Le Souvenir Français face au temps des polémiques
Depuis quelques mois, notre association traverse une période de turbulences médiatiques. En quatre mois, quatre affaires ont placé le Souvenir Français au centre de l’attention publique.
1. La vente du site Friscati-Mouton Noir (Meurthe-et-Moselle) – Situation au 27-10-2025
Les faits – À la suite de la donation de l’institutrice Marie-Marguerite Wibrotte en 1931, le Souvenir Français est devenu propriétaire de la ferme Friscati-Mouton Noir composée de trois lots immobiliers (deux appartements, une salle du Souvenir, et une petite chapelle située à proximité du site). L’espace muséal Chaubet, construit en 2004, constitue une initiative postérieure. Ces bâtiments sont totalement distincts de la nécropole nationale, propriété de l’État.
Confrontée à des difficultés de gestion des deux appartements régulièrement squattés, l’association a cessé leur location en 2017. Afin de valoriser le site, une convention de six ans a été conclue avec la Communauté de Communes du Territoire de Lunéville à Baccarat (CCTLB) afin d’assurer les visites.
Le coût annuel pour le Souvenir Français (9 500 € de fonctionnement + 5 300 € en valorisation du bénévolat) pour accueillir 1 150 scolaires, soit 17 € par élève, est devenu disproportionné. Dès lors que la Maison régionale de la Mémoire à Metz peut assurer désormais ce rôle, le conseil d’administration a décidé de céder ce patrimoine. Malgré de multiples démarches depuis 2018 et une réunion en préfecture en 2019 associant toutes les collectivités concernées, aucune n’a souhaité se porter acquéreur. L’association a pourtant consenti plusieurs gestes d’ouverture : la valeur estimée en 2018 (250 000 €) a été ramenée à 120 000 €. La CCTLB a proposé l’achat des seuls appartements pour 110 000 €, offre refusée car le Souvenir Français ne souhaitait pas rester copropriétaire d’un bien à charge croissante.
Les décisions – Après sept années de concertation, le Souvenir Français a confirmé sa volonté de se désengager.
Un ultime appel a été adressé aux collectivités au mois d’août 2025 avant la mise en vente dans le privé. Le conseil d’administration a acté : la dénonciation de la convention avec la CCTLB avant le 26 février 2026 ; la fin du contrat avec le collectionneur et le retrait des collections après le 11 novembre 2025 ; la pose d’un panneau pédagogique rappelant le rôle de Mlle Wibrotte à la chapelle Notre-Dame de la Délivrance, qui demeure propriété du Souvenir Français.
La polémique – Les collectivités publiques n’ont pas manqué de l’alimenter, chacune se refusant d’acquérir le site mais exigeant que le Souvenir Français continue d’en assumer la charge.
2. La cérémonie de Reichshoffen – Morsbronn-les-Bains (Bas-Rhin) – Situation au 06-10-2025
Les faits – Le 6 août 2025, le comité de Woerth, en partenariat avec la municipalité, a organisé la traditionnelle commémoration de la bataille de 1870. Ce comité, très restreint (quatre adhérents, présidé par la même personne depuis dix-sept ans sans élection), a vu son président refuser de saluer le député de la circonscription (RN) et l’empêcher de déposer une gerbe et de saluer les porte-drapeaux. Il a, de surcroît, prononcé un discours à tonalité politique dénonçant la peste brune qui se développe en France. Le député a saisi la justice pour diffamation publique. Malgré les tentatives d’apaisement du délégué général, le président du comité a multiplié les déclarations médiatiques, entraînant une vingtaine d’articles dans la presse nationale au mois d’août.
Les décisions – Le Souvenir Français désapprouve les agissements du président du comité, contraires au protocole républicain. Le délégué général est chargé de reconstruire la territorialisation du Souvenir Français dans le Bas-Rhin. Aucun comité ne devra désormais exister en dessous de sept adhérents.
La polémique – Une fois la décision prise de ne pas répondre à la presse ni aux courriers et que la polémique se tarissait, la ministre démissionnaire déléguée aux anciens combattants et à la mémoire a adressé le 25 septembre 2025 un courrier au député RN afin de soutenir sa position. Le 6 octobre 2025, la justice a classée l’affaire sans suite.
