ferroviaire. Cette attaque parvient à briser la ligne française et ébranler les trois régiments qui la composent. La côte 285 tombe alors dans les mains de l’ennemi et six mille Poilus sont capturés.
Le 66e Bataillon de Chasseurs à pied, en cantonnement à Clermont-en-Argonne, reçoit l’ordre de mener la contre-offensive. Baïonnette au canon, les hommes s’élancent, dans un nuage de gaz lacrymogène, vers les positions allemandes. Sous le feu des mitrailleuses et des canons, les chasseurs, rejoints par des soldats rescapés des régiments français de première ligne, parviennent à atteindre les anciennes positions françaises. S’engagent alors de violents affrontements au corps à corps desquels le bataillon sort victorieux. Au prix de lourdes pertes, les soldats du 66e arrivent à reprendre la côte 285 et, ainsi, à préserver la IIIe Armée française en Argonne.


Les différents points stratégiques de l’Argonne tels que la Harazée, le Bois-Bolante, la côte 263, le Fille Morte, le Four de Paris, la Haute-Chevauchée, le ravin des Courtes Chausses, comme la côte 285, ont chacun fait l’objet d’âpres combats. Ils ont été occupés à tour de rôle par l’Armée allemande et les armées alliées durant le conflit. Pendant ces quatre années de guerre, deux cent soixante-quinze régiments français ont combattu dans la région argonnaise, cent cinquante mille de leurs soldats y ont perdu la vie.




À la fin de la Première Guerre mondiale, cette région revêt donc un important aspect mémoriel que symbolisent les actions de la comtesse de Martimprey et le Comité Commémoratif de l’Argonne.
Le 24 juillet 1920, lors d’une cérémonie sur la côte 285, la comtesse exprime pour la première fois son souhait d’ériger, à cet emplacement, un monument en hommage aux soldats morts mais également disparus en ces lieux. Elle décrit en ces mots son initiative : « Il faut que nos enfants se souviennent de l’héroïsme de leurs pères et viennent prier sur leurs tombes, qu’ils gardent présentes les souffrances particulièrement angoissantes de cette guerre d’usure, de sape et de mine dans les tranchées à quelques mètres des Allemands. Sans céder du terrain, nos Poilus ont tenu quatre ans, mais au prix de quels sacrifices. Honorons leur mémoire par l’érection d’un monument digne d’eux, destiné à servir de sépulture à tous les soldats disparus, ensevelis par milliers en terre d’Argonne dans une gloire anonyme sans laisser de traces. »[1]. Ces mots traduisent autant l’expérience de son deuil personnel que celui de milliers de familles privées de lieux de recueillement pour leurs proches dont les corps n’ont pu être retrouvés.
Cette proposition reçoit un important écho auprès de comités patriotiques, notamment à l’international, qui participent à l’appel à la souscription. Le 24 juillet 1921, la première pierre du futur monument est posée par le général Duport, commandant du 6e Corps d’Armée, qui a lui-même combattu en Argonne au sein de la IIIe Armée française.
[1] Le Figaro, 5 novembre 1920

L’inauguration du monument de la Haute-Chevauchée a lieu le 30 juillet 1922. L’édifice, œuvre de l’architecte Bolloré, ancien officier de l’Armée d’Argonne, et du sculpteur Edmond Henri Becker, se dresse sur la côte 285, un emplacement symbolisant la violence des combats dans la région. Ce lieu a été transformé par la guerre, son relief s’est abaissé d’une quinzaine de mètres à cause des sapes et des bombardements.
Au sommet du monument, on retrouve un obélisque de neuf mètres de haut sur lequel repose le buste d’un Poilu. Ses mains s’appuient fermement sur une épée dont la lame se prolonge en une croix chrétienne dans une symbolique religieuse et guerrière typique des monuments funéraires et commémoratifs de l’après-guerre. Au pied du monument, un autel a été aménagé afin de servir lors des cérémonies. Sous terre, un ossuaire abrite les restes d’environ dix mille soldats non identifiés, morts dans la région.
L’inauguration se déroule devant une foule de près de huit mille personnes, parmi lesquelles de nombreuses familles de soldats tombés en Argonne. Pour l’occasion, des services spéciaux d’autocars relient la gare des Islettes au site de la Haute-Chevauchée. Le paysage porte encore les marques visibles de la guerre, des « entonnoirs » profonds de plusieurs dizaines de mètres ainsi que des piquets et fils barbelés sont parsemés autour du lieu. Les délégations de comités italiens et américains ayant contribué à la souscription sont présentes. Le monument comporte plusieurs inscriptions. Sur la façade principale est gravé « Aux Morts de l’Argonne ». La face arrière contient les noms des deux cent soixante-quinze unités françaises ayant participé aux combats dans la région. Les lieux des principaux combats, tels que la côte 285, le ravin des Meurissons ou la Fille Morte sont également inscrits.




Sur le côté droit sont gravés les noms des unités italiennes ayant servi dans la région argonnaise au cours de la Première Guerre mondiale. Dès l’entrée en guerre, environ six mille volontaires italiens s’engagent dans l’Armée française au sein du 4e Régiment de marche du 1er Régiment de la Légion étrangère. Cette unité, créée à l’initiative de Giuseppe « Peppino » Garibaldi, petit-fils du « Père de la Patrie » italienne, prend rapidement le nom de « Légion garibaldienne ». Ses six frères, Riciotti, Menotti, Sante, Bruno, Constante et Ezio s’engagent dans ce régiment qui décide d’adopter la chemise rouge, symbole de l’unification de la péninsule italienne. Le régiment participe aux combats dans la région argonnaise. Lors de ces derniers, Bruno et Constante Garibaldi vont trouver la mort, respectivement le 26 décembre 1914 et le 5 janvier 1915. C’est également dans ce régiment que combat Lazare Ponticelli. Cependant, avec l’entrée en guerre de l’Italie contre l’Empire austro-hongrois en mai 1915, les volontaires du 4e Régiment de marche rejoignent les rangs de leur armée nationale et l’unité est dissoute.




