Etienne FRANCOIS est professeur émérite d’histoire à l’Université Libre de Berlin et à l’Université Paris-I. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé d’histoire et docteur d’Etat ès-lettres, il a entre 1970 et 2008 enseignée à Nancy, Stuttgart, Göttingen, Paris et Berlin. Il consacre la plupart de ses recherches à l’histoire sociale et culturelle de l’époque moderne de la France et de l’Allemagne, et notamment la notion de mémoire et de lieu de mémoire en Allemagne.
Etienne FRANCOIS est délégué général adjoint du Souvenir Français pour Berlin.
« La notion de « lieu de mémoire » est-elle exportable ? », se demandait en mai 1992 Pierre Nora, peu de temps avant la parution des derniers volumes de sa trilogie, pour ajouter aussitôt que la question lui paraissait largement formelle, la notion de « lieu de mémoire » ayant déjà trouvé « un début d’écho international ». Les traductions en langue étrangère des Lieux de mémoire qui se sont depuis multipliées, au même titre que les ouvrages qui, s’en inspirant, ont été publiés ou sont en cours de parution dans plusieurs pays d’Europe et au-delà n’ont fait que confirmer ce constat. Il restait donc l’Allemagne.
Le projet des Deustche Erinnerungsorte
En publiant en 2007 Mémoires Allemandes, nous avons souhaité apporter notre pierre à la réflexion sur les lieux de mémoire.
Nous avons construit cet ouvrage à partir des six caractéristiques qui nous ont paru marquer la spécificité des mémoires allemandes.
L’Allemagne est en premier lieu un pays dont l’identité, pour reprendre l’expression de Kulturnation rendue célèbre par l’historien Friedrich Meinecke, s’est longtemps définie plus en référence à la langue et à la culture qu’à l’Etat et au territoire. Alors que l’adjectif deutsch – qualificatif commun de tous ceux qui parlent la langue du peuple, par opposition à ceux qui parlent le latin ou une langue issue du latin – remonte au Xème siècle, le substantif Deutschland, qui sert à définir le pays habité par tous ceux qui ont en commun des parlers germaniques, ne s’impose pas avant le XVIème siècle. Parlant de la notion de Reich dans Apologie pour l’histoire, Marc Bloch faisait déjà remarquer que ce mot « n’évoque nullement par lui-même l’idée d’un empereur » et qu’ « associé aux images d’une histoire politiques perpétuellement oscillante entre le particularisme et l’unité, il rend un son beaucoup trop spécifiquement allemand pour souffrir, dans une langue où se reflète un autre passé national, la moindre tentative de traduction ».
L’Allemagne est en deuxième lieu un pays dont l’histoire a été marquée par d’incessantes interrogations sur son identité, interrogations dont on retrouve de nos jours encore un écho dans les débats autour des nouvelles définitions de la citoyenneté allemande ainsi que des valeurs et connaissances à attendre de tous ceux qui veulent acquérir la citoyenneté allemande. « Un Allemand qui aurait l’outrecuidance de prétendre, en citant le Faust de Goethe : « Deux âmes habitent, hélas, dans ma poitrine », se tromperait lourdement », notait avec une ironie mordante Nietzsche en 1886, « ou pour mieux dire, il serait en deçà de la vérité de plusieurs âmes. En tant que peuple issu des mélanges et brassages de races les plus extraordinaires, en tant que « peuple du milieu » à tout point de vue, les Allemands sont plus insaisissables, plus étendus, plus contradictoires, plus inconnus, plus imprévisibles, plus surprenants, voire plus effrayants que les autres peuples ne le sont à eux-mêmes : ils échappent à toute définition et font par là le désespoir des Français. Ce qui caractérise les Allemands, c’est que chez eux la question « Qu’est-ce qui est Allemand ? » ne prend jamais fin ».
L’Allemagne est en troisième lieu un pays dont l’histoire et plus encore les représentations que s’en font les Allemands d’aujourd’hui sont faites de divisions et de ruptures, divisions entre les territoires à l’époque du Saint-Empire conduisant les diplomates français à parler « des » Allemagne, divisions entre les confessions religieuses, division de l’Allemagne en deux Etats antagonistes entre 1949 et 1989 et, plus que tout, la « rupture de civilisation » (Dan Diner) représentée par le IIIe Reich et la Shoah. Cette raison rend illusoire toute tentative de reconstruction de « la » mémoire allemande au singulier.
