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La mémoire à travers les livres

Jean-Claude Degras, Eugénie Eboué, Histoire d’une passion, Biographie 1891-1972, Première femme d’Outre-Mer élue à l’Assemblée nationale (1945-1946), Iggybook, 2022

Eugénie Tell-Eboué est une de ces figures anonymes dont le seul nom révèle l’origine. Inconnue, ignorée, elle a pourtant été un témoin privilégié de l’exceptionnelle carrière de son mari, le gouverneur général Félix Eboué.

Volontaire, passionnée, parfois fantasque, c’est tout un pan de notre histoire vécu comme un idéal, au service d’une certaine idée de la France, où se mêlent les mémoires du bagne en Guyane, l’ethnologie des langages tambourinés de l’Oubangui-Chari, les Trois Glorieuses du ralliement du Tchad à la France libre et les combats politiques après-guerre.

Un essai sur le parcours d’une femme, la première outre-mer, au destin hors du commun, qui fut aussi un symbole d’émancipation, de liberté et de courage.

Jean-Claude Degras est le délégué général du Souvenir Français pour la Martinique.

Pour en savoir plus : jean-claude.degras@orange.fr

Christophe Soulard-Coutand, L’histoire méconnue du soldat inconnu, Ed Félin, 2020,

Fin octobre 1920, l’émotion est vive sur les bancs de l’Assemblée quand on apprend que l’Angleterre va enterrer un soldat inconnu dans la cathédrale de Westminster le 11 novembre. « Et la France, que fera-t-elle ? Rien ! » s’emporte un député. Le comble lorsqu’on se souvient qu’à l’origine, l’idée était pourtant française. C’est le début de deux semaines d’une véritable tempête politique et médiatique. Le choc est à la mesure du deuil, dans de nombreuses familles, on pleure un soldat sans avoir de tombe où se recueillir. Qui pourra représenter ce fils que tant de mères ont perdu ? N’est-il pas trop tard ? Et surtout où reposera la glorieuse dépouille ? Le Soldat Inconnu n’est pas arrivé sans mal à destination. Christophe Soulard-Coutand retrace les multiples péripéties qui permirent finalement, dans l’après-midi du 11 novembre 1920, après une dernière étape au Panthéon, au cercueil de remonter l’avenue des Champs-Elysées pour s’arrêter, pour de bon cette fois, sous la voûte de l’Arc de Triomphe.

Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/l-histoire-meconnue-du-soldat-inconnu-9782866459277.html

Jean-Michel Tanguy, André Piquet, Mort pour la France, 2022

« Depuis près de 75 ans, je passe régulièrement devant la stèle évoquant la mort du brigadier Piquet sur la route de Briis-sous-Forges à Forges-les-Bains. Qui était ce brigadier, soldat de la Division Leclerc ? Alors que quantité d’ouvrages ont été écrits sur ou par les chefs prestigieux de la 2^ème Division Blindée, j’ai eu plaisir à exercer des recherches sur un homme modeste, un homme du rang, un Français parmi tant d’autres, intégré dans une unité qui a participé à la libération de la France.

A tous les grades et dans toutes les fonctions, ils étaient tous unis par un même idéal d’honneur et de liberté. Outre parler de l’homme, j’ai souhaité également décrire sommairement la genèse de la libération de la France à laquelle André Piquet a participé. J’ai aussi voulu évoquer le contexte de Briis-sous-Forges préalablement et au cours de la libération de notre capitale. »

Pour en savoir plus : jmt@jeanmicheltanguy.eu

Jean- Paul Michel, Monique Brouillet Seefried, Le général Dio, le connétable de Leclerc 1940-1946, Bernard Giovanangeli Ed, 2022

« Sans Dio, il n’y aurait pas eu de 2^e DB. » (Leclerc)

Louis Dio a peut-être été le plus glorieux parmi les subordonnés du général Leclerc. Méhariste au Tchad, Dio est à la tête du groupe nomade du Tibesti quand la guerre éclate. Il rencontre Leclerc à Douala en août 1940 et devient l’acteur militaire principal du ralliement du Cameroun à la France Libre. Les deux hommes ne vont plus se quitter, Dio devenant le connétable de Leclerc. Il est le seul officier parmi les cadres de la 2^e DB, qui participe à tous les combats, de Douala jusqu’à Berchtesgaden : Gabon, Koufra, les campagnes du Fezzan, celle de Tunisie, la campagne de libération de la France, Royan et l’Allemagne. Leclerc le désigne en 1945 pour lui succéder et en fait, à 37 ans, le plus jeune général de l’armée française du XXème siècle.