Le 30 juillet 1922, lors de l’inauguration du monument, le général Marietti, représentant de l’ambassadeur d’Italie en France, rend hommage à ces combattants dans un poignant discours. Il évoque et réaffirme les liens sacrés qui unissent ces deux pays depuis les « journées de Libération de 1859 » : « La France et l’Italie ont une identité parfaite d’aspiration et de vues, leurs héros dorment dans des cimetières communs »[2]. L’engagement de ces volontaires en Argonne sous le drapeau français a amené les comités patriotiques italiens, attachés à leur mémoire, a contribué à l’érection de cet édifice.
[2] Le Peuple, journal du 6 août 1922

Les comités américains jouent également un rôle essentiel dans l’élan mémoriel autour des combats de l’Argonne. Sur le côté gauche de l’obélisque sont inscrits les noms des unités ayant participé, au sein des trente-deux divisions américaines, aux combats dans la forêt argonnaise. Après l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne le 6 avril 1917, les premiers contingents du Corps expéditionnaire américain débarquent en France à Saint-Nazaire le 26 juin. Après les victoires alliées dans l’Aisne, l’Armée américaine participe à l’offensive Meuse-Argonne dès septembre 1918. Durant cette dernière phase de la guerre, environ un million de soldats américains combattent aux côtés de la IVe Armée française. Certaines unités composées notamment d’Afro-Américains, passent même sous commandement français, comme c’est le cas des 371e et 372e Régiments intégrés à la 157e Division d’Infanterie, dite « Red Hand Division », du Général Goybet. Les pertes sont lourdes, jusqu’à la signature de l’Armistice, pas moins de vingt-six mille soldats venus de par-delà l’Atlantique trouvent la mort dans les combats en Argonne. À l’occasion de l’inauguration du monument, représentant l’ambassadeur des États-Unis, le colonel Thomas Bentley Mott qui était officier de liaison pendant le conflit, affirme toute sa sympathie à l’égard de la comtesse de Martimprey et de son action.



Invité d’honneur de la cérémonie, Raymond Poincaré, le Président du conseil et ancien Président de la République, prend la parole peu après midi. Originaire de Bar-le-Duc, à une soixantaine de kilomètres seulement du site de la Haute-Chevauchée, il porte un attachement particulier à la région argonnaise. Dans une allocution empreinte d’émotion, il décrit l’Argonne comme le lieu symbolisant l’affrontement séculaire entre la France et l’Allemagne, rappelant les combats décisifs de Valmy en 1792, où l’armée révolutionnaire du général Kellermann sortit vainqueur de la coalition germanique qui s’opposait à elle. Cette opposition, que l’on retrouve en 1814 puis en 1870, devenu presque héréditaire, a de nouveau trouvé son expression dans les combats de la Première Guerre mondiale « où l’Argonne a joué, une fois de plus, le rôle capital qui lui a été dévolu par les siècles ». En plus de sa dimension mémorielle, ce discours possède une importante portée politique au moment où la République de Weimar rencontre des difficultés à régler les dédommagements de guerre et où les retards des livraisons de charbon s’accentuent. Raymond Poincaré affirme ainsi que « l’Allemagne, responsable de la guerre, doit réparer le mal qu’elle a fait. De gré ou de force, elle le réparera »[3]. En faisant référence à l’article 231 du traité de Versailles qui attribue à l’Allemagne et ses alliés la culpabilité morale du conflit, le Président du Conseil ne laisse aucun doute à son audience quant à sa volonté d’obtenir de l’ancien ennemi ces réparations. Cependant les tensions ne font que s’intensifier, et dès janvier 1923, face à de nouveaux retards de livraisons de charbon et de bois, la France et la Belgique décident d’occuper la Rurh.
[3] Discours de Raymond Poincaré le 30 juillet 1922

Tous les ans, à partir de cette date, une cérémonie mémorielle et patriotique est organisée au mois de juillet sur le site de la Haute-Chevauchée. En 1933, il est ainsi inauguré une nouvelle inscription sur la face arrière du monument dédiée à la Première Brigade tchécoslovaque (« Československo 1 ČS Střelecká Brigáda ») qui a combattu en Argonne d’octobre à novembre 1918. Dès les premiers jours de la guerre, des volontaires tchécoslovaques s’engagent au sein de l’armée française, notamment dans le 2e Régiment de marche du 1er étranger. Surnommé « Compagnie de Nazdar », ils participent notamment aux affrontements en Champagne et en Artois. Cependant, en 1918, avec la reconnaissance officielle de la France du droit à l’indépendance des peuples tchèques et slovaques, une brigade tchécoslovaque est constituée au sein des forces militaires françaises. Elle est constituée des 21e, 22e et 23e Régiments tchécoslovaques, formés d’anciens soldats de la « Compagnie de Nazdar » mais également de prisonniers de guerre austro-hongrois originaires de Bohème et de Moravie provenant des camps de détention d’Italie, de Grèce et de Russie. D’autres sont des engagés volontaires issus de la diaspora tchécoslovaque notamment d’Amérique. Le 30 juin 1918, la Première Brigade prête serment devant le Président Raymond Poincaré, qui lui remet son drapeau et ses insignes. Avec ses neuf mille six cents hommes, elle rejoint l’Argonne dès octobre, au sein de la 53e Division d’Infanterie, et participe aux derniers combats de la guerre. Cette cérémonie du 30 juillet 1933 s’inscrit dans un contexte général de renforcement des relations entre la France et la Tchécoslovaquie. Elle est ainsi accompagnée de la restitution de la dépouille du premier soldat tchécoslovaque tué en France, le légionnaire Lumir Brezowsky. Mort en Champagne le 12 décembre 1914, il avait été inhumé à Louvois-sur-Marne.


Le Souvenir Français devient propriétaire du monument en 1935. Depuis cette date, l’Association veille sur le lieu mémoriel de la Haute-Chevauchée. En 2021, une nouvelle étape est franchie pour la préservation du monument avec la signature d’une convention de gestion et d’entretien entre Le Souvenir Français et le Comité Commémoratif de l’Argonne. Le 25 et 26 juin 2022 fut célébré le centenaire du monument. En présence d’autorités et dignitaires libanais, américains, allemands, italiens et français, un vibrant hommage a été rendu à toutes les victimes de la Première Guerre mondiale tombées en Argonne. Divers ex-voto ont été inaugurés, gravés des noms de soldats français, allemands, américains, italiens, tchèques et slovaques morts dans la région. Le 20 septembre 2023, le lieu de la Haute-Chevauchée est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de site mémoriel et funéraire de la Première Guerre mondiale sur proposition de l’actuel Président général du Souvenir Français.