L’Allemagne est en quatrième lieu, pour reprendre la formule du sociologue Helmuth Plessner, une nation « tard venue » (spätgeboren). Et, de fait, s’il est vrai que l’on peut faire remonter les débuts de la conscience nationale allemande au Moyen Âge – le Saint-Empire se qualifie « de nation allemande » à la fin du XVème siècle – l’Allemagne en tant qu’Etat national est une réalité dont l’émergence a été aussi tardive que difficile et longtemps incertaine, même après 1871. « Les Allemands, notait encore Nietzsche dans Au-delà du bien et du mal, sont d’avant-hier et d’après-demain ; ils n’ont pas encore d’aujourd’hui. » Mais, en sens inverse, il est frappant de voir comment la revendication de l’unification de l’Allemagne sous la forme moderne de l’Etat-nation a été de pair, dès la fin du XVIIIème siècle, avec une relecture et une réappropriation dans un sens national de tout le passé allemand, les processus de nation-building et de memory-building se déterminant et se renforçant réciproquement.
L’Allemagne est, en cinquième lieu, pour reprendre la formule de Nietzsche, un « pays du milieu », non seulement en raison de sa localisation géographique au centre de l’Europe (aucun autre pays européen n’est entouré par autant de pays différents), mais plus encore en raison des incessantes fluctuations au cours de l’histoire des régions de peuplement allemand, ainsi que des frontières de l’Allemagne et des Etats allemands. A côté des régions à la population exclusivement allemande, de nombreuses autres régions, aussi bien en Allemagne que hors d’Allemagne, ont connu pendant des siècles, jusqu’à la dernière guerre, des situations de mixité ethnique et culturelle. Dès ses débuts, enfin, la culture allemande s’est définie autant de l’extérieur que de l’intérieur et, dans l’évolution des identités allemandes, le regard de l’étranger n’a pas moins compté que le regard de l’intérieur. « Aucune nation, notait Goethe en 1808, ne s’est formée à partir d’elle-même, la nation allemande probablement moins que toute autre ». Il existe une tension permanente entre l’ « Allemagne européenne » et l’ « Europe allemande » que Thomas Mann définissait comme une des caractéristiques les plus durables de l’histoire allemande.
L’Allemagne est enfin un pays travaillé par la mémoire, un pays dans lequel les enjeux de mémoire et les débats autour du passé proche des dictatures et des guerres, des persécutions et des massacres d’un « siècle de fer, de feu et de sang » (Henry Rousso) sont aussi intenses que récurrents, aussi passionnels qu’obsessionnels. Loin d’être académiques, ces débats sont de vrais débats de société aux implications avant tout politiques et éthiques. Les acteurs principaux en sont les publicistes et les hommes politiques, les journalistes et les écrivains, les témoins et les descendants des victimes, et si les historiens de métier y ont également part, ils ne représentent qu’une voix parmi d’autres, et pas nécessairement la plus importante car les lieux où l’on débat de ces questions existentielles pour la société et la culture politique allemandes ne sont pas tant les salles de séminaire ou les amphithéâtres universitaires que les journaux et les revues, les chaînes de radio et de télévision, les congrès des partis, les parlements et les tribunaux.
Reconfigurations mémorielles
Parallèlement à ces spécificités, il nous est apparu essentiel de tenir compte du profond changement de contexte qui s’est opéré dans les décennies 80 et 90 et aux conséquences qu’il a eu sur les modes de rapport au passé des Allemands d’aujourd’hui. Entrée depuis un quart de siècle, à l’instar des autres pays développés, dans l’ « ère de la commémoration », l’Allemagne est d’abord ce pays dont l’identité repose plus que jamais sur la mémoire des années 1933-1945, comme rupture de civilisation et comme traumatisme collectif, comme énigme qu’on ne tirera jamais assez au clair, mais aussi comme passé qu’il faut à la fois assumer et exorciser. Loin de s’être atténuée avec la relève des générations, la centralité monstrueuse du nazisme et de la Shoah dans les mémoires allemandes n’a fait que se renforcer au cours des années, à la manière de ces montagnes dont les dimensions réelles, pour reprendre une comparaison qu’aime à employer l’historien Norbert Frei, se révèlent d’autant mieux qu’on s’en éloigne. Ce « passé qui ne veut pas et ne doit pas passer » affecte aussi bien le discours politique que l’enseignement et la recherche, les médias que les films et les musées, la littérature et la philosophie. Omniprésent et obsessionnel, il rend compte de la vivacité des débats qui, à intervalles réguliers, agitent l’opinion publique autour de la place à lui faire qu’il s’agisse du grand débat abusivement qualifié de « querelle des historiens » autour de la centralité à reconnaître au nazisme et à la Shoah dans la culture politique allemande ou des débats récents autour du monument à la mémoire des juifs d’Europe assassinés. « Loin de perdre sa pertinence politique existentielle au fur et à mesure que la distance dans le temps s’accroît, l’événement historique de l’holocauste ressort de manière toujours plus marquée […]. Nous n’avons pas affaire aujourd’hui à un processus d’autosublimation, mais, au contraire, à une intensification de la problématique de la mémoire. », constatait à juste titre il y a peu Aleida Assmann. Dans la culture mémorielle de l’Allemagne contemporaine, Hitler, comme figure obsessive et répulsive, est devenu par excellence le grand homme en négatif du passé allemand. « La voie spécifique de l’Allemagne, marquée par le nazisme et ses conséquences, ajoutait Aleida Assmann, rend dans ce pays la question de la mémoire aussi pesante que pressante. Auschwitz est la catastrophe nationale qui a fait voler en éclats la mémoire culturelle des Allemands, un processus qui se poursuit encore aujourd’hui. Cette catastrophe ne doit pourtant pas avoir pour effet une apathie de la mémoire, mais un intérêt aigu et critique pour la fonction complexe que remplit la mémoire culturelle dans l’histoire allemande, hier comme aujourd’hui.
