Dernier président général de l’Association Rhin et Danube et membre du Conseil d’Administration de l’association « Le Souvenir Français »
1. Parlez-nous de vous, de votre participation à la Seconde Guerre mondiale au sein de la Première Armée.
Je faisais partie d’un groupe de résistants. La libération de Paris terminée, j’ai intégré le premier bataillon de chasseurs. Nous devions être rattachés à la 2ème DB, mais les autorités américaines ne le souhaitaient pas. Finalement, le Général de Lattre nous a recrutés, à condition d’arriver en Alsace par nos propres moyens. La femme du directeur de Renault a mis des camions à notre disposition et on est parti pour Munster.
Au sein d’un groupe de reconnaissance, je faisais fonction d’agent de liaison. Nous avons participé à la bataille de Colmar et à la garde du Rhin avant de gagner l’Allemagne. Nous avons traversé le Rhin dans des USM2 et nous étions équipés d’une mitraillette Sten. Notre capitaine nous a obligés à retirer le chargeur quand on ne les utilisait pas car ces Stens partaient toutes seules !
Je me rappellerai toujours du premier prisonnier que j’ai fait après notre traversée. Je suis rentré dans une maison et j’ai ouvert un placard. Derrière un rideau, j’ai vu une paire de bottes. J’ai tiré sur les bottes et j’ai trouvé un soldat allemand.
Par la suite, nous sommes descendus vers Donaueschingen et Radolfzell où il y avait une école de SS. Notre régiment avait fortement progressé et après une journée très dure de combat nous nous sommes retrouvés à 70 kilomètres devant la première ligne.
Nous avons atteint Constance. Nous devions continuer en direction de l’Autriche, mais c’était le 7 mai, veille de la capitulation des armées allemandes.
Nous avions quitté Paris 800 pour l’Alsace, 400 sont revenus sans blessures. J’ai été décoré de la croix de guerre, un vrai honneur pour le soldat de 2ème classe que j’étais.
2. Pouvez-vous nous parler de l’association Rhin et Danube, ce qu’elle fut, son rôle, son activité ainsi que votre rôle comme président ?
L’association Rhin et Danube avait pour objectif de sauvegarder la mémoire de la Première Armée française et de son chef, le maréchal de Lattre. Dès que j’ai pris ma retraite, j’ai commencé à être actif dans l’association. J’ai d’abord été élu secrétaire général puis président. Une petite « révolution » car je succédais à de nombreux généraux, moi qui n’étais que sergent !
La rénovation de la nécropole de Sigolsheim est une de mes principales fiertés. Le maréchal de Lattre était à l’origine de la création de ce site funéraire où sont enterrés les combattants de la Première Armée morts pendant la guerre. J’ai poursuivi également les actions de l’association parmi lesquels l’hommage rendu au maréchal chaque janvier à Mouilleron-en-Pareds, l’organisation de séminaires et d’expositions ainsi que notre congrès annuel qui accueillit jusqu’à 3000 personnes. Nous avons également poursuivi la création de stèles et de monuments et l’apposition de plaques.
3. Comment s’est imposée la fusion entre Rhin et Danube et Le souvenir Français ? Quel bilan tirez-vous aujourd’hui de cette fusion ?
J’ai assuré la présidence de Rhin et Danube pendant neuf ans. Lors de cette présidence, nous avons commencé à imaginer le devenir des biens moraux et matériels de notre association, car nos adhérents étaient de moins en moins nombreux. Nous avons beaucoup discuté avec le Général de Percin alors président général du Souvenir Français de l’avenir de l’association Rhin et Danube et ce que nous ferions quand il ne resterait plus d’anciens de la Première Armée. Nous avons alors décidé de signer un protocole qui prévoyait qu’au moment de la dissolution de l’association Rhin et Danube, les biens moraux et matériels seraient légués au Souvenir Français.
Je suis très heureux de la mise en œuvre de cette convention. Grâce au Souvenir Français, la mémoire de Rhin et Danube est aujourd’hui sauvegardée. Quelques exemples : la cravate de Rhin et Danube est placée sur l’ensemble des drapeaux du Souvenir Français, un buste du Maréchal de Lattre réalisé par l’artiste Virgil vient d’être inauguré. Il sera placé dans la salle d’accueil du Souvenir Français. De nombreux drapeaux de Rhin et Danube sont déposés dans des établissements scolaires comme dans celui du Lycée Franco-Costaricien à Tres-Rios, du collège Jean Macé à Clichy (92), du collège Jean Moulin à Barbezieux-Saint-Hilaire (16), du collège Lou Castalles à Marguerittes (30) et du Lycée Français de Tokyo.
Cette fusion est essentielle. Elle permet de faire vivre la mémoire de Rhin et Danube.
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