Cet ouvrage d’histoire militaire a été écrit à partir de témoignages et de documents d’archives. Il retrace l’itinéraire des différentes unités tactiques commandées par Dio et évoque ses nombreux compagnons d’armes issus de tous les horizons et de tous les grades.

Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/le-general-dio-9782758702429.html

Adrien Motel, Normandie, un rêve français, Ed Place des victoires, 2022

Entre le 29 mai 1935 et le 28 août 1939, Normandie traverse 139 fois l’Atlantique, imprimant sa trace en tête du sillage des plus grandes œuvres de l’Histoire. Le paquebot de tous les superlatifs, qui incarna le luxe à la française : sommet architectural, esthétique et artistique qui ne trouve de comparaison que dans les plus grands et beaux palais terrestres.

Portant les contradictions de l’entre-deux-guerres et l’expression de son art de vivre, le paquebot marque sa période sur la frise historique. Fort de ses prouesses et de ses qualités propres, il symbolise l’apothéose du mythe transatlantique. Dans la mémoire universelle, Normandie demeure cette icône d’une époque fascinante et un jalon incarnant une certaine idée de la grandeur de la France.

Pour en savoir plus : https://victoires.com/accueil/579-normandie-un-reve-francais-97828099196.html

André Larané, La France en héritage, Ce que la France a apporté au monde, L’Artilleur, 2022

Le monde d’aujourd’hui ne serait pas le même sans la France. C’est ce que montre André Larané dans ce livre de 416 pages où l’histoire de notre pays est vue à travers ses très nombreux apports à l’humanité.

Dès le Moyen Âge, nos aïeux ont inventé un art de vivre, un mode de pensée et des institutions qui sont encore appréciés sur les cinq continents. Noblesse héréditaire et organisation administrative, étude et transmission du savoir à Tours et Cluny, émancipation des femmes et TVA, vaccination et vol aérien, laïcité et droits de l’Homme sont quelques-unes des très nombreuses innovations que la France a offertes au monde. Cet ouvrage recense les plus importantes, parfois peu connues mais qui influent toujours sur nos existences et témoignent du caractère profondément original de notre patrie.

Dans un style limpide et accessible, ces pages racontent une histoire dont nous pouvons nous enorgueillir. Par les mille et un trésors qu’on y découvre, elles nous font connaître et aimer un peu plus ce « cher et vieux pays ».

Pour en savoir plus : https://www.herodote.net/_boutique/La_France_en_heritage-10204.php

Georges Cavaillès, Vers de Bohême, 2022

A vingt ans, quand on est loin de chez soi, de ses amis, de ses amours, confronté à une guerre dont on ne sait pas si l’on va sortir vivant, le refuge de l’écriture peut être un bon moyen d’épancher ses craintes et ses regrets, mais aussi ses rêves.

Ce recueil de poésie a été écrit en deux temps, une première partie autour des années quarante, dans un style fort peu académique, proche de celui que Sacha Guitry aimait appeler « ses vers de bohème ». La deuxième partie, rédigée dans les années soixante en Algérie, alors que l’auteur était assigné à résidence pour une ubuesque histoire de détournement, ourdie par les protagonistes d’une querelle politico-économique entre prétendants à un poste de direction d’une entreprise d’Etat. Son style a mûri, son engagement politique y est plus affirmé tout comme sa lucidité sur le temps qui passe et l’usure des sentiments. Sa lettre posthume à Victor Hugo résume bien son amertume sur la vanité du monde qui l’entoure.

