Marcel Lourel vit dans le Nord. Professeur des universités, commandant de réserve citoyenne à Lille, chevalier des Palmes académiques, médaillé de bronze des réservistes volontaires de défense et de sécurité intérieure, et de la médaille de l’Assemblée nationale, il enseigne actuellement à l’INSPÉ de l’Académie de Lille (ex-IUFM), se partageant entre recherche, enseignement, l’écriture et l’engagement citoyen. À ce titre, ses actions entrent de plain-pied dans la vie réelle.
1. Au lendemain du
discours du Président de la République du 15 août 2019, vous avez lancé une
pétition afin que le nom de combattants d’Afrique qui ont participé à la
libération de la France soient inscrits sur les plaques de rues – Pourquoi ?
Lorsque j’ai entendu l’allocution du
chef de l’Etat, il m’a semblé qu’une réelle opportunité de redonner vie à
l’Histoire commune se présentait. Autrement dit, j’ai fait ce qui me parut
juste, quitte à se lancer seul dans cette aventure, souhaitant que les milliers
de soldats africains, ultramarins et du Pacifique puissent enfin trouver le
mérite qui est le leur. La lettre ouverte que j’ai lancée en août 2019 a été
signée par 193 personnalités de tous horizons.
« Passant, ils sont tombés fraternellement unis pour que tu restes français. ».
L’épitaphe du Monument aux morts de Fréjus à la mémoire des combattants
d’Afrique noire de Léopold Sédar SENGHOR résonne.
Les mots du poète sénégalais matérialisent le rôle crucial des troupes
d’Afrique et de l’ensemble des Outre-mer (Tirailleurs Sénégalais, Algériens,
Indochinois, Goumiers et Tabors Marocains, Pieds-noirs, Marsouins du Pacifique
et dissidents des Antilles…) lors du débarquement de Provence, en Afrique du
Nord, en Italie et en Corse.
Ces quelques mots, en introduction de notre lettre ouverte, illustrent parfaitement
ma pensée ainsi que l’action qui en découle.
Ce que j’ai fait en lançant une lettre ouverte aux maires de France et des
Outre-mer, tout le monde peut le faire. Mon action a été réalisée au profit de
la Jeunesse afin qu’elle puisse se construire un avenir sur des bases
historiques apaisées et un dessein commun. Notre Histoire. Celle de la France.
Il appartient à chaque citoyen de s’emparer du récit national sans rien
attendre en retour. Or, j’en connais qui, par lâcheté ou par commodité, n’en
ont rien fait. Eh bien, je ne suis pas de ce bois-là ! L’abbé Pierre disait :
« Même si vous êtes seul et que personne ne vous suit, défendez toujours ce
qui vous paraît juste. »
2. Comment expliquez-vous cette nécessité de redonner une identité à ces combattants africains oubliés ?
Comme cela est indiqué dans notre lettre ouverte, ils débarquent en Provence sous le commandement du général de Lattre de Tassigny. C’est sans compter l’aide de la résistance locale. L’Armée « B » libère Toulon, Marseille et Fréjus fin août 1944, devançant le calendrier tactique de plusieurs semaines. L’Histoire montre, hélas, que la mémoire collective a trop longtemps oublié ces faits d’armes. Malheureusement, ce fut également le cas lors du premier conflit mondial. En 1914-1918, pas moins de 200 000 « Sénégalais » de l’Afrique-Occidentale française (A.O.F. : Mauritanie, Sénégal, Soudan français, Guinée, Côte d’Ivoire, Niger, Haute-Volta [devenue le Burkina Faso], le Dahomey [devenu le Bénin]) se battent sous l’étendard français, dont plus de 135 000 rien qu’en Europe. Environ 15 % d’entre eux, soit 30 000 soldats, y trouveront la mort sur un total de 1 397 800 soldats français morts durant ce seul conflit soit plus de 2 % des pertes totales de l’armée française. Il faut y ajouter tous les soldats venus d’Afrique du Nord, de l’Indochine et du reste de l’Outre-mer (Antilles, Guyane, Réunion, Madagascar, Indochine, établissements français de l’Inde, de Saint-Pierre et Miquelon…) qui combattirent dans les tranchées, aux Dardanelles et en Afrique. Beaucoup sont revenus blessés ou invalides.
