Nos lieux de mémoire

28 novembre 2022

Cette rubrique décrit 4 lieux :
-La plaque commémorative en hommage à Antoine de Saint-Exupéry, à Mendoza.
-Le monument Amicitia France-Canada, au cimetière des Forces canadiennes de Beechwood, à Ottawa.
-Les deux « plaques du souvenir », au Ohmstraße 1, à Munich.
-La tombe d’André Joseph Scheinmann, au cimetière de Tifereth Israel, dans le Massachussetts.

Temps de lecture : environ 15 minutes


Lieu n°1 : Plaque commémorative en hommage à Antoine de Saint-Exupéry, à Mendoza.


L’histoire d’Antoine de Saint-Exupéry est fortement liée à l’Argentine. En effet, entre 1929 et 1932, celui-ci fut le premier pilote et directeur d’une filière de l’Aéropostale locale, dénommée : « La Aeroposta Argentina ».


Durant cette période, il rédigea notamment le célèbre roman « Vol de Nuit », obtenant grâce à lui le prix Femina en 1931, et dont le récit était inspiré par ses propres expériences vécues dans le ciel d’Amérique du Sud.


De plus, plusieurs événements importants ponctuèrent son séjour dans les différentes villes du pays. Par exemple, à l’Alliance française de Buenos Aires, il trouva son grand amour et future femme Consuelo Suncin. A Concordia, capitale de la province d’Entre Rios, il rencontra les deux petites filles qui l’inspirèrent pour la rédaction du Petit Prince. Enfin, à Mendoza, il chercha et retrouva son compagnon et ami l’aviateur Henri Guillaumet, perdu dans la cordillère des Andes après un accident d’avion.


Ainsi, le 15 juin 2022, afin de célébrer le 92ème anniversaire de l’arrivée d’Antoine de Saint-Exupéry à Mendoza le 15 juin 1930, la Consule Honoraire de France, Madame Charlotte Panouille, a remis au gérant du Hyatt Hôtel une plaque commémorative. C’est dans cet établissement, anciennement nommé Hôtel Plaza, que l’aviateur logea lors de son séjour sur place. Henri Guillaumet est également mentionné sur l’inscription.


Cette plaque commémorative fut réalisée avec le soutien financier de la Délégation Générale du Souvenir Français en Argentine.

Rédigé par la Délégation Générale du Souvenir Français en Argentine.


Lieu n°2 : Monument Amicitia France-Canada, au cimetière militaire national des Forces canadiennes de Beechwood, à Ottawa.


Depuis plus de deux siècles, la France et le Canada possèdent une histoire et une culture francophone partagées.


Pour symboliser les liens historiques et durables entre les deux pays, ainsi que rendre hommage aux troupes canadiennes qui ont servi en France lors des deux Guerres mondiales, Christophe Raisonnier, Délégué général du Souvenir Français au Canada, a initié le projet « Amicitia France-Canada ». Monsieur Raisonnier, qui est aussi président de l’Association des médaillés militaires au Canada, a tenu à appuyer sa spécificité : « Nous avons des monuments commémorant la Première Guerre mondiale au Canada. Mais il n’y avait pas de monument dédié à l’amitié entre nos deux nations ».


Les associations à l’origine du projet ont tenu à y représenter les symboles des deux pays : la Marianne pour la France et la feuille d’érable pour le Canada. Au sommet du monument trône une torche portée à bout de bras, faisant symboliquement écho au bras de la statue qui est située à la base du Mémorial national du Canada situé à Vimy, en France, et au bras de Marianne, dont la statue se trouve sur l’Arc de Triomphe.


Le 16 octobre 2022, s’est tenue la cérémonie d’inauguration du monument au cimetière militaire national des Forces canadiennes de Beechwood, à Ottawa. Pour l’occasion, les autorités politiques et militaires locales étaient réunies, dont Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor du Canada, et Michel Miraillet, ambassadeur de la France au Canada. Touché par cette initiative, ce dernier déclara : « C’est très émotionnel, mais vous savez, le cœur est une composante indéfectible de l’amitié. Ça fait du bien de voir cela. Franchement, j’en suis très heureux. C’est vrai qu’en France, il n’y a pas comme au Canada, ce même culte du souvenir, et c’est quelque part dommage ».


Plusieurs familles francophones et francophiles assistèrent aussi à l’événement, permettant ainsi d’illustrer l’importance de la transmission de la mémoire aux jeunes générations.

Rédigé par Monsieur Christophe Raisonner, Délégué Général du Canada.


Lieu n°3 : Les deux « plaques du souvenir », au Ohmstraße 1, à Munich.


Durant la Seconde Guerre mondiale, à Munich, la pension Gartenheim, aujourd’hui située au Ohmstraße 1, servait aux autorités allemandes pour héberger des travailleurs forcés venus de toute l’Europe. Parmi les nombreuses personnes qui résidèrent à l’intérieur durant cette période, deux sont aujourd’hui commémorées par des « plaques du souvenir ».


