Le conseil d’administration du Souvenir Français, au nom de ses 190 000 adhérents, de ses 1750 comités locaux et de ces 69 délégations à l’étranger, a souhaité pour la première fois s’adresser à chaque candidat aux élections présidentielles.
A cette fin, il leur a adressé ses sept engagements et a sollicité les réponses de chaque candidat quant à l’aide qu’il envisagerait de nous apporter afin de les réaliser.
Le Souvenir Français » s’engage au quotidien
1. Les Français doivent être fier de leur histoire nationale.
Nous savons que les jeunes d’aujourd’hui doivent comprendre ce qu’est le monde dans lequel ils vivent, mais nous savons aussi que dans ce monde ils ne trouveront leur place que s’ils s’enracinent dans la nation. Le Souvenir Français qui fait sien la définition proposée par Ernest Renan en 1882, fait le choix d’une mémoire qui favorise le rassemblement des français et leur donne une fierté partagée.
Être fier de son histoire, c’est être fier des pages glorieuses et des héros qui les ont faites, de Vercingétorix à Robespierre, de Clovis à Jeanne d’Arc, de Clémenceau à de Gaulle, de Guy Moquet à Jean Moulin, de Foch à de Lattre. Être fier de son histoire, c’est aussi avoir la capacité de reconnaître les pages sombres de notre histoire sans que jamais ces pages ne détruisent ce qui fait la force de notre récit national.
Afin de relever ce défi, Le Souvenir Français souhaite que les programmes d’histoire soient repensés et que l’accompagnement mémoriel de cet enseignement (voyages-mémoriels, expositions, rencontres intergénérationnelles) soit développé. Tout enfant scolarisé devrait avoir participé à au moins une cérémonie patriotique et à une visite mémorielle durant sa scolarité.
2. Aucune tombe de combattants Morts pour la France ne doit disparaître.
Près d’1 million 500 000 combattants Morts pour la France ont été inhumés dans des tombes individuelles – 1 million pour la Première Guerre mondiale, 400 000 pour la Seconde Guerre mondiale, 40 000 pour les guerres d’Indochine et d’Algérie, 600 pour les combattants des opérations extérieures.
Ces tombes sont regroupées dans trois types de cimetières : des nécropoles nationales gérées par l’État (pour environ 850 000 combattants), des carrés communaux regroupant des Morts pour la France non restitués aux familles gérés par Le Souvenir Français ou les communes (pour environ 200 000 combattants) enfin des tombes familiales pour 350 000 combattants (dont la totalité des Morts pour la France pendant la guerre d’Algérie).
Ces tombes n’ont aujourd’hui ni le même entretien, ni le même destin. Les nécropoles nationales sont bien entretenues, les carrés communaux sont quelques fois dans un état peu acceptable, les tombes familiales sont pour certaines à l’abandon – et pour un grand nombre déjà ont disparu.
Dès lors, Le Souvenir Français propose trois idées simples :
3. Tous les sites mémoriels de la France combattante matérialisés doivent être sauvegardés.
La France est le pays qui possède le plus riche patrimoine mémoriel combattant. On peut estimer à 1 million le nombre de mémoriaux, monuments, stèles et plaques érigés sur notre territoire au lendemain des guerres de 1870 à nos jours.
Ce patrimoine est aujourd’hui en danger. Des plaques disparaissent au moment du ravalement des immeubles ou de la fermeture de services publics (gares, postes, …). Des stèles sont détruites après avoir été abandonnées dans des sites forestiers ou ruraux, des monuments sont à l’abandon en raison de la disparition des associations ou des familles qui les ont créées. Le Souvenir Français souhaite que l’ensemble de ce patrimoine soit sauvegardé. À cette fin, il demande que le législateur rende obligatoire le maintien des plaques sur les façades où elles ont été installées et organise la prise en charge des propriétés des monuments, stèles et plaques en déshérence par les communes.
4. Le calendrier commémoratif national doit être refondé.
Le calendrier commémoratif national s’est fortement densifié ces vingt dernières années. Alors qu’il regroupait six journées nationales jusqu’en 1993, huit ont été créées depuis cette date.
Journées nationales commémoratives | Année de création | Page historique | Types de journées |
14 juillet | 1880 | Révolution française | Férié |
1er/2 novembre | 1919 | 14-18 | Férié |
2e dimanche de mai, fête de Jeanne d’arc | 1920 | Guerre de cent ans | Non-férié |
11 novembre | 1922 | 14-18, puis toutes les guerres | Férié |
8 mai | 1981 | 39-45 | Férié |
Dernier dimanche d’avril, Journée de la Déportation | 1954 | 39-45 | Non-férié |
16 juillet, la rafle du « Vel d’Hiv » | 1993 | 39-45 | Non-férié |
25 septembre, Harki | 2003 | Guerre d’Algérie | Non-férié |
5 décembre, Algérie | 2003 | Guerre d’Algérie | Non-férié |
8 juin, Indochine | 2005 | Guerre d’Indochine | Non-férié |
18 juin, appel du général De Gaulle | 2006 | 39-45 | Non-férié |
10 mai, Esclavage | 2006 | XVII – XVIII siècle | Non-férié |
19 mars, Algérie | 2012 | Guerre d’Algérie | Non-férié |
27 mai, journée de la Résistance | 2015 | 39-45 | Non-férié |
Cette profusion commémorative rend à la fois inaudible l’histoire combattante de la France et abaisse le concept de journées commémoratives nationales. De nombreuses communes n’organisent plus de cérémonies et dans d’autres les cérémonies ne réunissent que le dernier carré des anciens combattants.