Aujourd’hui encore, Le Souvenir Français s’adonne à la perpétuation et la transmission de la mémoire grâce à un important engagement auprès de l’Éducation nationale avec notamment l’organisation de visites pédagogiques.
Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Adresse : D38C, 55120 Lachalade
Contacter Le Souvenir Français
Délégation Générale de la Meuse
E-mail : 55@dgsf.fr
Pour en savoir plus
https://www.paysages-et-sites-de-memoire.fr
Le 17 juillet 1921, à la sortie du village de Prosnes, est inauguré le Monument aux Morts du 27ème Régiment d’Infanterie territoriale. Initiative de l’Amicale des Anciens du Régiment, il est composé d’un socle en pierre surmonté d’un obélisque. À l’origine, quatre obus, aujourd’hui disparus, étaient disposés à ses pieds. La stèle, d’une hauteur d’environ cinq mètres, est ornée de deux palmes (emblèmes de la Victoire) qui se croisent, et qui contiennent en leur centre un casque de poilu. Une Croix de Guerre est gravée en dessous de l’ensemble.
Ses différentes faces portent plusieurs inscriptions. Le côté gauche est gravé des champs de bataille de la Première Guerre mondiale d’ « Artois » et de « Champagne », tandis que « Verdun » et la « Somme » figurent sur sa face droite. La façade de l’ouvrage, quant à elle, mentionne les dates du conflit, « 1914 – 1918 », le lieu, « Prosnes », auxquels s’ajoutent le jour du « 31 janvier 1917, ainsi que l’inscription « AUX MORTS DU 27ème REGt D’INFie TERRITORIALE ».
Le monument, érigé sur une parcelle offerte par la famille prosnoise ROLLET-TRIBOUT après la guerre, se situe en bordure de la route reliant Prosnes à la D 931, également appelée, Voie de La Liberté, ancienne voie romaine devenue ligne de front pendant le conflit. Cet édifice rend alors hommage aux hommes du 27ème R.I.T., qui ont passé un an à défendre les ruines du village champenois, mais également aux soldats territoriaux tombés lors de l’attaque allemande du 31 janvier 1917, journée particulièrement meurtrière pour le régiment et gravée, au sortir du conflit dans les mémoires des vétérans de l’unité.



Les régiments d’infanterie territoriale sont constitués de soldats ayant effectué leur service actif et terminé leurs onze années au sein de la réserve de l’armée. Ces hommes, généralement âgés de 35 à 45 ans, sont considérés comme trop vieux et pas assez entrainés pour faire partie de l’armée active. Ces « territoriaux », parfois affectueusement surnommés « pépères », étaient destinés à des tâches secondaires de travaux, de ravitaillement, de corvées ou de surveillance. Mais, face à l’ampleur des pertes humaines et l’enlisement du conflit, ils vont de plus en plus être appelés à exercer le rôle de l’armée active, notamment en première ligne.



Le 27ème Régiment d’Infanterie territoriale est mobilisé dès le 4 août 1914. Stationné à Mamers dans la Sarthe, il débarque à Paris le 13 août et rejoint la 84ème Division d’Infanterie territoriale, aux côtés des 25ème, 26ème et 28ème R.I.T. Le régiment et sa division prennent le train pour Douai avant de se déployer dans la région de Valenciennes. Les premiers affrontements avec l’armée allemande sont terribles, la division doit reculer jusqu’à Arras dès le 27 août, avant d’entamer la « Grande Retraite » pour Rouen. Après le succès français dans la Marne, la 84ème territoriale est dirigée vers Amiens, puis sur les positions entre Bapaume et Arras. Elle participe alors à la « course à la mer », des tentatives échouées de manœuvres de débordements des lignes ennemies qui finissent par établir le front occidental des Vosges jusqu’à la Mer du Nord. Le régiment sarthois combat alors dans la région de Villers-au-Flos, puis de Monchy-au-Bois et Hébuterne. Sa division rejoint fin octobre 1914, la Xème Armée et le 33ème Corps du Général Pétain. Le 27ème territorial est mis à la disposition de la 45ème Division d’Infanterie. Aux côtés des Zouaves et Tirailleurs algériens, il occupe la ligne de front entre Écurie et Roclincourt. Le régiment participe alors à de nombreux travaux d’aménagement de tranchées et de mines, mais aussi de renforcement des positions défensives.





En juillet 1915, il rejoint le 17ème Corps d’Armée et est de retour à Arras, qu’il ne quittera qu’en février 1916. La ville est alors assiégée et lourdement bombardée par l’artillerie allemande. Les territoriaux fortifient les positions défensives françaises dans les rues de la cité artésiennes, ainsi que dans la Vallée de la Scarpe. Il participe, en septembre 1915, à l’offensive alliée en Artois. Le 27ème R.I.T. n’est pas directement engagé dans les combats, mais il assure le ravitaillement en vivres et en munitions des premières lignes.



Relevé par l’armée anglaise, il fait un court séjour en Lorraine en mars 1916, employé par la Direction des Étapes et Services, notamment dans le secteur de Benney où il effectue des travaux forestiers.

Dès avril, il rejoint, au sein de la IVème Armée, le front en Champagne et occupe à partir du 12 août, sous le commandement de la 34ème Division d’Infanterie, le secteur de Prosnes. Après la victoire française dans la Marne, les Allemands se sont retranchés dans les Monts de Champagne, tandis que les Français occupent, depuis, les ruines du village de Prosnes. Ce front, au milieu de l’année 1916, demeure pratiquement inchangé depuis septembre 1914. Sous le feu constant de l’artillerie ennemie, le 27ème Régiment d’Infanterie territoriale s’efforce de maintenir ses tranchées et ouvrages défensifs.





Le 31 janvier 1917, il est en première ligne, avec le 83ème Régiment d’Infanterie sur sa droite et le 88ème sur sa gauche, lorsqu’une vaste offensive allemande est déclenchée. Sur un front de 18 kilomètres, une importante attaque au gaz précède l’assaut de l’infanterie ennemie. Dès la mi-janvier, des signes annonciateurs d’une opération inhabituelle apparaissent. Des bruits métalliques, ainsi que des mouvements de véhicules et de trains se font entendre depuis les lignes allemandes. L’aviation ennemie redouble également d’activité : le 29 janvier, trois appareils survolent le secteur de la 34ème Division. Le Journal de Marche et Opération du 83ème note que « quelque chose d’anormal se passe de l’autre côté des lignes »[1].
Le dernier jour de janvier commence pourtant dans un calme relatif, avant qu’un important barrage de tirs d’artillerie et de mitrailleuses ne soit soudainement déclenché. Profitant d’un vent favorable, l’Armée allemande lance une attaque au gaz de grande ampleur qu’elle tente de couvrir par les détonations incessantes de ses munitions.
À 16h, l’alerte est donnée. Klaxons, sirènes et cloches résonnent, aux cris de « Alerte ! Voilà les gaz ! »[2], de Prunay à Aubérive. Une épaisse « bande blanc d’ivoire de 4 à 5 mètres de hauteur, barrant l’horizon et laissant apercevoir au-dessus d’elle les hauteurs de Nauroy et Moronvilliers »[3] déferle sur les lignes françaises. Le nuage toxique s’étend rapidement, atteignant même Mourmelon et Sept-Saulx.
[1] J.M.O. du 83ème Régiment d’Infanterie du 1er janvier 1917 au 25 avril 1918
[2] J.M.O. de la 67ème Brigade d’Infanterie du 1er janvier 1917 au 1er avril 1917
[3] J.M.O. du 83ème Régiment d’Infanterie du 1er janvier 1917 au 25 avril 1918


