Sous les projecteurs

25 avril 2022

En mai 2022, Le Souvenir Français met en lumière les relations et la mémoire franco-allemande.

 1 – Une exposition

Le Souvenir Français est heureux d’accueillir une exposition conçue et réalisée par le VDK (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge), le service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes

L’exposition revient sur la création du VDK, le contexte politique, historique et mémoriel dans lequel l’association a développé ses actions, dans l’Allemagne de l’après Première Guerre mondiale à nos jours.

L’exposition sera inaugurée le 11 mai 2022, en présence notamment de Son Excellence Monsieur Hans-Dieter Lucas, Ambassadeur d’Allemagne à Paris, de Monsieur Dirk Backen, secrétaire général du VDK.

Il sera possible de venir visiter l’exposition du lundi au vendredi de 9h30 à 16h30 – 20 rue Eugène Flachat 75017, du 12 au 30 mai 2022.

2 – Une cérémonie en hommage aux démineurs français et allemands

Mémorial National du Ballon d’Alsace

Le lundi 9 mai 2022, journée de l’Europe, Le Souvenir Français rendra un hommage particulier aux démineurs français et allemands au Mémorial National du Ballon d’Alsace dans le territoire de Belfort.

Les mines, qu’elles soient terrestres ou maritimes, anti-char ou anti-personnelles, offensives ou défensives, ont toujours terrifié par leur caractère indiscriminé et meurtrier. Létales longtemps après l’arrêt des hostilités, elles marquent le paysage par leur présence omineuse, telles des cicatrices, mémoires d’une souffrance nationale. Une terre non déminée restera hostile à la recolonisation humaine, et à l’apaisement des esprits locaux.

Des mines, la France en a reçu plusieurs générations : des mines françaises avaient entouré la Ligne Maginot ; des mines allemandes avaient été posées lors la construction des Murs de l’Atlantique et de la Méditerranée ; puis les armées du Reich s’en étaient servi pour protéger leur retraite et les positions qu’elles gardaient comme les poches de l’Atlantique. C’est pourquoi, en 1945, les spécialistes français firent une estimation haute du nombre d’engins à neutraliser, atteignant les 50 millions d’engins et d’obus non éclatés. Les experts prévoyaient une dizaine d’années pour en venir à bout.

Au sortir de la guerre, le déminage des champs, des collines et des plages devient un enjeu, non seulement économique et sécuritaire, mais aussi d’identité et de fierté nationale. Les Alliés avaient commencé dès le débarquement à désamorcer les mines sous-marines et terrestres, mais, priorité étant mise sur la victoire contre l’Allemagne, la question du danger pour les populations civiles des régions libérées ne les concernait pas. Ils avaient ainsi privilégié le littoral et les principaux axes de communication pour faciliter l’acheminement des troupes et du matériel. Au cours de l’été 1944, principalement en Normandie, la première organisation du déminage national se fit autour d’une collaboration entre le Génie rural relevant du ministère de l’Agriculture, des unités du Génie militaire de l’armée de la France Libre et des individus pressés de remettre en culture leurs champs. Manquant d’expérience, les autorités françaises s’adressèrent aux démineurs britanniques. Ceux-ci formèrent les premiers démineurs français dans un centre d’apprentissage ouvert à Bayeux à l’été 1944. En janvier 1945, le relais était pris et une école française commença à fonctionner à Houlgate, où enseignaient les spécialistes français formés à Bayeux. Alors que la guerre se prolongeait, la Normandie n’était pas la seule région infestée de mines. Le Gouvernement provisoire devait se préoccuper d’organiser le déminage sur tout le territoire, dans les zones des combats comme partout ailleurs.

Face à cette tâche, mêlant autant les initiatives civiles et militaires, le Gouvernement provisoire choisira de placer la responsabilité du déminage du territoire au nouvellement formé ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, en février 1945, sous l’égide de Raymond Aubrac. Cette tâche, aidée par la saisie de plans d’état-major, comprenant la disposition et localisation des champs de mines, et leur composition, nécessiterait tout de même une main-d’œuvre qui accepterait un travail au cours duquel les accidents mortels étaient fréquents.

Pour l’encadrement des équipes et le désamorçage proprement dit, le ministère et la direction du déminage, recruta des volontaires, souvent jeunes et sans travail, attirés par des salaires élevés, alors que pénuries et restrictions étaient encore le lot quotidien de la population. Un peu plus de trois mille démineurs français furent engagés jusqu’au début de 1946. Cela s’avéra insuffisant. Malgré l’article 31 de la Convention de Genève (1929) interdisant l’emploi des prisonniers de guerre à des tâches dangereuses, la direction du déminage obtient des Alliés l’autorisation de prélever un contingent auxiliaire de plusieurs milliers de prisonniers de guerre allemands sur les 500 000 affectés à la France pour des travaux d’intérêt public dans le cadre de la Reconstruction d’après-guerre.

Les accidents furent nombreux. Il y eût au moins 1 800 morts parmi les Allemands et 500 du côté français. Le nombre de blessés est difficile à évaluer, alors que les séquelles des blessures étaient très invalidantes (membres arrachés). On ne dispose pas plus de chiffres pour les victimes parmi la population. Néanmoins, à la fin de 1947, les travaux de déminage étaient considérés comme achevés. La surestimation par le gouvernement du nombre de mines à enlever fut sans doute l’une des raisons d’un succès aussi rapide qu’imprévu, car des moyens importants furent accordés à cette administration et son action fut efficacement relayée auprès des populations par des campagnes de presse, d’affiches et des émissions radiophoniques. Bien que toutes les mines n’aient pas été neutralisées et que l’on déplore encore aujourd’hui des accidents, ce succès a fait du déminage une spécialité française. Depuis 1945, les démineurs français sont présents sur les grands chantiers contemporains, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie ainsi que dans l’ex-Yougoslavie.

En mémoire des démineurs français et étrangers, des monuments commémoratifs ont été construits en France, dans des lieux chargés d’histoire et souvent lourdement minés. Inauguré le 7 juillet 1952, le Monument National aux Démineurs du Ballon d’Alsace, aussi nommé « L’homme projeté », est composé d’une sculpture en béton représentant un homme nu projeté dans les airs, entouré par 4 pointes, rappelant le détonateur de certaines mines anti-personnel allemandes. Ce monument rappelle le sacrifice des hommes, tués ou estropiés lors des travaux de déminage d’après-guerre. L’artiste, inspiré, a étonnement rendu la soudaineté de l’explosion et sa violence, la nudité de la victime symbolisant son impuissance devant la brutalité du fait. Une exposition permanente peut être visitée au sein de la Maison du Tourisme sur l’histoire du service du déminage depuis le début du XXème siècle jusqu’à nos jours. Malgré leur implication, ce monument ne porte aucune référence aux soldats allemands morts durant les opérations de déminage. Sur proposition du Souvenir Français et en accord avec l’Association des Démineurs de France, il a été proposé que soit apposée sur le monument une plaque dont le libellé pourrait être le suivant : « En mémoire des prisonniers de guerre des armées allemandes morts en opération aux côtés des démineurs français entre 1945 et 1947 ». Ce dossier a été présenté au Conseil des ministres franco-allemand du 31 mai 2021 à la suite duquel a été annoncé la mise en place d’une « Etude franco-allemande sur les Allemands tués après la Seconde Guerre mondiale lors du déminage des sites alsaciens ».

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