Le Souvenir Français souhaite que le calendrier commémoratif national soit refondé et mis en cohérence avec le 21ème siècle.
À cette fin, il demande que soit créée une commission parlementaire qui aura l’obligation de réduire le nombre de journées commémoratives nationales tout en repensant la cohérence du calendrier.
5. Les commémorations territoriales doivent être stabilisées.
Au lendemain des deux conflits mondiaux, de nombreuses cérémonies ont été créées dans les communes de France, commémoration de combats locaux ou régionaux, de rafles, de création de maquis, de lieux d’enfermements, de libération des communes.
Ces commémorations sont nées d’un croisement de deux volontés, communales et associatives.
La disparition des associations d’anciens combattants qui ont porté ces commémorations rendent aujourd’hui incertain leur devenir.
Or certaines jouent un rôle fondateur dans le vivre ensemble des territoires.
Le Souvenir Français souhaite que dans chaque commune de France une étude soit conduite afin de stabiliser les principales cérémonies territoriales qui représentent le versant mémoriel de l’histoire partagée des habitants de la commune.
6. Le développement des associations mémorielles doit être accompagné.
Crée en 1887, Le Souvenir Français s’est imposé pendant 30 ans comme la grande association mémorielle de la nation française. À la sortie de la Première Guerre mondiale, l’association a été concurrencée par l’État (qui fit le choix de créer un service public pour gérer les nécropoles nationales des Morts pour la France contrairement à d’autres pays) par les communes (qui ont pris en charge l’érection de monuments aux morts) et par les associations d’anciens combattants (qui ont créé et animé les cérémonies patriotiques).
En ce premier quart du 21ème siècle, le paysage des acteurs mémoriels évoluent.
L’État se concentre sur ses activités régaliennes (l’État est un financeur minoritaire du Centenaire de la Grande Guerre), les collectivités territoriales resserrent leur budget (ce qui rend incertain la survie de nombreux musées combattants), les associations d’anciens combattants subissent un inexorable déclin démographique (ce qui rend nécessaire la politique mise en œuvre par Le Souvenir Français de dépôt des drapeaux des associations dissoutes dans les établissements scolaires).
La nature ayant peur du vide, de nombreuses associations mémorielles prennent le relais des anciens acteurs.
Ce développement non maîtrisé peut aboutir rapidement à un émiettement de la mémoire combattante nationale et à un surdimensionnement des mémoires locales et communautaires.
Afin de faire face à ce risque d’émiettement, Le Souvenir Français souhaite être soutenu par l’État. Il souhaite également que les responsables associatifs mémoriels soient encouragés. Il propose pour ce faire la création d’un contingent de décorations des deux ordres nationaux qui leur serait destiné.
7. Le « besoin de France » des expatriés doit être pris en compte.
Hier partout sur la planète la place de la mémoire française était défendue par trois acteurs principaux : les diplomates qui organisaient les cérémonies lors des journées commémoratives nationales (14 juillet, 11 novembre, 8 mai, …), les militaires en poste dans les pays qui prenaient en charge l’entretien des tombes des Morts pour la France des cimetières de garnison et des principaux monuments d’origine française, les associations d’anciens combattants ayant combattu au côté de la France qui animeraient le temps mémoriel.
Aujourd’hui, la diplomatie française s’est resserrée sur l’économique et le culturel, les militaires sur l’opérationnel et les associations d’anciens combattants sont là comme ailleurs en déclin.
Or jamais autant qu’aujourd’hui les expatriés français n’ont été aussi nombreux de par le monde. Jamais autant qu’aujourd’hui ils n’ont manifesté avec une telle force leur « besoin de France ». Le Souvenir Français souhaite contribuer à apporter des réponses à cette demande en fédérant dans chaque pays du monde le plus grand nombre d’expatriés en développant les initiatives de renforcement de la mémoire française et en créant dans chaque pays du monde un socle partagé d’histoire entre chacun de ces pays et la France.
Ces sept engagements conduisent Le Souvenir Français à vous poser deux questions simples.
1. Partagez-vous ces engagements ?
2. Pensez-vous pouvoir aider Le Souvenir Français à les mettre en œuvre ? En prenant quelles mesures ?
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