Cette première vague nocive est décrite par Pierre DUMAS, futur député et résistant, infirmier au 83ème Régiment d’Infanterie en 1917 alors qu’il n’a que 26 ans :
« Vous vous souvenez de janvier 1917 ?
Nous étions dans le secteur de Prosnes, Mourmelon, Bois Noir… lorsque, sur la neige immaculée, les volutes noires des gaz vinrent, en roulant, nous apporter la mort. Dans le Secteur, les sirènes, les klaxons, les clairons, les fusées, annoncèrent la venue de la Camarde. Avec la vague, la mort nous enveloppa ; elle pénétra nos abris ; elle imprégna nos vêtements et nos couvertures ; elle massacra autour de nous tout ce qui vivait, tout ce qui vivait, tout ce qui respirait. Les petits oiseaux tombèrent des branches, les lièvres affolés s’étendirent, foudroyés. Puis nous vîmes se diriger vers les postes de secours, nos camarades de combat.
Nous avions jusque-là tout vu : les bombardements de nuit, les mines et les grands entonnoirs de Perthes, les lacrymogènes, les noirs déchirements des minens[4] tombant par quatre, les blessures les plus hideuses… mais tout cela fut dépassé par ce brouillard porteur de mort qui, pendant des heures longues comme des siècles, voilà à nos yeux la lumière du jour, l’immaculée pureté de la neige. »[5]
À 17h, le 27ème territoriale subit une seconde vague d’attaque. Il est l’unité la plus durement touchée, ses premier et troisième bataillons, positionnés en premières lignes, essuient de lourdes pertes. Son deuxième bataillon, initialement en repos à Sept-Saulx, est rapidement mobilisé pour renforcer le front alors que se prépare une offensive de l’infanterie allemande. Malgré les assauts, le régiment sarthois maintient son secteur délimité par le réduit d’Auvergne à l’Ouest et la ferme Constantine à l’Est. L’ennemi profite de la confusion qui règne parmi les troupes ainsi que de l’intense bombardement qui s’abat sur le front du 17ème Corps d’Armée pour partir à l’assaut des positions françaises.
Déjà très éprouvés, les territoriaux, équipés de masques M2, défendent vaillamment le secteur de Prosnes. Vêtus de capotes blanches, les soldats allemands tentent de cisailler les barbelés surplombant les premières lignes champenoises mais sont dispersés par les compagnies de mitrailleuses. Aux quelques endroits où l’ennemi parvient à atteindre les lignes françaises, de violents corps à corps s’engagent. La deuxième ligne n’est toutefois atteinte uniquement dans le secteur tenu par le 88ème Régiment d’Infanterie où une vive contre-attaque permet de repousser l’envahisseur.
Affaibli, le 27ème reçoit le renfort de cent-trente cavaliers du 9ème Régiment de Chasseurs à cheval, commandés par le Capitaine DE BOISSIEUX, afin de l’aider à consolider sa position sous une température avoisinant les -25°C.
[4] Minenwerfer : pièce d’artillerie de tranchée allemande
[5] Le Périscope, 1er mars 1936, p°1




Les pertes sont extrêmement lourdes pour le régiment territorial. Rien que pour la seule journée du 31 janvier, on déplore 109 morts et 517 blessés ou intoxiqués. Ce bilan s’alourdit dans les jours suivants, atteignant environ 200 morts et 400 blessés.
Le Général LESTOQUOI commandant la 67ème Brigade d’Infanterie à laquelle est rattaché le 27ème explique ce nombre très élevé par plusieurs facteurs[6]. Tout d’abord, un vent faible Nord-Ouest qui a permis au gaz d’encercler le secteur de Prosnes tout en stagnant dans les tranchées et boyaux. Ensuite, des températures très basses qui ont provoqué de nombreux cas de bronchites et d’emphysèmes, notamment parmi les territoriaux. Ces conditions ne permettaient pas le port prolongé des masques. De plus, l’utilisation d’un gaz inodore a agi insidieusement sur les organismes des soldats. De nombreux officiers, pensant avoir affaire à un nuage fumigène, ont retiré leurs masques afin d’observer la ligne de front. Cela explique le grand nombre de pertes parmi les sous-officiers et, par conséquent, la réduction de la capacité d’encadrement des troupes dans un secteur étendu comme celui de Prosnes.
Enfin, la topographie du terrain a aggravé les effets de l’attaque. Le gaz s’est accumulé dans les crevasses, les renfoncements et les abris, persistant bien longtemps après le passage de la vague. Des cas d’intoxications ont été signalés plusieurs jours après.
[6] J.M.O. de la 67ème Brigade d’Infanterie du 1er janvier 1917 au 1er avril 1917

Décimé et épuisé, le 27ème R.I.T. est relevé par le 63ème Régiment d’Infanterie et se retire à l’arrière, dans les camps de la Sablière et Cochon, près de Louvercy. Pour son courage et son héroïsme, le régiment se voit décerner cinq citations à l’Ordre de l’Armée et neuf à l’Ordre du Corps.

Renforcé par un bataillon provenant du 276ème Régiment d’Infanterie territorial, il est de retour sur le front prosnois le 28 février. Il retrouve alors les bombardements incessants de l’artillerie allemande et les travaux défensifs. À la fin du mois de mars 1917, alors que se prépare l’offensive du Général NIVELLE, il est relevé et ses bataillons sont dispersés entre la 45ème et la 33ème Division d’Infanterie.
Pendant l’attaque sur les Monts de Champagne en avril 1917, menée en parallèle du Chemin des Dames, le 27ème R.I.T. assure un rôle de ravitaillement des troupes s’étant portées à l’assaut des positions allemandes. Sous un déluge de balles et d’obus, les territoriaux approvisionnent et renforcent les tranchées récemment conquises par l’Armée française sur le Massif de Moronvilliers et ses monts Cornillet, Téton, Sans Nom, Haut et Casque.