Pour en savoir plus : 04@dgsf.fr

Jérémy Lempin, Aux armes et caetera, les blessures de l’âme des soldats français, Héméria, 2022

L’auteur a suivi pendant plusieurs années le parcours de militaires victimes d’état de stress post-traumatique, et recueilli leurs témoignages. En documentant leur souffrance et celle de leurs proches, il a voulu rendre hommage aux combattants qu’ils restent et mettre un visage sur des blessures aujourd’hui trop sous-estimées.

Rendre visible l’invisible est l’essence même du médium photographique. Avec ce travail documentaire, Jérémy Lempin met l’être humain dans toute sa fragilité au cœur de sa réflexion.

Pour en savoir plus : Télécharger le dossier de présentation

Fatima Besnaci-Lancou, Houria Delourme-Bentayeb, Ils ont dit non à l’abandon des Harkis, Loubatières, 2022

En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, des femmes et des hommes ont mis toute leur énergie et leurs ressources à sauver des milliers de familles de harkis menacés de mort. Militaires le plus souvent, mais pas seulement, ils ont parfois impliqué leur propre famille, leurs relations amicales ou professionnelles, pour déployer une impressionnante chaîne humaine afin d’assurer ce sauvetage en urgence. Beaucoup étaient sur le terrain, de part et d’autre de la Méditerranée, afin d’entourer et accompagner ces familles. Par leurs actes non violents et en opposition aux ordres prescrits par de hautes autorités civiles et militaires, ils ont non seulement sauvé des exactions près de 43 000 personnes, dont plus de la moitié étaient des enfants, mais ont aussi contribué à influencer, et parfois modifier, les décisions des autorités de 1962.

Cet ouvrage recueille le témoignage direct de neuf hommes et d’une femme, ils ont entre 81 et 92 ans, mais leurs souvenirs sont intacts, et rappelle les actions de 11 autres aujourd’hui disparus.

Pour en savoir plus : https://www.decitre.fr/livres/ils-ont-dit-non-a-l-abandon-des-harkis-9782862668093.html

Jean Delaude, La porte aux crocodiles, Myosotis, 2022

Livre de souvenirs de Jean DELAUDE (1920-1998) écrit vers 1990-1995.

L’homme, âgé de 70 ans, se remémore sa jeunesse parisienne dans une langue pleine de verve et de truculence. Peu enclin à aller à l’école, il est un gamin des rues – mais pas sans ressource ! Il est le grand copain d’Henri Crolla (le fameux guitariste) et à deux ils donnent des récitals en plein air pour se faire quelque argent. Ils rencontrent Jacques Prévert, qui repère leur talent. Jean est pianiste amateur et excellent chanteur. Il mémorise et restitue à la perfection des airs d’opéras. Mais arrive 1939… Jean-Raymond Grandelaude (son nom de naissance) est mobilisé. Plusieurs fois évadé, il entre dans la Résistance. Trahi par un compatriote, il est arrêté en novembre 1943 et envoyé en déportation. Direction Auschwitz par le tristement célèbre « Convoi des tatoués » du 27 avril 1944 (dans lequel il rencontre Robert Desnos). Au Camp, il côtoie la mort au quotidien mais garde espoir grâce au partage avec ses compagnons d’infortune. Le récit donne à comprendre, dans une langue à la fois humoristique et distanciée, ce que fut l’indicible. Ce que personne ne pourrait croire. Matricule 185688, il échappe – par miracle – à l’exécution sommaire d’une balle dans la nuque. Jean Grandelaude subit aussi les Marches de la mort (Gross Rosen, Nordhausen, Harzungen…) et est enfin libéré à Bergen-Belsen en 1945. Son récit corrobore en tous points d’autres témoignages : les tortures, la faim…sans jamais prendre un ton larmoyant. Une philosophie qui permet de survivre malgré les cauchemars. Après la guerre, Jean continuera dans une voie artistique et prendra comme nom de scène Delaude. Il deviendra un magicien-manipulateur de très haute volée, reconnu par ses pairs comme l’un des plus grands. Il se liera d’amitié avec Jacques Brel et Jean Amadou. Des textes rares par leur tonalité, restés inconnus pendant trente ans. Un livre puissant qui donne à réfléchir sur nos choix. Et si utile à faire lire aux plus jeunes générations… L’ouvrage comporte de nombreuses annexes pour mieux comprendre le contexte et cerner la personnalité de l’auteur.

