Le billet d’humeur du président général

4 septembre 2023

Il y a 40 ans, la République rendait hommage à Jean Moulin

Le 80ème anniversaire de la mort de Jean Moulin a vu la multiplication des initiatives de terrain en particulier dans les villes mémoire du héros de la Résistance.

Le président de la République, Emmanuel Macron s’est rendu à la prison de Montluc afin de souligner l’importance qu’il accordait au rôle de ce grand préfet de la République tout en y ajoutant un hommage aux enfants d’Izieu, puis sur le site où fut créé le Conseil National de la Résistance, à une date différente de celle du moment historique.

Ce 80ème anniversaire est bien différent de celui organisé lors du 40ème anniversaire.

Le 16 mars 1983, Jean Laurain, Ministre des Anciens Combattants, présentait en Conseil des ministres le programme commémoratif du 40ème anniversaire du décès de Jean Moulin.

Un Comité national était créé. Placé sous la présidence du Premier ministre, il rassemblait cinq ministres, le chancelier de l’Ordre de la Libération, onze présidents d’association d’anciens résistants, quatre présidents d’association du Souvenir de Jean Moulin, cinq responsables de la Résistance et onze collaborateurs de Jean Moulin dont Daniel Cordier, au début de son « émergence médiatique ».

Le 28 avril, Pierre Mauroy, Premier ministre, installe le Comité National à l’Hôtel Matignon. « Quarante ans après la tragique disparition de l’unificateur de la Résistance, le gouvernement de la République tient à manifester de manière solennelle et multiplie l’hommage que la France doit tout entière rendre à Jean Moulin » déclare-t-il. 

Le programme mis en œuvre par cette commission s’articula autour de trois grandes dates :

-Le 17 juin marqué par le premier acte de résistance de Jean Moulin ;

-Le 21 juin marqué par son arrestation ;

-Le 19 décembre marqué par le transfert de ses cendres au Panthéon.

Le 17 juin fut décrété Journée nationale Jean Moulin.

Le 17 juin 1940, les Allemands rentrent à Chartres. Le préfet Jean Moulin les accueille. Il a rappelé dans son ouvrage Premier combat comment se termina cette journée.

Deux jeunes officiers allemands viennent le chercher. Ils le somment de signer un « protocole » reconnaissant que des tirailleurs sénégalais ont commis dans un village des environs un effroyable massacre, tuant et violant des femmes et des enfants. Pendant plusieurs heures, Jean Moulin, qui refuse de signer, est brutalisé. La nuit venue, il est enfermé dans une maison puis transféré en prison, dans laquelle est déjà incarcéré un tirailleur. Afin de résister à la pression allemande, Jean Moulin s’ouvre la gorge avec des débris de verre qui jonchent le sol.

Le 17 juin 1983, un portrait gigantesque de Jean Moulin est fixé à l’Arc de Triomphe. François Mitterrand, président de la République, ravive la Flamme à 11 heures en présence de milliers de personnes.

Le même jour, un hommage est organisé dans un grand nombre de communes française et des cérémonies régionales ont lieu dans les villes étapes de Jean Moulin : mémoire de la naissance et de la jeunesse à Béziers et à Montpellier ; mémoire de la carrière préfectorale à Chambéry, Albertville, Châteaulin, Thonon, Amiens, Rodez et Chartres ; mémoire de l’engagement dans la Résistance à Saint- Andiol et Nice.

Puis fut rappelé le temps de l’arrestation avec d’importantes cérémonies à Lyon, Caluire et Montluc. Charles Hernu, ministre de la Défense présidait à Lyon, le 19 juin, un repas fraternel auquel assistaient 1300 anciens résistants.

Le 21 juin, était inaugurée une plaque par Charles Fiterman, ministre des Transports et Jean Laurain, secrétaire d’Etat près du ministre de la Défense chargé des Anciens combattants, dans la gare de Metz où Jean Moulin fut déclaré décédé par les autorités allemandes au cours de son transfert de Paris à Francfort. Sur la plaque apposée, un texte :

« A la mémoire de Jean Moulin (1899 – 1943)
Préfet de la République
Représentant du Général de Gaulle en France
 Unificateur de la Résistance
Fondateur du Conseil National de la Résistance 
Arrêté le 21 juin 1943 par le Gestapo 
Présumé mort en gare de Metz le 21 juin 1983 »

Le 19 décembre : vingt ans plus tôt les cendres de Jean Moulin entraient au Panthéon, au milieu du peuple de Paris, en présence du Général de Gaulle, des membres du gouvernement, des Compagnons de la Libération et des membres du Conseil National de la Résistance.

Ce jour-là, André Malraux prononçait un de ses discours inspirés et pathétiques dont il avait le secret. Rappelons-en la péroraison :

« Chef de la Résistance martyrisé dans des caves hideuses, regarde de tes yeux disparus toutes ces femmes noires qui veillent nos compagnons : elles portent le deuil de la France et le tien.

Regarde glisser sous les chênes nains du Quercy, avec un drapeau fait de mousselines nouées, les maquis que la Gestapo ne trouvera jamais parce qu’elle ne croit qu’aux grands arbres. Regarde le prisonnier qui entre dans une villa luxueuse et se demande pourquoi on lui donne une salle de bain – il n’a pas encore entendu parler de la baignoire. Pauvre roi supplicié des ombres, regarde ton peuple d’ombres se lever dans la nuit de juin constellée de tortures.

Voici le fracas des chars allemands qui remontent vers la Normandie à travers les longues plaintes des bestiaux réveillés : grâce à toi, les chars n’arriveront pas à temps. Et quand la trouée des Alliés commence, regarde, préfet, surgir dans toutes les villes de France les commissaires de la République – sauf lorsqu’on les a tués.

Tu as envié, comme nous, les clochards épiques de Leclerc : regarde, combattant, tes clochards sortir à quatre pattes de leurs maquis de chênes et arrêter avec leurs mains paysannes formées aux bazookas l’une des premières divisions cuirassées de l’empire hitlérien, la division das Reich.

Comme Leclerc entre aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi, et même, ce qui est peut-être plus actrice, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration ; avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle – nos frères dans l’ordre de la Nuit…

Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme, comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé, elle était le visage de la France ».

Le 19 décembre 1983, Alain Savary, ministre de l’Education Nationale remettait solennellement les prix aux lauréats du concours de la Résistance, avant que ces jeunes organisent une veillée au Panthéon. La sensibilisation de la Jeunesse, tant souhaitée par André Malraux vingt ans plus tôt, accompagne ainsi les trois temps commémoratifs grâce à une campagne d’affichage (en particulier dans le métro parisien), l’émission de souvenirs philatéliques dont treize flammes d’oblitération, trois bureaux de poste territoriaux, quatorze documents philatéliques et une médaille commémorative frappée par l’Hôtel des Monnaies.

Retenons surtout la circulaire adressée par Alain Savary en avril 1983 à l’ensemble des chercheurs, inspecteurs d’académie et chefs d’établissements. Elle mobilisait l’ensemble des enseignants.

Enfin, il faut rappeler qu’un film réalisé par Alain Penisson « Jean Moulin, un homme de liberté » était diffusé à la télévision.

1983, une grande année commémorative. 

Pour consulter les documents annexes : CLIQUER ICI

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