3. L’hommage aux incorporés de force Alsaciens-Mosellans – Situation au 20-10-2025
Les faits – Depuis trois ans, le Souvenir Français mène une action visant à replacer dans leur vérité historique les incorporés de force d’Alsace-Moselle. Cette initiative se décline à l’international, par la pose de plaques ou stèles commémoratives dans les cimetières allemands ; au national, par des conférences et publications ; au régional, par l’inscription des noms des combattants « Morts pour la France » en 39-45 sur les monuments aux morts des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, qui présentent des listes incomplètes ou absentes des personnes nées dans ces communes. La Région Grand Est a réalisé cet important travail de recensement de ces noms dans ces trois départements et l’inscription se fera uniquement à la demande des municipalités concernées. Le Souvenir Français et la Région Grand Est partageant des valeurs et des objectifs communs, elles ont signé le 1er octobre 2025 une convention de partenariat afin de valoriser les monuments aux morts d’Alsace-Moselle.
La polémique – Une interview du Président général à Radio Bleue Lorraine et mal relayée par France Inter a laissé croire que cette opération consistait à attribuer la mention « Mort pour la France » aux incorporés de force, alors que celle-ci a été décidée par le général De Gaulle le 2 novembre 1945. Malgré notre choix de ne pas alimenter la polémique, la MiDarm démissionnaire a publié un communiqué à la presse signalant que l’initiative du Souvenir Français n’apportait « rien de nouveau », repris ensuite par la presse locale.
Les décisions – Le Souvenir Français poursuit cette opération. Une seconde plaque a été posée le 20 octobre 2025 à Erevan (Arménie). Les inscriptions sur les monuments aux morts continueront dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.
4. La tombe collective de Til-Châtel (Côte-d’Or) – Situation au 31-10-2025
Les faits – Face au manque de place dans son cimetière, la commune de Til-Châtel (1 130 habitants) a décidé la création d’une tombe collective « Morts pour la France », enrichie d’une sculpture et destinée à devenir un lieu central du souvenir où sera organisé des gestes mémoriels forts. Sur huit tombes, une seule famille s’est manifestée et a donné son accord pour la création de la tombe collective. Une photo du chantier prise (par un opposant à la mairie) et diffusée sur les réseaux sociaux a provoqué un emballement médiatique, relayé jusqu’à la directrice générale de l’ONaCVG qui souligne les responsabilités de la commune et du Souvenir Français.
Le 9 octobre 2025, le Souvenir Français qui s’est engagé dans ce dossier, en accordant une subvention en mai 2025, a réuni sur place la municipalité et l’entreprise du Groupe Elabor en charge d’effectuer les travaux.
Les décisions – La cérémonie prévue le 24 novembre prochain au cimetière de Til-Châtel, ne pourra finalement pas être maintenue. En effet, un appel à une contre-manifestation circule actuellement sur les réseaux sociaux, accompagné de gestes de mise en berne de certains drapeaux. Dans un tel climat, Le Souvenir Français ne peut prendre le risque d’organiser une cérémonie mémorielle dans un contexte susceptible de compromettre la sérénité et la dignité de l’hommage rendu. Cette décision, prise en concertation avec Monsieur le Maire de Til-Châtel, a été approuvée par ce dernier…
Conclusion
Une visibilité inédite – Jamais le Souvenir Français n’aura été autant présent dans l’espace public. Cette médiatisation, si elle bouscule, témoigne d’une chose essentielle : notre association est vivante, engagée et agissante, à rebours de celles qui se contentent d’organiser des vins d’honneur et de déposer des gerbes.
Une exigence renforcée – Ces épisodes rappellent combien la mémoire nationale reste un sujet sensible.
Trop souvent, l’opinion publique et un nombre certain de responsables (ministres, députés, hauts fonctionnaires, présidents d’association, etc.) commentent sans s’informer, au risque de déformer la réalité.
Une leçon d’avenir – Ces polémiques doivent nous inciter à renforcer nos liens avec les élus locaux ; mieux encadrer nos partenariats avec les entreprises funéraires ; professionnaliser notre communication, notamment sur les réseaux. Le Souvenir Français continuera à défendre la mémoire de la France avec rigueur, dignité et détermination.
Au sujet de l’inscription des noms sur les monuments aux morts
Les monuments aux morts de nos communes entrent de nouveau dans l’actualité.