Le régiment quitte la Champagne à la fin du mois de juin 1917, lorsque le 17ème Corps est rattaché à la IIème Armée sur le front meusien. Il occupe dans un premier temps le flanc droit de « l’Armée de Verdun », dans le secteur d’Apremont, au cœur des plaines argileuses et boisées de la Woëvre. En novembre, il quitte ces petits postes isolés sur le saillant de Saint-Mihiel pour Verdun.


Positionné devant le fort de Douaumont, les compagnies du 27ème territorial occupent les positions du Ravin du Helly, des Chambrettes, de l’Hermitage et du Bois des Caurrières. Toujours assigné à un rôle d’appui aux premières lignes et à l’aménagement des défenses, les hommes subissent de nouveau la violence du déferlement des obus allemands sur les positions françaises. Les territoriaux du 27ème resteront dans la région verdunoise jusqu’à la dissolution de leur unité le 15 août 1918.





Le 27ème Régiment d’Infanterie territoriale a combattu sur de nombreux fronts au cours de ces quatre années de conflit. Il a payé un lourd tribut et versé beaucoup de sang, notamment devant Prosnes. Ce monument honore la mémoire de ce régiment et de ces hommes qui ont tant sacrifié sur le territoire de ce village champenois, mais également dans la Somme, l’Artois et à Verdun. Le Souvenir Français, aujourd’hui propriétaire du monument, veille à son entretien et à la transmission de sa mémoire. La rénovation du monument est prévue par l’Association dans les prochaines années.

Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Adresse : D237, 51447 Prosnes
Contacter Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français dans la Marne
E-mail : 51@dgsf.fr
La Nécropole nationale de Friscati, érigée sur le lieu-dit du Mouton-Noir dans la commune de Vitrimont (54), tire son origine de l’initiative singulière menée par une enseignante, Marie-Marguerite Wibrotte. En août 1914, alors que débute la Première Guerre mondiale, elle est en poste à Lunéville. Elle se trouve alors sur le nouveau front, établi en septembre 1914, lorsque l’armée allemande lance une vaste offensive contre Nancy. La 1ère et 2ème Armée française, déployées pour défendre la région, établissent leurs lignes sur le Grand Couronné, véritable rempart naturel devant Nancy, et sur la Mortagne. Ainsi, la région lunévilloise devient un lieu d’une importance stratégique capitale. D’autant plus que le lieu-dit du Mouton-Noir, également appelé Friscati, est situé entre la cité meurthoise et la colline de Léomont dont le sommet culminant à 337 mètres, convoité, changea de mains plusieurs fois au cours des combats.





Marie-Marguerite Wibrotte entreprend d’écumer les champs de bataille accompagnée par un groupe de jeunes volontaires. Ensemble, ils se donnent comme objectif d’offrir une sépulture digne aux soldats morts pendant les violents affrontements qui ont ravagé la région. Elle effectue alors un travail méthodique de recherche et d’identification des corps. Elle prend le soin d’orner ces tombes provisoires de croix, parfois réalisées à partir de simples branchages, surmontées du képi du défunt, et agrémentées de fleurs.


En 1916, elle achète le terrain du lieu-dit du Mouton-Noir. Elle y crée un cimetière militaire, déplaçant les dépouilles des environs inhumées sous de simples monticules de terre, vers ce terrain. Elle obtient même le concours d’un détachement de l’armée pour ce faire. Au fur et à mesure du conflit, les corps des soldats tombés pendant les combats de 1914 sont rejoints par ceux des hommes décédés dans les hôpitaux de Lunéville entre 1915 et 1918. À l’issue de la guerre, trois mille sept cent quarante-et-un soldats reposent ainsi en ce lieu, dont mille six cent quatre-vingt-trois corps, qui n’ont pu être identifiés, inhumés dans des ossuaires.


Portée par cet élan patriotique, elle décide de rejoindre Le Souvenir Français et son comité de Lunéville, reformé après la victoire de 1918. L’association était présente dans la région depuis 1898, grâce à l’initiative de Joseph Ricklin. Alors membre du conseil central du Souvenir Français, il devient délégué général de ce comité nouvellement constitué. À travers de nombreuses actions, l’association parvient à s’intégrer progressivement dans le paysage lunévillois. Dès novembre 1898, Le Souvenir Français organise une première cérémonie devant le cénotaphe de la Place du Centre de Lunéville, en hommage aux morts de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Au fil des années, des monuments sont inaugurés à Blamont ou encore Hudiviller. Ainsi, lorsque le comité se tourne vers la gestion du cimetière militaire de Friscati, il est déjà solidement implanté et très actif dans la région.
Au fur et à mesure, le terrain se développe et, par l’action du Souvenir Français, des édifices sont construits. Le 24 mai 1920, en ce lundi de Pentecôte, est ainsi bénie la chapelle du cimetière de Friscati. Décorée de magnifiques fresques par l’artiste lunévillois Burguin, cette chapelle devient un lieu mémoriel et de recueillement singulier. Le 11 septembre 1927, à l’occasion du treizième anniversaire de la libération de Lunéville par l’Armée française, est inauguré un monument dédié à la mémoire des soldats français de la Première Guerre mondiale.

Cet ouvrage composé de quatre arches abritant la statue d’un poilu est l’œuvre de la Maison Cuny-Manguin basée à Lunéville. Le Souvenir Français organise alors à cette occasion une impressionnante cérémonie, débutant au temple protestant et se poursuivant par une messe à l’église locale. Après un dépôt de gerbe sur le monument aux morts de Lunéville, un immense cortège composé des autorités officielles, de citoyens lunévillois et de diverses sociétés patriotiques, se dirige vers le cimetière militaire de Friscati. Devant ce monument, sur le lieu-dit du Mouton-Noir, on retrouve alors parmi les personnalités présentes le Général Balfourier qui commandait le 20ème Corps d’Armée pendant la guerre et le Général Pouydraguin qui fut blessé lors d’une offensive sur Vitrimont avec le 26ème Régiment d’Infanterie. On aperçoit également des soldats ayant combattu dans la régions lors des affrontements de septembre 1914 ainsi que les familles des défunts inhumés dans ce cimetière venues de toute la France. En effet, les effectifs engagés dans la défense de Nancy sont majoritairement originaires de Provence et du Languedoc, mais également du Dauphiné et de Savoie, ainsi que de la région parisienne et, bien entendu, de Lorraine. Un vibrant hommage est rendu à ces soldats ainsi qu’à Joseph Ricklin, l’initiateur du projet. Il avait récolté les fonds nécessaires à l’érection de l’édifice mais est malheureusement décédé peu avant son inauguration, emporté par la maladie.



