Trois questions à Marie-Madeleine Damien

3 novembre 2022

Marie-Madeleine Damien, professeure émérite, gravit tous les échelons de l’Education Nationale : institutrice puis agrégée de Géographie, elle enseigne à Argenteuil puis à Paris au Lycée Montaigne. Sa thèse d’Etat soutenue, elle est Professeure d’Université à Lille et chargée de mission par l’OCDE.

Ses travaux axés sur les voies fluviales européennes l’incitent à s’interroger sur le volet historique, politique et patrimonial. A l’Université de Lille, si elle assure le cours sur les systèmes de transport dans le monde, elle dirige le Master « Aménagement touristique et valorisation patrimoniale des territoires » (1996 à 2015). Pour valoriser le patrimoine du Nord, elle porte, servie par ses étudiants, le dossier d’inscription à l’UNESCO des Beffroi s du Nord et du Pas-de -Calais. Puis, elle réalise le pré-inventaire des vestiges de la ligne Hindenburg le long du Front occidental de concert avec les collectivités territoriales et celui de la reconstruction dans le Nord. Elle propose alors, en 2009, aux ministres belges réunis à Mons, l’inscription à l’UNESCO des « Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre »

1 –  Vous assurez le Secrétariat général de l’association Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre. Pouvez-vous nous présenter cette association ?

Ce dossier est né de la rencontre entre Serge Barcellini, contrôleur général des Armées, directeur de la mission histoire du Conseil Général de la Meuse qui fit voter par le Conseil départemental de la Meuse un projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des champs de bataille de la Meuse et Madame Marie-Madeleine Damien, professeure à l’Université de Lille, qui lors d’une rencontre, alors qu’elle était en mission en Belgique pour l’Union européenne, avec les ministres belges des différentes régions leur proposa la création d’un projet franco-belge sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Cette idée les séduisit, notamment Charles Michel, car la Flandre avait déjà déposé en 2008 sa candidature sur la liste indicative pour le classement de la « Guerre de tranchées ».

Fondée le 12 juillet 2011, après deux ans de réflexion, l’association « Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre » fédère les départements français du front occidental de la Grande Guerre. L’association est régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 18 Août 1901. Elle couvre l’intégralité de la partie française du front ouest de la Grande Guerre.

 Son objet est de porter la candidature des « Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale. Front Ouest. »  sur la Liste du Patrimoine mondial.

C’est le début de la collaboration franco-belge. En effet, ce partenariat est rendu nécessaire par la position du ministère de la Culture déjà porteur, en France, d’un trop grand nombre de dossiers.

Dans le cadre de l’association « Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre », Madame Damien et Monsieur Barcellini choisissent l’échelle des départements qui se trouvaient sur le front.

L’association est aujourd’hui co-présidée par le Président du Conseil Départemental de la Meuse et par celui de l’Aisne. Les Gestionnaires de sites (DMPA, CWGC, VDK, ABMC et autres gestionnaires) sont étroitement associés, comme les DRAC et DREAL concernés.

Le ministère de la Culture et le ministère des Armées sont nos partenaires essentiels comme les collectivités territoriales quelles que soient leurs échelles.

2- Quel est le contenu du projet d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale ?

– Ce projet est caractérisé par son universalisme : ces sites au nombre de 96 en France sont une page de l’histoire universelle partagée par plus de 135 Etats,

– Ce dossier est historique – il n’y a plus aujourd’hui aucun survivant de ce conflit – et mémoriel,

– Réconciliation, coopération et solidarité en sont les mots clés au-delà des aspects architecturaux.

3- Quelle est la chronologie de l’avancée de ce dossier ? Quel espoir de réussite ?

Rappel des étapes :

– Dépôt du dossier en janvier 2018 ;

– Expertise des sites candidats par l’ICOMOS : en octobre /novembre 2018 ;

– Juillet 2019 : report de l’examen de la candidature des » Sites funéraires et mémoriels de la Grande Guerre » par le 43ème Comité du Patrimoine mondial réuni à Bahrein. Le dossier est à caractère mémoriel ; sa problématique doit être discutée, car jugée peu compatible avec la convention de l’UNESCO de 1972. La décision finale devait être prise en 2022.

Aujourd’hui où en sommes-nous ?

Grâce à notre réseau de relations avec les ressortissants des Etats ayant participé au conflit, notamment à l’appui des Africains et Indiens, conjugué à l’évolution de notre comité scientifique devenu transnational (tous les continents y siégeant), nous avons pu voir évoluer en notre faveur la position du 44ème Comité du Patrimoine Mondial réuni à Fuzhou en 2021. Le groupe de réflexion élargi missionné par ce dernier a en effet rédigé en juin 2022, une décision autorisant l’examen de ce type de dossier. Cette décision doit toutefois être entérinée par le 45ème Comité du Patrimoine mondial, réunion ajournée, ce dernier étant présidé par la Russie.

Il nous faut donc patienter. Cependant, nous savons désormais que nous parviendrons au but à condition d’en faire un dossier universel associant les Etats dont les ressortissants ont combattu à nos côtés, quel que soit leur camp. Leur souhait est de voir un mémorial (nouveau ou existant) sur lequel flotteraient tous les drapeaux des Etats qui ont participé à ce conflit afin que tous soient honorés et reconnus.

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