La première est André Coulaud, né le 10 juillet 1916 à Paris. En 1943, il fut envoyé à Munich en tant que « travailleur civil ». Il exerça alors dans les cuisines de trois hôtels locaux, ainsi que dans la pension Gartenheim, où il était également hébergé. En automne 1944, la Gestapo l’emprisonna pendant un mois au camp de concentration de Dachau. Le 12 février 1945, alors qu’il prenait la défense de son amante Renée Bellard, travailleuse forcée recherchée par le Front du travail allemand, il fut exécuté par un membre de la police de sécurité. Elle avait alors donné naissance à leur fille Liliane le 3 novembre de l’année précédente.


La seconde se nommait Lysiane Robinet, née le 13 novembre 1944, dans la pension Gartenheim. Son père, Edouard Camille Robinet, était électricien. D’abord prisonnier de guerre, les autorités allemandes l’avaient déclaré « travailleur civil ». Sa mère, Madeleine D., était sténodactylo. Depuis juillet 1943, ils vivaient tous les deux dans la pension Gartenheim. Ce fut en ses murs que, le 7 janvier 1945, Lysiane décéda d’une inflammation intestinale, selon son certificat de décès. Toutefois, il est fort probable que sa mort ait été causée par l’incapacité de ses parents à pouvoir s’occuper suffisamment d’elle en raison de la politique raciste et inhumaine des Nazis.


L’inauguration des deux « plaques du souvenir » réalisées en leur mémoire eut lieu le 31 mai 2022, à l’adresse de l’ancienne pension. En présence d’Evelyne Menges, conseillère municipale représentante du maire, et Corinne Pereira Da Silva, consule générale de France en Bavière, Monsieur Pierre M. Wolff, Délégué Régional du Souvenir Français pour la Bavière, est venu rendre hommage à ces deux victimes civiles du IIIème Reich.

Rédigé par la Délégation Générale du Souvenir Français en Allemagne.


Lieu n°4 : La tombe d’André Joseph Scheinmann, au cimetière de Tifereth Israel de North Dartmouth, dans le Massachussetts.


André Joseph Scheinmann est né en Allemagne en 1915. Etant de confession juive, sa famille et lui s’installent en France en 1933. Au début des hostilités, il s’engage dans l’armée française, qui lui attribue une nouvelle identité : André Maurice Peulevey, afin d’éviter les persécutions en cas de capture par l’ennemi. A l’automne 1940, il entre dans la Résistance française.


En 1942, il part clandestinement en Angleterre, où il est formé pendant plusieurs semaines aux techniques d’espionnage. Quelques jours après son retour en France, il est arrêté par la Gestapo. Il est déporté au KL Natzweiler le 9 juillet 1943 comme prisonnier « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard) et plus tard à Dachau le 4 septembre 1944.


Le 13 février 1946, le Général De Gaulle lui décerne la Croix de Guerre 1939-45 avec Palme et le fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 15 mars de la même année.


Après cinq ans de service d’après-guerre auprès de ses camarades de la Résistance, les inscrivant dans les registres du gouvernement français pour obtenir des honneurs et des pensions pour leurs familles, il s’installe définitivement aux États-Unis avec son épouse Claire Dyment Jarrett, dont le service dans la RAF en tant qu’interprète radio est commémoré sur le tableau d’honneur de Bletchley Park, et son fils, Michel. Il meurt le 13 mai 2001, à Boston.


Aujourd’hui, Monsieur Scheinmann repose au cimetière de Tifereth Israel de North Dartmouth, dans le Massachussetts. Cette année, son engagement a été mis à l’honneur par Le Souvenir Français dans la brochure en « Hommage aux combattants engagés au service de la France (1942) ».
Ainsi, le 6 novembre 2022, Thierry Chaunu, Délégué Général du Souvenir Français aux Etats-Unis, et Norman Desmarais, Délégué régional, ont participé à une cérémonie commémorative ayant eu lieu autour de sa tombe. Le fils de monsieur Scheinmann, Michel, et ses deux petites-filles, Clara et Emma, étaient présents, ainsi qu’une trentaine de membres de la famille, d’amis et d’invités.


Michel Scheinmann a fait quelques brèves remarques sur son père. Après les hymnes nationaux de la France et des Etats-Unis, Diana Mara Henry, qui travaille sur une biographie d’André Joseph Scheinmann, a déposé une rose blanche au pied de la pierre tombale. Après un moment de silence à sa mémoire, le rabbin a chanté un psaume et récité une prière en hébreu. Norman Desmarais a ensuite remis un médaillon du Souvenir Français à Michel Scheinmann.


Mel Yoken, professeur émérite de langue et littérature françaises, décoré de Légion d’honneur, de l’Université de Massachusetts Dartmouth, et son épouse Cynthia, étaient parmi les invités de marque présents.

Rédigé par la Délégation Générale du Souvenir Français aux Etats-Unis.

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