Marie-Marguerite Wibrotte se trouve au cœur de cette cérémonie. Désormais surnommée la « maman des morts », elle incarne son action menée il y a treize années et qu’elle continue de conduire par la décoration florale du cimetière. Elle est pour cela décorée par le nouveau Président du comité de Lunéville, Paul Hellé, qui lui remet la médaille du Souvenir Français. Elle fait don de ce lieu à l’Association en mai 1931, avant de s’éteindre à Lunéville le 5 avril 1936. Son nom, symbole encore aujourd’hui de l’expression patriotique de la Grande Guerre, a été donné à l’allée adjacente au cimetière.

Il y repose à ce jour trois mille sept cent cinquante-et-un soldats français. Aux héros de 1914, se sont rajoutés les corps de dix soldats tombés en 1940. Encore aujourd’hui, Le Souvenir Français s’applique à l’entretien et la mise en valeur du cimetière, ainsi que des monuments et de la chapelle qui y sont érigés. En 2007, l’espace muséal Chaubert a ouvert ses portes aux publics. Nommé en l’honneur d’un soldat du 81ème Régiment d’Infanterie disparu lors des affrontements dans la région, ce lieu propose des expositions ainsi que la reconstitution immersive en sons et images de la vie du soldat français en 1914. Initiative du Souvenir Français, ce musée est un moyen formidable de transmission de savoirs historiques et d’héritages mémoriels.
Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Site accessible au public
Adresse : Chemin de Friscati, 54300 Vitrimont
Horaires : Ouvert de 14h à 18H, du Mercredi au Dimanche
Contacter Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français en Meurthe-et-Moselle
E-mail : 54@dgsf.fr
Érigé à l’initiative du Souvenir Français en août 1927 à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle, le Monument de la Rappe est une imposante croix blanche en béton, reposant sur un piédestal cimenté massif. Il rend hommage aux soldats et officiers des 38e et 86e Régiments d’Infanterie tombés lors des combats de Baccarat et des bois environnants, le 25 août 1914.


Lorsque la guerre est déclarée en 1914, le 86e Régiment d’Infanterie du Puy-en-Velay et le 38e Régiment d’Infanterie de Saint-Étienne, faisant tous deux partis de la 1ère Armée, au sein du 13e Corps et de la 25e Division d’Infanterie, se dirigent vers la frontière franco-allemande dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle. Dans les premiers jours du mois d’août, appuyée par la 2e Armée plus au Nord, la première tente une offensive sur le territoire ennemi, la 25e Division ayant pour objectif Sarrebourg. Si initialement les troupes françaises parviennent à gagner du terrain, le 86e Régiment d’Infanterie atteignant même Hermelange, une violente contre-offensive repousse le 8e Corps d’Armée, situé à sa gauche, sur plusieurs dizaines de km, découvrant ainsi le Régiment altiligérien sur son flanc. Le repli s’imposant, il est décidé d’établir un nouveau front sur la Meurthe. Le 86e se retire alors sur Baccarat le 22 août et dispose son bivouac à l’Ouest de la cité bachâmoise, dans le hameau du Badménil.

Le 25 au petit matin, après plusieurs jours de bombardements intenses de l’artillerie allemande, la troupe est informée par la cavalerie que l’ennemi a pris position dans la ville sur la rive droite de la Meurthe. De plus, un régiment allemand s’apprête à traverser le cours d’eau au Nord de leur position et à s’infiltrer dans le bois de Glonville. L’ordre est donné au 86e de reprendre Baccarat, tandis que le 38e devra défendre son flanc gauche au niveau du bois de la Rappe.


Baïonnette au canon, le régiment vellave s’engage dans la ville. Dès lors, les premiers échanges de tir éclatent rapidement. Décidés à déloger l’ennemi, les soldats s’engagent sur le pont en subissant le feu continu des mitrailleuses allemandes postées de l’autre côté de la rivière. Après plusieurs heures d’âpres combats et d’importantes pertes, le 86e est contraint de battre en retraite. Dans la débâcle et la confusion, les hommes, dispersés, fuient vers le bois où ils rejoignent le 38e, également très éprouvé, toujours aux prises avec l’ennemi. Ensemble, les deux régiments se replient sur Bazien et Sainte-Barbe, mais, poursuivis, choisissent de se redéployer entre Romont, Moyemont et Rambervilliers.



Le bilan est très lourd. Au recul de la ligne de front d’une cinquantaine de kilomètre en cinq jours, le 86e Régiment d’Infanterie déplore environ quatre cents morts et trois cents blessés pour la seule journée du 25 août. Le décompte est sensiblement similaire pour le régiment stéphanois. En conséquence, des cimetières et fosses communes sont établis dans le bois où ont eu lieu les combats. Les corps qui y reposaient furent restitués à leurs familles. C’est par la suite, sur le site du plus grand de ces cimetières, que Le Souvenir Français, soutenu généreusement par les municipalités du Puy-en-Velay et de Baccarat ainsi que de nombreux donateurs, a érigé ce monument en hommage au sacrifice de ces soldats.


L’inauguration de ce monument fut marquée par une cérémonie émouvante. Elle débuta par le dépôt d’une gerbe devant le Monument des Morts pour la Patrie de Baccarat, en présence des familles de soldats tombés lors de ces affrontements, ainsi que des anciens combattants des 38e et 86e Régiments d’Infanterie. La cérémonie se poursuivit à l’église, spécialement décorée pour l’occasion, où le curé de Baccarat dirigea une prière en mémoire des défunts du 25 août 1914. Le cortège se rendit ensuite au monument nouvellement édifié pour assister à sa bénédiction par le curé-doyen. Les différents discours officiels et les hommage des autorités présentes se sont conclus par l’interprétation de l’hymne « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie » de Victor Hugo chanté par la chorale paroissienne, accompagnée de tambours.


