La mémoire du réseau « Alliance »
La mémoire du réseau « Alliance » est matérialisée en Alsace et dans plusieurs communes allemandes grâce à l’action du Souvenir Français. Parmi les résistants du réseau, 432 sont Morts pour la France, soit environ 15 % de ses effectifs.
Dans le département du Bas-Rhin, le réseau « Alliance » restait inconnu parmi la population des patriotes alsaciens. En effet, les actions de ce réseau de renseignements militaires n’ont pu s’établir en terre alsacienne du fait que l’Alsace-Moselle était terre allemande.
Ce n’est que par la découverte en 2000, par hasard, des 3 stèles érigées en 1957 le long du Rhin que le souvenir de ce prestigieux réseau a été ranimé. Depuis 2001, Le Souvenir Français du Bas-Rhin s’active pour entretenir la mémoire des « Morts pour la France » de ce réseau de renseignements militaires.
Il a semblé nécessaire au comité de Strasbourg d’inviter, le 7 avril 2001, à l’occasion de la rénovation de ces stèles, les villes allemandes où 126 membres ont été torturés, massacrés, fusillés.
Depuis 17 ans, un partenariat est né entre Le Souvenir Français du Bas-Rhin et les municipalités des villes allemandes concernées par ces massacres.
Les pierres des 3 stèles sont des témoins muets certes, mais grâce à elles, le réseau « Alliance » revit dans la mémoire collective des deux côtés du Rhin.
En 16 ans, 10 stèles ou plaques ont été mises en place grâce au Souvenir Français.
L’histoire du réseau Alliance
Le réseau de résistance « Alliance » est créé fin août 1940 à Oloron (64) par un noyau de Français qui, à l’instar du Général de Gaulle, décida de poursuivre la lutte par tous les moyens.
A sa tête se trouvaient deux personnalités clés ; le Commandant Georges LOUSTAUNAU-LACAU, officier de carrière, et Marie-Madeleine MERIC (plus tard FOURCADE), ancienne secrétaire générale d’un groupe de publications que dirigeait précisément le Commandant sous son nom de plume « Navarre ».
Animés de sentiments patriotiques ardents, l’analyse de la situation qu’ils vivaient en cet été 1940 les amena progressivement aux conclusions qui guideront désormais leurs actes, à savoir :
Des contacts sont pris rapidement avec Londres, plus particulièrement avec le Commander Kenneth COHEN, l’un des membres les plus importants de l’Intelligence Service (IS ou MI6). Compte tenu de l’urgence de la situation, les Anglais étaient disposés à fournir à brève échéance une aide en moyens de transmission pour l’acheminement de renseignements.
Il était entendu qu’« Alliance » serait relié à l’Intelligence Service qui fournissait une aide technique et une assistance financière. Le premier poste émetteur leur fut livré en avril 1941, soit 8 mois après la création du réseau.
De 2 résistants au départ à l’été 1940, ils seront 50 à Noël, 150 au printemps 1941, pour atteindre 2000 à la fin de l’année 1942 et environ 3000 en 1943.
« Alliance recrute dans tous les milieux sociaux, particulièrement auprès de la droite militaire et nationaliste, la moitié des membres appartenaient à la fonction publique en raison de leur position stratégique pour obtenir des renseignements et plus d’un quart du réseau était composé de femmes, notamment pour faciliter le transport du courrier.
Engagés avec une foi inébranlable et un dévouement total dans une lutte périlleuse contre l’envahisseur, rien, au départ, ne semblait les désigner pour l’héroïsme et l’aventure.
Ils s’étaient simplement unis pour mettre en commun leurs forces morales et matérielles au service d’un même idéal : la délivrance de la Patrie.
En été 1943, sur les 3000 résistants que comptait le réseau, un tiers étaient des membres actifs permanents travaillant sous pseudonyme, soutenus par une infrastructure de base composée d’informateurs, de boîtes à lettres, de personnes disposant d’emplacements de postes émetteurs, ou encore mettant à leur disposition des lieux d’asile.
A partir de 1943, le réseau fonctionnait dans la plénitude de ses possibilités d’action et obtient un statut militaire qui, de fait, l’assimilait à une unité régulière de l’armée.