Le consensus autour de l’interprétation du nazisme et de la Shoah comme mal absolu, comme « signe historique négatif » (negatives Geschichtszeichen) et comme réalité historique spécifiquement allemande imposant à chaque génération nouvelle un double devoir de rupture et de confrontation critique, est aujourd’hui un des consensus les plus forts de la société allemande. « En tant qu’Allemands, note encore Aleida Assmann, nous sommes intégrés dans cette mémoire qui nous dépasse. De ce fait, notre situation ne peut être décrite qu’à l’aide de ce paradoxe : nous ne pouvons pas choisir de refuser cette mémoire ; notre devoir est de nous décider librement pour elle. » Mais le renforcement de ce consensus est allé lui-même de pair avec une mutation non moins essentielle avec la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide et du monde bipolaire, et la réunification pacifique de l’Allemagne avec l’accord de la communauté internationale, par extension à l’ancienne Allemagne de l’Est du modèle de la République fédérale et sur la base de la Loi fondamentale. Cette réalité nouvelle a entraîné à son tour une recomposition mémorielle aux six caractéristiques suivantes. La première d’entre elles a été la fin de la question allemande. « Tant que la porte de Brandebourg sera fermée, la question allemande restera ouverte », avait coutume de dire avant 1989 l’ancien président de la République fédérale Richard von Weizsäcker. Or, depuis le 3 octobre 1990, il n’y a plus de question allemande. L’incertitude dangereuse liée à la non-superposition pluriséculaire entre l’Allemagne comme réalité culturelle et imaginaire, d’une part, et l’Allemagne comme réalité territoriale et politique, de l’autre, a pris fin ; pour la première fois dans l’histoire, la question posée au début du XIXème siècle par le poète Ernst Moritz Arndt : « La patrie de l’Allemand, quelle est-elle ? », a reçu une réponse claire et durable. La seconde conséquence de la réunification a été de confirmer la mue réussie de l’Allemagne en une démocratie occidentale exemplaire avec l’assurance intérieur renforcée et les nouvelles responsabilités extérieures qui en sont la suite logique. L’argument décisif avec lequel Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères du chancelier Schröder et leader d’un parti à l’identité pacifiste marquée, a convaincu une majorité de députés du Bundestag, en 1995, d’autoriser l’armée allemande à intervenir militairement contre la Serbie au Kosovo, n’a-t-il pas été « plus jamais Auschwitz » (nie wieder Auschwitz) ? La troisième conséquence de la réunification a été de confronter les Allemands à un double défi mémoriel : assumer, d’une part, le fait que, de tous les pays européens, l’Allemagne, comme le fait remarquer Jorge Semprun, est le seul à avoir vécu et subi sur son territoire et de son propre fait les deux dictatures du XXème siècle, œuvrer, d’autre part, à la reconnaissance réciproque et à la réunification de mémoires séparées et souvent antagonistes, enracinées elles-mêmes dans des expériences et des histoires fondamentalement différentes et irréductibles, processus qui est loin d’être achevé et qui reste marqué par une dissymétrie accentuée entre le poids relatif des mémoires « occidentales » (majoritaires et en quelque sorte légitimées par l’évolution historique) et des mémoires « orientales » minoritaires et souvent discréditées. La quatrième conséquence a été de confronter la société allemande à une dimension à laquelle elle croyait avoir échappé à l’époque de la division, à savoir la dimension nationale. Redevenue Etat-nation, l’Allemagne s’interroge de nouveau mais de manière plus apaisée sur les dimensions nationales de son passé et de sa mémoire, tant dans le long terme (réappropriations patrimoniales) que dans le court terme (nouveaux débats menés dans un contexte très marqué par la « concurrence des victimes » autour des Allemands comme acteurs et victimes du nazisme et de la guerre).