Après des décennies de désintérêt, nous constatons une envie de redonner à ces lieux centraux de la vie du civisme républicain leur juste place.
Cela se traduit à la fois par des décisions de réfection des monuments dont certains sont très abîmés, mais aussi par la demande de nouvelles inscriptions.
Il nous a donc semblé nécessaire de repréciser quels sont les noms à inscrire sur les monuments aux morts à partir d’une question écrite du Sénateur Philippe Paul et de la réponse apportée par le Cabinet de la Ministre Déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants :
Question de M. PAUL Philippe
(Finistère – Les Républicains-R) publiée le 17/10/2024

Réponse de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants publiée le 06/03/2025

Nous constatons, à la suite de cet échange :
– Qu’il est important de différencier les monuments aux morts communaux, qui rendent hommage aux combattants de tous les conflits depuis 1914, et les monuments ou stèles qui rendent hommage à des combattants d’un seul conflit (Indochine, Algérie…), voire d’un seul épisode d’un conflit (Résistance, Déportation…). Dans une commune, le nom d’un combattant peut ainsi être inscrit à la fois sur le monument aux morts communal, ainsi que sur un monument ou une stèle plus spécifique.
– Que pour le monument aux morts communal, la position du Souvenir Français est celle de l’État : le nom du « Mort pour le France » est, soit inscrit sur le monument du lieu de naissance, soit sur le monument du lieu de vie. La loi ne dit pas « et » mais « ou ».
– Des inscriptions multiples sont en développement :
– Sur les lieux de décès
Des communes souhaitent inscrire le nom des « Morts pour la France » intervenus dans leurs communes. Rien ne s’y oppose si et seulement si cette inscription est réalisée sur un monument autre que le monument aux morts communal.
– Sur les différents lieux de vie
Des demandes sont adressées à des communes par des descendants afin d’inscrire le nom sur un second, voire sur un troisième monument aux morts. Pour certains combattants « Morts pour la France », le nom est inscrit sur le lieu de naissance, sur le lieu de vie, voire sur le lieu de la maison secondaire. Le Souvenir Français n’est pas favorable à cette dérive qui détruit la liaison entre l’Histoire et la Mémoire.
Le Souvenir Français est favorable à l’inscription des noms sur les monuments aux morts des lieux de naissance.
À chacun ses morts
Le Journal Le Monde nous apprend qu’un appel à créer un monument « aux avortées inconnues » vient d’être lancé (cf. article ici).
Les avortements sont un drame. À la fois personnel – aucune femme n’y consent avec plaisir – et national : entre 300 000 et 1 million de femmes auraient avorté illégalement chaque année avant 1975.
La loi portée par Simone Veil et voulue par le Président Giscard d’Estaing est un moment essentiel de la reconnaissance des droits des femmes sur leur corps.
Faut-il pour autant créer un lieu de mémoire pour les « avortées inconnues » ?
Nous n’en sommes pas sûr !
Dans cette rubrique sont présentées les initiatives mémorielles des associations qui œuvrent en partenariat avec le Souvenir Français. 1 – Associations d’anciens combattants, de décorés ou de militaires développant des activités mémorielles Fédération Nationale des Combattants, Prisonniers de Guerre et Combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc Plus d’infos : https://www.fncpg-catm.org/ Contact : fncpg@fncpg-catm.org Confédération Nationale des Retraités Militaires Plus […]
Voir l'article >Retrouvez dans cette rubrique les principales actions et déplacements du Président général du Souvenir Français pour le mois passé. Samedi 1er novembre 2025 Comme chaque année j’ai fait la quête aux côtés de mes deux petits-fils, Adrien (15 ans) et Samuel (12 ans). Cette année nous étions à Grenoble au cimetière Saint-Roch avec Eric Bois […]
Voir l'article >Retrouvez dans cette rubrique toutes les initiatives du mois à venir au niveau national et local. 1 – Les publications de nos adhérents et de nos comités 1 – Jean-Pierre Jean, l’homme-drapeau de la Moselle, HONECKER-LAPEYRE Nicolas, Édition des Paraiges Instigateur du monument de Noisseville, érigé en 1908 en l’honneur des soldats français, Jean-Pierre Jean […]
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