Pour en savoir plus : https://www.myosotis-books.com/boutique/La-Porte-aux-crocodiles-version-papier-p484685006

Annie Zwobada, Nantes sous la peste verte, Myosotis, 2022,

Elève de classe de seconde à Nantes en 1945, Annie Zwobada décrit l’Occupation, la Résistance, les privations et les espoirs, la rigolade ou les compromissions. Les vert-de-gris ? D’un coup de crayon vif et ironique, Annie nous brosse le tableau de ces quatre années d’envahissement, mais pas d’asservissement ! telles que vécues par une adolescente juive de surcroît. Afin de pouvoir encore et toujours crier « Que vive la Liberté ! ».

Pour en savoir plus : https://www.myosotis-books.com/boutique/NANTES-SOUS-LA-PESTE-VERTE-version-papier-p189512025

Danièle Frison, Mon père, déporté à Rawa-Ruska, Myosotis, 2022

Prisonnier de Guerre, envoyé en Galicie, en 1942, à la frontière ukrainienne en camp disciplinaire par mesure de rétorsion, car André Frison s’était déjà évadé lors de ses précédentes détentions. Sa fille Danièle nous décrit ce que son père a enduré, ce qu’il a bien voulu lui raconter à propos du Stalag 325, hélas trop connu par ce terrible surnom de « camp de la goutte d’eau ».

Pour en savoir plus : https://www.myosotis-books.com/boutique/mon-Pere-deporte-a-RAWA-RUSKA-version-papier-p389203455

Laurent Guillemot, Le livre de Blanche, Les 107 poilus de Clairac, La Geste, 2022

Au cœur du Lot-&-Garonne, le village de Clairac porte un témoignage singulier de la Première Guerre mondiale : un monument aux morts profondément original, dû au talent d’un sculpteur local, Eugène Delpech, ancien officier de cavalerie.

Inauguré en 1922, il rappelle les noms des 107 poilus morts pour la France, et témoigne de l’élan mémoriel qui vit le pays se couvrir de sculptures d’une grande diversité, comme le rappelait le roman Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013. C’est la Clairacaise Blanche Constiaux et son jeune frère Aimé qui posèrent pour l’artiste dans une scène aussi rare qu’intime.

L’histoire du monument et de la cité qui le vit naître est ici retracée par Laurent Guillemot, auteur de plusieurs livres sur la grande Guerre. Grâce à diverses archives, privées ou publiques, il rend la vie à ces jeunes gens pris dans un conflit dont ils ne mesuraient pas l’ampleur, lorsqu’ils partirent la fleur au fusil. Des rives du Lot au Chemin des Dames, de la Marne au front d’Orient, le lecteur découvre le quotidien de ces cultivateurs, artisans ou commerçants, souvent simples soldats, parfois « sous-off » ou officiers. D’août 1914 à novembre 1918, ils furent plus de 600 à partir, sur une population de 2 800 habitants. 107 ne revinrent jamais auprès des leurs ; certains n’avaient pas vingt ans.

Dans sa banalité et son horreur, l’histoire de ce village de la France rurale reflète celle de notre pays.

Dans le cadre de la publication de cet ouvrage, plusieurs événements sont organisés :

Un concert gratuit donné par la chorale du Bourran « Les ans chantés » : La guerre de 14-18 et ses poilus.

Une exposition conçue par la médiathèque départementale de Lot-et-Garonne et présentée à la médiathèque de Clairac, Images de la Grande Guerre.

La réalisation d’une frise de 5 mètres de long par des élèves en histoire du lycée des métiers Porte du Lot, retraçant la chronologie de la guerre dans laquelle chaque Clairacais est mentionné.

Pour en savoir plus : https://amisdeclairac.com/vue/agenda/evenements/fiches/2022-11-11_souvenir.pdf