La Nécropole nationale de Friscati, érigée sur le lieu-dit du Mouton-Noir dans la commune de Vitrimont (54), tire son origine de l’initiative singulière menée par une enseignante, Marie-Marguerite Wibrotte. En août 1914, alors que débute la Première Guerre mondiale, elle est en poste à Lunéville. Elle se trouve alors sur le nouveau front, établi en septembre 1914, lorsque l’armée allemande lance une vaste offensive contre Nancy. La 1ère et 2ème Armée française, déployées pour défendre la région, établissent leurs lignes sur le Grand Couronné, véritable rempart naturel devant Nancy, et sur la Mortagne. Ainsi, la région lunévilloise devient un lieu d’une importance stratégique capitale. D’autant plus que le lieu-dit du Mouton-Noir, également appelé Friscati, est situé entre la cité meurthoise et la colline de Léomont dont le sommet culminant à 337 mètres, convoité, changea de mains plusieurs fois au cours des combats.
Marie-Marguerite Wibrotte entreprend d’écumer les champs de bataille accompagnée par un groupe de jeunes volontaires. Ensemble, ils se donnent comme objectif d’offrir une sépulture digne aux soldats morts pendant les violents affrontements qui ont ravagé la région. Elle effectue alors un travail méthodique de recherche et d’identification des corps. Elle prend le soin d’orner ces tombes provisoires de croix, parfois réalisées à partir de simples branchages, surmontées du képi du défunt, et agrémentées de fleurs.
En 1916, elle achète le terrain du lieu-dit du Mouton-Noir. Elle y crée un cimetière militaire, déplaçant les dépouilles des environs inhumées sous de simples monticules de terre, vers ce terrain. Elle obtient même le concours d’un détachement de l’armée pour ce faire. Au fur et à mesure du conflit, les corps des soldats tombés pendant les combats de 1914 sont rejoints par ceux des hommes décédés dans les hôpitaux de Lunéville entre 1915 et 1918. À l’issue de la guerre, trois mille sept cent quarante-et-un soldats reposent ainsi en ce lieu, dont mille six cent quatre-vingt-trois corps, qui n’ont pu être identifiés, inhumés dans des ossuaires.
Portée par cet élan patriotique, elle décide de rejoindre Le Souvenir Français et son comité de Lunéville, reformé après la victoire de 1918. L’association était présente dans la région depuis 1898, grâce à l’initiative de Joseph Ricklin. Alors membre du conseil central du Souvenir Français, il devient délégué général de ce comité nouvellement constitué. À travers de nombreuses actions, l’association parvient à s’intégrer progressivement dans le paysage lunévillois. Dès novembre 1898, Le Souvenir Français organise une première cérémonie devant le cénotaphe de la Place du Centre de Lunéville, en hommage aux morts de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Au fil des années, des monuments sont inaugurés à Blamont ou encore Hudiviller. Ainsi, lorsque le comité se tourne vers la gestion du cimetière militaire de Friscati, il est déjà solidement implanté et très actif dans la région.
Au fur et à mesure, le terrain se développe et, par l’action du Souvenir Français, des édifices sont construits. Le 24 mai 1920, en ce lundi de Pentecôte, est ainsi bénie la chapelle du cimetière de Friscati. Décorée de magnifiques fresques par l’artiste lunévillois Burguin, cette chapelle devient un lieu mémoriel et de recueillement singulier. Le 11 septembre 1927, à l’occasion du treizième anniversaire de la libération de Lunéville par l’Armée française, est inauguré un monument dédié à la mémoire des soldats français de la Première Guerre mondiale.
Cet ouvrage composé de quatre arches abritant la statue d’un poilu est l’œuvre de la Maison Cuny-Manguin basée à Lunéville. Le Souvenir Français organise alors à cette occasion une impressionnante cérémonie, débutant au temple protestant et se poursuivant par une messe à l’église locale. Après un dépôt de gerbe sur le monument aux morts de Lunéville, un immense cortège composé des autorités officielles, de citoyens lunévillois et de diverses sociétés patriotiques, se dirige vers le cimetière militaire de Friscati. Devant ce monument, sur le lieu-dit du Mouton-Noir, on retrouve alors parmi les personnalités présentes le Général Balfourier qui commandait le 20ème Corps d’Armée pendant la guerre et le Général Pouydraguin qui fut blessé lors d’une offensive sur Vitrimont avec le 26ème Régiment d’Infanterie. On aperçoit également des soldats ayant combattu dans la régions lors des affrontements de septembre 1914 ainsi que les familles des défunts inhumés dans ce cimetière venues de toute la France. En effet, les effectifs engagés dans la défense de Nancy sont majoritairement originaires de Provence et du Languedoc, mais également du Dauphiné et de Savoie, ainsi que de la région parisienne et, bien entendu, de Lorraine. Un vibrant hommage est rendu à ces soldats ainsi qu’à Joseph Ricklin, l’initiateur du projet. Il avait récolté les fonds nécessaires à l’érection de l’édifice mais est malheureusement décédé peu avant son inauguration, emporté par la maladie.
Marie-Marguerite Wibrotte se trouve au cœur de cette cérémonie. Désormais surnommée la « maman des morts », elle incarne son action menée il y a treize années et qu’elle continue de conduire par la décoration florale du cimetière. Elle est pour cela décorée par le nouveau Président du comité de Lunéville, Paul Hellé, qui lui remet la médaille du Souvenir Français. Elle fait don de ce lieu à l’Association en mai 1931, avant de s’éteindre à Lunéville le 5 avril 1936. Son nom, symbole encore aujourd’hui de l’expression patriotique de la Grande Guerre, a été donné à l’allée adjacente au cimetière.
Il y repose à ce jour trois mille sept cent cinquante-et-un soldats français. Aux héros de 1914, se sont rajoutés les corps de dix soldats tombés en 1940. Encore aujourd’hui, Le Souvenir Français s’applique à l’entretien et la mise en valeur du cimetière, ainsi que des monuments et de la chapelle qui y sont érigés. En 2007, l’espace muséal Chaubert a ouvert ses portes aux publics. Nommé en l’honneur d’un soldat du 81ème Régiment d’Infanterie disparu lors des affrontements dans la région, ce lieu propose des expositions ainsi que la reconstitution immersive en sons et images de la vie du soldat français en 1914. Initiative du Souvenir Français, ce musée est un moyen formidable de transmission de savoirs historiques et d’héritages mémoriels.
Site accessible au public
Adresse : Chemin de Friscati, 54300 Vitrimont
Horaires : Ouvert de 14h à 18H, du Mercredi au Dimanche
Délégation Générale du Souvenir Français en Meurthe-et-Moselle
E-mail : 54@dgsf.fr
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