Une cinquième conséquence a été de faire rejouer la polarité constitutive de l’identité allemande entre le niveau national, d’une part, et le niveau régional et local, de l’autre, avec, entre ces deux niveaux complémentaires, une sorte de partage des tâches tacite et éprouvé : au niveau national, l’accent mis sur les ruptures, les dimensions tragiques et meurtrières du passé, et les interrogations critiques et autocritiques qui y sont liées ; au niveau régional et local, l’accent mis sur les continuités et les enracinements, les réussites valorisantes et les valeurs patrimoniales et communautaires. La concentration à Berlin, redevenue capitale, de mémoriaux portant sur les aspects les plus tragiques et les plus criminels de l’histoire proche fait, de ce point de vue, contraste avec les efforts entrepris dans les villes de moindre importance pour la remise en valeur du patrimoine historique, architectural et culturel. La dernière conséquence enfin, elle-même inséparable de la poursuite de la construction européenne et de l’accélération de la mondialisation, a été une prise de conscience accrue des dimensions foncièrement européennes et relationnelles de l’histoire et des mémoires allemandes ; cette évolution a eu à son tour une double retombée : elle a redonné une nouvelle actualité à la thèse formulée dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale selon laquelle l’évolution de l’Allemagne aurait dévié de la norme occidentale (thèse du Sonderweg) et au genre historique très répandu de l’essai historique autocritique et volontiers suspicieux ; elle rend par ailleurs compte du fait qu’à l’heure actuelle aucun pays ne prend autant à cœur l’appel lancé par Marc Bloch en 1928 en faveur d’une « histoire comparée des sociétés européennes » et n’accorde autant d’importance à l’histoire comparée que l’Allemagne.
Parallèlement à ces évolutions, et sans aucun doute en interaction avec elles, la recherche allemande a été marquée par un intérêt croissant pour les questions de mémoire. Longtemps retardée par les contraintes liées à la confrontation avec un passé trop pesant pour pouvoir être vraiment assumé (ce qu’on appelle en allemand, d’un mot lui aussi difficilement traduisible, la Vergangenheitsbewältigung), mais probablement aussi par le fait que la langue allemande dispose de deux notions – Erinnerung (qui met davantage l’accent sur le contenu) et Gedächtnis (qui évoque davantage le contenant) – pour parler de ce qu’en français on rassemble sous l’unique vocable de « mémoire », la recherche allemande en la matière n’a véritablement pris ses débuts que dans les années quatre-vingt du siècle dernier avec l’essai de Thomas Nipperdey sur la cathédrale de Cologne comme lieu de mémoire et l’enquête de Reinhart Koselleck sur les monuments aux morts. Mais, depuis, la recherche allemande sur les questions de mémoire est en plein essor, avec une vitalité et une inventivité dont il n’est pas sûr qu’on ait pris en France la vraie mesure. Située à la croisée de traditions érudites et spéculatives spécifiquement allemandes et de problématiques s’inspirant des impulsions de la recherche internationale, elle est le fait non seulement d’historiens de toutes les périodes avec une mention particulière pour les travaux de l’égyptologue Jan Assmann et des médiévistes Otto Gerhard Oexle et Johannes Fried mais aussi d’historiens de la culture, tel Olaf Rader, de littéraires, telle l’angliciste Aleida Assmann, de psychologues, telle Petra Bock, ou de neurobiologistes, tel Wolf Singer. Comparant dans un essai écrit peu avant la chute du mur de Berlin les modes de rapport au passé français et allemand, je relevais de l’un à l’autre des différences de nature. A l’heure actuelle, je ne parlerais plus que de différences de degré, tant les convergences et les similitudes l’emportent sur les divergences héritées. L’accueil plus que favorable réservé à une application au passé allemand de l’approche des lieux de mémoire d’abord développée en France pour mieux rendre compte de la spécificité française, n’en est qu’une illustration parmi d’autres.
Des Deutsche Erinnerungsorte aux mémoires allemandes
Mémoires allemandes, au même titre que Erinnerungsorte Frankreichs, édité en commun par l’Institut historique allemand de Paris et l’Ecole des hautes études en sciences sociales, s’inscrit, tel un point d’orgue, dans un moment particulier du rapprochement franco-allemand, avec la parution du premier volume du nouveau manuel franco-allemand d’histoire écrit en commun par des historiens des deux pays et proposé à la rentrée 2006 aux lycéens français et allemands de second cycle. Ces convergences et concomitances sont autant d’expressions d’une reconnaissance réciproque avancée ; elles confirment l’interpénétration croissante des mémoires françaises et allemandes que de nombreuses enquêtes ont mise en lumière. N’est-ce pas là le signe qu’après avoir été longtemps séparés par des mémoires antagonistes, en dépit et à cause de leur histoire entremêlée, Français et Allemands sont désormais entrés dans l’ère des mémoires partagées ?
Adapté et retravaillé par Serge Barcellini, d’après le texte du professeur Etienne François, in « Mémoires allemandes », (dir) Etienne FRANCOIS et Hagen SCHULZE, Paris, Gallimard, 2007
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