Bien qu’aujourd’hui le monument de la Rappe ne fasse plus l’objet de cérémonies commémoratives spécifiques, Le Souvenir Français reste toujours rigoureusement engagé à sa surveillance et son entretien. Il prévoit par ailleurs la restauration totale de l’édifice.
Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Site accessible au public
Adresse : CPRG+MG, 54120 Baccarat
Contactez Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français en Meurthe-et-Moselle
E-mail : 54@dgsf.fr
Le monument du Souvenir Français, disposé au bout de l’axe principal du cimetière de l’Est à Rennes, est érigé en 1901 au-devant du carré militaire créé en 1892. Cet espace a été créé à l’initiative de l’Union des Femmes de France (UFF) afin d’accueillir les corps des soldats de la garnison de Rennes. L’UFF obtient également de la ville le droit de construire un monument qui permettrait de délimiter la zone civile du cimetière de la zone militaire. Or l’association ne dispose pas des ressources financières et matérielles nécessaires à l’entretien de l’ensemble, ayant vocation à s’occuper des blessés et des malades. L’UFF propose alors au Souvenir Français de prendre en charge cette tâche. Le Souvenir Français n’ayant pas encore de comité dans le département, cet accord entraine, en avril 1894, la création de la délégation d’Ille-et-Vilaine dont Henri Huguet, conseiller municipal de Rennes et ancien officier de la Guerre de 1870, devient le premier président.
Capitaine en retraite, c’est sous son impulsion que le comité grandit et s’implante dans la région. Après plusieurs années de quêtes et sollicitations, il parvient à obtenir les fonds nécessaires à l’érection du monument que l’UFF avait obtenu le droit de réaliser. Le premier bloc de granit est posé le 16 mars 1901. Inauguré le 3 novembre en présence d’une immense foule, cette structure composée de quatre arches accueille un ossuaire où reposent les restes de soldats de la garnison de Rennes. À ces derniers s’ajoutent les ossements de militaires décédés lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

Agrémenté de la mention « la Patrie à ses Défenseurs », l’édifice devient rapidement une allégorie de la mémoire combattante, ainsi qu’un lieu de recueillement et de commémoration. Un rôle qui prend de l’ampleur avec la Première Guerre mondiale et les pertes importantes qu’elle entraine. François (dit Francis) Simon, alors Président du comité du Souvenir Français de Rennes, prononce le 26 novembre 1916 un discours d’une importance capitale.

Endeuillé par la mort de son fils ainé, le lieutenant Francis Henri Simon du 47ème Régiment d’Infanterie, il émet le premier l’idée d’un hommage national rendu aux soldats tombés pour la France au travers de la personnification d’un « combattant ignoré » dont la tombe ne serait gravée que des inscriptions suivantes : « un soldat et deux dates : 1914 – 1917 ». Ce vœu – même si son espoir de voir cette guerre se terminer l’année suivante ne se concrétisera pas – sera reprise en 1918 par le député eurélien Maurice Maunoury donnant ainsi « vie » au Soldat Inconnu reposant de nos jours sous l’Arc de Triomphe à Paris. Ce monument, avec le carré militaire qu’il précède, sont, encore aujourd’hui, propriétés du Souvenir Français.

L’Association est toujours engagée aujourd’hui dans l’entretien et la préservation de cet édifice ainsi que des 1 426 sépultures présentes sur la pelouse d’honneur, parmi lesquelles on recense 1145 croix latines, 160 stèles musulmanes et une pierre israélite. Il y repose des soldats français (dont une femme médaillée de la Résistance et lieutenante FFI) mais également belges, russes et autrichiens.


L’action du Souvenir Français se concentre aussi sur les sépultures familiales privées où reposent des combattants « Morts pour la France ». Ce lieu continue à être le théâtre d’importantes commémorations mettant en avant son rôle mémoriel encore aujourd’hui. Le 12 novembre 2021 a été inhumé dans ce cimetière Jean-Marie Le Rohellec, soldat au 9ème Bataillon colonial du Maroc, mort le 20 septembre 1914 et dont le corps avait été retrouvé quelques mois plus tôt lors de fouilles dans les Ardennes. Au cours d’une cérémonie poignante organisée par Le Souvenir Français, en présence de ses arrières-petits neveux et nièces, un dernier hommage a été rendu à ce héros tombé au champ d’honneur plus de cent ans auparavant.


Rédacteur : Sacha BENMAÏZA
Informations pratiques
Site accessible au public
Adresse : 1 Place du Souvenir Français, 35000 Rennes
Horaires : Ouvert de 8h30 à 17h45, du Lundi au Samedi
Contacter Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français en Ille-et-Vilaine
E-mail : 35@dgsf.fr
Le Monument français de Noisseville en Moselle

L’histoire de ce monument remonte à l’année 1906 lorsque Jean-Pierre JEAN (Président du Souvenir Français d’Alsace-Moselle) a l’idée d’ériger un monument commémoratif français de la Guerre de 1870-1871.
En 1887, Le Souvenir Français est créé avec le soutien « caché » du ministère de la Guerre, et plus largement du gouvernement républicain. Son objectif : républicaniser la mémoire combattante de la France. En deux décennies, Le Souvenir Français s’enracine sur tout le territoire national, dans l’Empire colonial et dans de nombreux autres pays, mais il est absent de deux grandes régions annexées par l’Allemagne : l’Alsace et la Lorraine.
En 1906, le gouvernement ayant réglé les contentieux religieux avec le vote de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905, décide de réveiller l’envie d’Alsace-Lorraine chez les Français des deux territoires dont on disait alors : « Pensez-y toujours, n’en parlez jamais ». Le Général Picquart, ministre de la Guerre du gouvernement de Georges Clémenceau, dont l’histoire retient surtout sa défense du capitaine Dreyfus, convoque au ministère de la rue Saint-Dominique les responsables du Souvenir Français : François-Xavier Niessen (le Secrétaire Général), Jean-Pierre Jean (le responsable mosellan) et Auguste Spinner (le responsable alsacien). Picquart demande aux trois hommes de créer l’association dans les territoires annexés.
Jean-Pierre Jean – ouvrier lithographe à Vallières-lès-Metz – créé en 1907 le premier comité dans sa commune, et y organise la première cérémonie d’hommage aux combattants français. Persuadé que la germanisation du territoire est achevée, après trente-cinq ans de transferts de populations, d’enseignement en allemand et de politique urbaine archéologique et culturelle exceptionnelle, le gouvernement allemand donne son accord pour la création du Souvenir Français, dont l’objet ne lui semble que « funéraire ».