En quelques mots, nous retraçons une part de l’Histoire nationale pourvu qu’elle ne soit pas oubliée.
3. Où en est concrètement votre action ? Quels résultats ?
Le Ministère des Armées et les maires ont signé une convention le mercredi 20 novembre 2019 afin que des rues, des places ou des écoles soient nommées en hommage aux soldats africains et des Outre-mer de l’Armée française qui ont participé à la Libération. Cent noms de combattants identifiés sont transmis aux élus afin de matérialiser le travail de mémoire. Aujourd’hui, nous constatons que plusieurs communes s’engagent activement dans le processus. Un exemple parmi d’autres, la commune d’Arleux (environ 3000 habitants), dans l’arrondissement de Douai dans le département du Nord, a nommé un square du nom d’un tirailleur vivant sur son territoire. Monsieur Abdel Abdelbaki. A contrario, je me suis entendu dire que ce récit national concernait, je cite : « le bas de la France… »
En conclusion, une question me taraude : « Pourquoi les Tirailleurs Africains et des Outre-mer sont-ils les grands oubliés de l’Histoire ? ». Il est difficile de répondre à cette question sans la mettre en perspective avec l’insondable volonté de certains qui consiste à passer sous-couvert le blanchiment des troupes. S’agissant d’une forme de racisme ordinaire qui, à mes yeux, n’a pas sa place en République. On ne peut s’y résoudre. Gageant que la Jeunesse française étoffera ce que nous avons démarré, avec d’autres, et fera de cette histoire, SON Histoire.
La religion durant la Grande Guerre et la chapelle du Souvenir Français Inauguration de l’exposition « Croire au front » Le Souvenir Français est heureux d’accueillir cette exposition conçue et réalisée par Monsieur Jean-Luc Messager. L’exposition propose une réflexion sur le rôle de la religion en 1914-1918, à travers des témoignages photographiques qui captent et traduisent le […]
Voir l'article >L’Hôtel des ventes de Montpellier propose la vente aux enchères, le 26 mars 2022, de quatre-vingts objets de la collection Jeanne TACHARD, dont le monument funéraire installé sur la sépulture d’André Louis TACHARD, située au cimetière du Montparnasse à Paris. André Louis TACHARD, architecte avant sa mobilisation en 1914, sergent pilote au 2e Groupe […]
Voir l'article >Le 27 août 1961, évoquant la guerre d’Algérie, le général de Gaulle confia à Hervé Alphand « il faut nous débarrasser de cette boite à chagrin où nous engloutissons pour rien nos énergies et qui nous attire toutes sortes de difficultés sur tous les plans. »
Voir l'article >La vandalisation des monuments dans les départements d’Outre-Mer se poursuit. Lorsque le monument de Joséphine de Beauharnais a été décapité, la majorité des Français sont restés silencieux. Elle était la première épouse de « l’horrible » Napoléon qui avait rétabli l’esclavage. Lorsque le monument de Schoelcher a été vandalisé, la majorité des Français sont restés silencieux. Qui […]
Voir l'article >Vous n’êtes pas abonnés à la revue nationale mais certains textes ou articles vous intéressent ? Tous les trimestres, nous vous indiquons le sommaire de la revue à paraître (Janvier, avril, juillet et octobre). Si vous souhaitez la recevoir occasionnellement sans vous abonner, après avoir repéré un article qui vous plaisait, vous pouvez la commander […]
Voir l'article >Mars 2023 Mardi 28 février 2023 : Nous avons organisé au siège du Souvenir Français une réunion de travail afin de réfléchir et de mettre en œuvre les actions nécessaires à la création d’une base de conservation de l’ADN des familles des militaires et des civils dont le corps n’a jamais été retrouvé pendant la guerre […]
Voir l'article >La mémoire à travers les livres Les livres de nos adhérents Jean-Claude Auriol, Le CHATEAU des SUPPLICES, les prisons des résistantes de 1914-1918, 2023 Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu rendre publiques les épreuves de celles qui n’ont pas eu le beau rôle dans cette tragédie que fut la Grande Guerre. Ce livre répare un […]
Voir l'article >