Il était une fois un monument

2 juillet 2024

Le monument aux sportifs « Morts pour la France »

Monument aux sportifs « Morts pour la France », Stade de France

Au niveau de la porte S du Stade de France, apparaît un impressionnant et imposant enchevêtrement de poutres d’acier posées sur un socle. On peut y lire cette inscription Aux sportifs morts pour la France, mais quelle est son histoire ?

La naissance

Dans la première édition parue en 2012 de mon ouvrage 14-18, le sport sort des tranchées, en préambule à la liste des 425 champions français tués pendant la Grande Guerre, j’écrivais : « Ne peut-on envisager que les noms de l’élite sportive tombée pour la défense du pays soient inscrits dans un lieu hautement symbolique ? » Il me paraissait évident qu’il manquait un lieu de mémoire national honorant les sportifs, en écho à celui des 560 écrivains « Morts pour la France », gravés dans le marbre du Panthéon.

Le cheminement

Après de nombreux courriers adressés à divers ministères, Alexandre Lafon, conseiller pour l’action pédagogique de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale, me répond et me met en contact avecJoseph Zimet alors directeur général de cette mission. Sur ses conseils, je crée l’association 14-18, Sport et Tranchées. Les nombreuses conférences que je donne dans toute la France me permettent de faire connaître ce projet. J’y trouve une totale adhésion très encourageante. Mon livre ayant reçu plusieurs prix, dont le prix du Document sportif 2012, je rencontre Valérie Fourneyron et à la suite du prix La Plume et l’Épée 2013, ce sont Jean-Yves Le Drian et Pierre de Villiers qui me reçoivent. Grâce à Serge Barcellini, c’est Kader Arif qui m’écoute. D’entrevues en échanges, l’idée fait son chemin, mais c’est un rendez-vous à l’Élysée avec les conseillers du président François Hollande qui va être décisif et permettre au projet de se concrétiser.

Les rubans de la mémoire

Le Stade de France est choisi comme lieu et la réalisation de l’œuvre est confiée à Jean-Pierre Rives. Surnommé Casque d’or, gloire du rugby français et ancien capitaine du XV de France, il s’est imposé après sa carrière sportive comme un sculpteur de renommée internationale et ses créations sont exposées dans le monde entier. Durant nos échanges, il me précise que : « Je ne suis qu’un « tordeur de rail » et les monuments déjà réalisés par d’autres atteignent un tel niveau d’élaboration qu’il faut apporter autre chose ». Il conçoit et offre Les rubans de la mémoire. Ces rubans traduisent à la fois le combat et la transmission. Le combat, car la sculpture qu’il pratique, en travaillant en torsion des poutrelles métalliques, est fondamentalement une lutte contre la matière. La transmission, car les courbes métalliques rouillées symbolisent le temps qui passe et sont dépositaires du passé.

L’épitaphe

Si beaucoup de personnes ont participé à la concrétisation du projet, j’ai été chargé d’en créer l’épitaphe. Ce monument était initialement prévu pour les champions tombés pendant la Grande Guerre, mais dans un souci d’équité, j’ai pris l’initiative d’y associer l’ensemble des sportifs tombés pour la France, quel que soit leur niveau de pratique, le lieu et la date du conflit. Aussi ai-je composé ce texte Aux sportifs morts pour la France, La patrie reconnaissante.

L’inauguration

La cérémonie d’inauguration s’est déroulée le 21 mai 2016, quelques heures avant la finale de la Coupe de France de football. En présence d’un important public et de nombreuses personnalités, le Président de la République François Hollande a dévoilé ce monument. Ce jour-là, la France a rendu hommage officiellement à tous ses sportifs tombés pour sa défense.

Son but

Aujourd’hui, le sport est un phénomène universel qui fédère autour de lui des millions de femmes et d’hommes représentatifs de tous les âges et de tous les milieux. Passer l’Histoire au travers de son prisme est un moyen pédagogique pertinent, car il permet un lien direct entre le passé et le présent et sollicite l’intérêt d’un large public. Parallèlement, Jean-Pierre Rives précise que : « Les rubans de la mémoire sont le centre de nos origines et le départ de toutes les espérances. Chaque individu a une expérience unique qui s’inscrit dans une communauté. L’histoire même de ces communautés est la mémoire d’une nation. »

Ainsi, le monument du Stade de France a pour but d’être un lieu de mémoire afin de ne jamais oublier. C’est sa raison d’être.

Michel MERCKEL

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