Le monument de Noisseville est créé et inauguré le 8 octobre 1908 : un moment solennel, très bien documenté. L’engouement que suscite cette inauguration va encourager le gouvernement français à accélérer la politique dite de Revanche. Parallèlement, la cérémonie d’inauguration créée un malaise et des interrogations du côté des autorités allemandes, un malaise qui se lit dans les douze discours prononcés lors de la cérémonie. Il y a ceux qui restent persuadés que la germanisation est réalisée, ceux qui prônent l’autonomisation de l’Alsace-Lorraine, et ceux qui redoutent la Revanche.
Ce monument s’élève à trois mètres de hauteur. Il se compose d’un groupe principal en bronze : l’allégorie de la France casquée et accompagnée d’un soldat vêtu de l’uniforme de guerre de 1870. Le piédestal en granit rose des Vosges accueille une sculpture en bronze représentant une allégorie de la Lorraine sous les traits d’une femme. L’ensemble est réalisé par Emmanuel Hannaux, sculpteur messin. Le monument est classé au titre des Monuments Historiques par arrêté du 30 novembre 1987.


La sculpture de bronze de la « Lorraine » ainsi que la palme en bronze apposées sur le monument ont été volées dans la nuit du 19 au 20 août 2021.
Face à ce pillage, il a été décidé de reconstruire à l’identique les sculptures. La DRAC a donné son accord et sélectionné une artiste sculptrice, Madame Sabine Cherki.



La nouvelle statue ainsi que la première phase de travaux de réaménagement du site sont inaugurées le 7 octobre 2023.

Informations pratiques
Le Monument de Noisseville
Adresse : Lieu-dit l’Amitié – route de Boulay 57645 NOISSEVILLE
Téléphone : 06 31 61 13 91
Site accessible au public gratuitement
Contactez Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français pour La Moselle
Monsieur René DROUIN
Téléphone : 06 80 72 23 59
E-mail : 57@dgsf.fr
On parle du Monument de Noisseville





Article paru dans la revue Cibles de janvier 2024
Ressources pédagogiques
Vous êtes un établissement scolaire et souhaitez travailler avec vos élèves sur le monument de Noisseville ?
Découvrez le dossier pédagogique proposé par Le Souvenir Français !
Découvrez les ressources pédagogiques mises à disposition gratuitement par Le Souvenir Français sur la Guerre oubliée de 1870-1871 !
Le cimetière militaire de Laval-sur-Tourbe, un cimetière familial et privé dans la Marne
Le cimetière militaire de Laval-sur-Tourbe dans la Marne, regroupe les tombes de nombreux « Morts pour la France » dont les corps n’ont pas été regroupés dans une nécropole nationale.
Fin 1914, le village se retrouve à six kilomètres du front : les troupes françaises s’y succèdent pour se reposer entre les combats et l’église du village sert d’hôpital de l’arrière. Différents cimetières sont ainsi créés dans la zone, dont un qui deviendra la nécropole nationale de Minaucourt.
Lorsqu’en 1919 l’État autorise le transfert des corps vers leurs régions d’origine, dix-huit familles souhaitent que leurs morts restent inhumés là où ils sont, à savoir dans le nouveau cimetière de Laval-sur-Tourbe. Ils apprécient ce lieu paisible, alors que de très nombreux corps sont transférés vers les grandes nécropoles nationales alentour. En 1924, les familles acquièrent 24 ares du nouveau cimetière et le font aménager. Elles font le choix des emplacements et des monuments funéraires, chacun personnalisés.


En 1929, le cimetière de Laval-sur-Tourbe est donné au Souvenir Français. Une somme de huit mille francs est léguée à l’association afin d’assurer l’entretien des tombes.
Le Souvenir Français inaugure le nouveau cimetière, ainsi que son calvaire, le 8 mai 1933. Le site accueillera régulièrement d’autres tombes, pour en compter une quarantaine à ce jour.
La Délégation Générale de la Marne entretient le site et organise des commémorations.
Découvrir le cimetière avec GéoMémoire
En 2023, Le Souvenir Français a intégré les biographies des combattants inhumés dans ce cimetière à l’application mobile GéoMémoire. Téléchargeable gratuitement sur smartphone ou tablette, l’application propose la découverte de la mémoire combattante à travers des visites virtuelles et le patrimoine funéraire.



Informations pratiques
Cimetière militaire de Laval-sur-Tourbe
Adresse : 3 Rue du Cimetière Militaire 51 600 Laval-sur-Tourbe
Contactez Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français pour La Marne
Monsieur Pierre-Marie DELABORDE
Téléphone : 07 89 08 89 93
E-mail : 51@dgsf.fr
Le Monument dit « des Braves Gens » ou Mémorial des Chasseurs d’Afrique à Floing dans les Ardennes

C’est sur le plateau entre Floing et la Garenne que s’est élancée, le 1er septembre 1870, la charge de la Division de Cavalerie commandée par le Général Margueritte et qui fut le premier à être mortellement blessé. Les cavaliers, Chasseurs d’Afrique, Chasseurs à Cheval, Hussards, Lanciers et Cuirassiers furent tués par les feux adverses prussiens.


Inauguré en 1910 à l’endroit où se produit l’assaut, le Monument des « Braves Gens » de Floing est composé d’un mémorial et de stèles des 12 Régiments des Chasseurs d’Afrique, qui s’échelonnent à droite et à gauche du monument central. Le sculpteur Emile Guillaume y a gravé « à l’honneur de la cavalerie française ». Au pied du monument ont été regroupés sous une grande dalle en 1950, le corps du Lieutenant-Colonel de Liniers qui commandait le 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique et ceux d’environ 150 officiers et cavaliers tombés pendant les charges.



Depuis la création du monument, c’est l’Union Nationale des Anciens Chasseurs d’Afrique (UNACA) qui est garante de la pérennité du site. En 2023, devant le vieillissement et la baisse conséquente d’adhérents de l’association, Gérard Scotto, le Président de l’UNACA s’est tourné vers Le Souvenir Français (qui avait par ailleurs déjà participé à la rénovation du monument). Une convention de fusion a été signée et Le SF a fait l’acquisition du site. Sa rénovation complète va être entreprise dans les prochaines années.

Informations pratiques
Adresse : 3 Rue de la Gloriette Dite du Passage Laid 08 200 Floing
Site accessible librement et gratuitement
Contactez Le Souvenir Français
Délégation Générale du Souvenir Français pour Les Ardennes
Madame Joëlle BEAUMENIL
Téléphone : 03 24 27 46 12 / 06 35 92 60 94
E-mail : 08@dgsf.fr / pjbeaumenil@hotmail.fr