Cette montée en puissance était le fruit d’un travail acharné, très apprécié par les états-majors, ce qui avait incité les Anglais à apporter un soutien massif à l’action menée. Du côté allemand, l’Abwehr (le contre-espionnage), le Sicherheitsdienst (Service de sécurité) et la Gestapo (police secrète d’Etat), se rendaient compte, du danger que représentait pour les intérêts allemands la masse redoutable d’informations secrètes transmises aux Alliés par ce réseau particulièrement opérationnel.
Ce n’est donc pas étonnant que, dès l’occupation de la zone libre en novembre 1942, ils se lancèrent dans l’exécution d’une opération d’envergure visant à neutraliser à tout prix les activités du réseau.
Activités
Au départ, la priorité était donnée au « Renseignement marine ». Celui-ci portait alors essentiellement sur les activités des sous-marins de la « Kriegsmarine » basés dans les ports français de l’Atlantique (nombre, classe, mouvements, abris, etc.).
Les autres activités incluaient : les terrains d’aviation et leurs occupants ; les transferts de troupes (vers la Russie, plus tard vers la Normandie) ; les emplacements des dépôts de carburants, lieux de stockage de matériels, transports, destinations ; l’organisation des positions de défense (mur de l’Atlantique, Organisation TODT) ;les armes nouvelles ; la reconstitution de l’ordre de bataille ; la haute valeur des informations transmises par la section « marine » ; la réussite spectaculaire, en 1942, de l’évasion en sous-marin du Général Giraud pour Alger ; l’organisation parfaite des liaisons aériennes clandestines ; la fourniture, en 1944, d’un plan des défenses de la presqu’île du Cotentin d’une longueur de 17 mètres, exécuté dans ses moindres détails enfin, les précieux renseignements concernant la base de PEENEMÜNDE, la mise au point des projectiles-fusées du type V1 et V2, ainsi que la localisation de leurs rampes de lancement.
Par ailleurs, « Alliance » avait organisé une filière d’exfiltration de personnalités et d’aviateurs de la Royal Air Force tombés sur le sol français, dont bénéficiaient également les volontaires désireux de rejoindre les combattants des forces françaises en Afrique
L’année 1943 fut l’année des arrestations, des condamnations, des jugements et des exécutions.
La présence de « taupes » infiltrées par l’adversaire au sein du réseau provoque l’effondrement d’une grande partie du réseau. Il y eu plus de 1000 arrestations.
Après leur arrestation à Paris ou en province, les résistants sont regroupés à Fresnes où ils sont « questionnés ». L’AST de Dijon centralise les dossiers et les communique à l’AST de Strasbourg, chargé de la confection du dossier judiciaire. Ils sont transférés au camp de Schirmeck/Vorbrück ou dans les prisons du pays de Bade selon les places disponibles. Après de nombreux « interrogatoires », les pièces nécessaires à la comparution devant le Tribunal de Fribourg en Brisgau sont rédigées.
D’autres résistants, arrêtés par la Gestapo (et non par l’Abwehr) furent traités directement par Berlin et furent dispersés dans les camps de concentration ou forteresses. Ce fut le cas du Colonel Léon FAY, chef militaire d’ « Alliance » qui après sa détention à Bruchsal dans une cellule-caveau pendant 9 mois, est fusillé avec son camarade de réseau Vernon et 822 autres détenus, le 3 janvier 1945 à Sonnenburg (Slonsk) en Pologne.
Tous sont considérés comme « terroristes » et non comme soldats, tous les membres d’Alliance seront fichés d’emblée par l’occupant dans une catégorie spéciale, connue sous l’appellation « Nacht und Nebel » (Nuit et brouillard).
C’est en effet dans l’Alsace, que le SS-Obersturmführer GEHRUM, chef de la section III du contre-espionnage de la Gestapo de Strasbourg accompagné par deux acolytes Schoenner et Brunner sévissent :
L’action de la délégation générale du Souvenir Français du Bas-Rhin assure l’entretien de la mémoire du réseau Alliance et ses Morts pour la France.
Mireille HINCKER
Déléguée générale honoraire du Souvenir Français 67
Contact : mireille.hincker@wanadoo.fr
Annexe :
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