A la fin de l’année 1906, Auguste Spinner, organise une réunion de travail à Paris en présence de François-Xavier Niessen et sous la présidence du ministre de la guerre le général Piquart.
Il présente le projet d’ériger à Wissembourg un monument à la mémoire des soldats français tombés sur ce territoire depuis le 18ème siècle.
Lors de cette réunion, accord est donné par le gouvernement français pour le soutien de l’érection de deux monuments – un en Moselle (Noisseville) et un en Alsace (Wissembourg). Le gouvernement fournit le bronze pour les figures monumentales, issu d’anciens canons français de la place de Belfort.
Le Souvenir Français alsacien (1 200 membres) se mobilise pour mener à bien le projet sous l’impulsion d’Auguste Spinner nommé délégué général du Souvenir Français pour l’Alsace.
Un choix d’emplacement est fait : au flanc du Geisberg au lieu-dit des trois peupliers, terrain que Spinner acquiert gracieusement d’un ami.
L’appel à concours est lancé le 27 février 1909. Certains critères doivent être respectés :
« Le monument a pour but de conserver le souvenir des soldats français qui ont combattu dans les batailles livrées aux environs de Wissembourg à quatre époques :
– La guerre de la succession d’Espagne et notamment en 1705, sous le maréchal de Villars
– Au cours de la guerre de la succession d’Autriche et notamment en 1744, sous le maréchal de Coigny.
– Lors des guerres de la Révolution en 1793 sous le général Hoche
– Le 4 août 1870 sous le général Abel Douay.
…. L’idée de la gloire doit être tempérée par celle de la Mort».
18 projets sont présentés. Le projet du sculpteur Albert Schultz « Patrie » est retenu.
En grès blanc des Vosges avec un génie de la Patrie, orné par un coq gaulois, le monument s’élève à 14 mètres de haut. Il porte une inscription simple, un compromis entre les autorités allemandes et le comité d’action chargé d’ériger le monument : « Aux soldats français morts pour la patrie ».
De nombreuses idées de Spinner sont refusées par les autorités allemandes. Les quatre symboles rappelant les 4 périodes honorées par le monument, des gravures du soleil de Louis XIV, les fleurs de Lys, le faisceau des licteurs avec un bonnet phrygien et l’aigle impérial napoléonien, sont détruits avant l’inauguration du monument.
En concurrence amicale avec le monument de Noisseville, érigé par Jean-Pierre Jean, Spinner souhaite que l’inauguration du monument de Wissembourg soit encore plus grandiose que celle réalisée en octobre 1908 en Moselle.
Le monument est inauguré le 17 octobre 1909 en présence de 50 000 personnes.
De nombreux discours sont prononcés. Guillaume Gunzert décrit en quelques mots le message transmis par le monument.
« Au faîte du monument se dresse fièrement le coq gaulois, qui semble proclamer maintenant et à tout jamais la gloire et la vaillance des soldats français tombés au champ d’honneur. Comme simple ornementation, l’artiste a ajouté à son œuvre une panoplie et quatre coiffures militaires rappelant les différentes périodes de l’histoire. Dans le haut de l’obélisque, le comité a eu soin de sceller un parchemin qui devra rappeler un jour aux générations futures la noble pensée des promoteurs de l’œuvre ».
Une équipe de Pathé filme l’inauguration qui sera présentée en cinémas en France et en Alsace-Lorraine durant le mois d’octobre 1909.
En 1910, le monument devient un lieu de pèlerinage français à l’occasion du 40ème anniversaire de la guerre de 1870 (2 000 visiteurs le jour de la Pentecôte).
Le gouvernement allemand réagit face à cette recrudescence de la francophilie.
En 1912, Le Souvenir Français d’Alsace Lorraine est forcé de s’autonomiser et de rompre ses relations avec Le Souvenir Français national.
Occulté pendant la durée du conflit de 14/18, le monument est refleuri lors de l’entrée des troupes françaises à Wissembourg le 24 novembre 1918. Il reprend vie.
Le 19 mai 1919, une importante cérémonie y est organisée, le 22 août 1919 Raymond Poincaré s’y recueille.
Le 25ème anniversaire de l’inauguration donne lieu à une importante manifestation le 28 juillet 1935.
Symbole de la Résistance française, le monument est dynamité par les troupes allemandes en septembre 1940.
Un nouveau monument, plus simple, est inauguré sur les ruines de l’ancien, le 13 novembre 1960, sous la présidence du ministre des anciens combattants Raymond Triboulet.
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