Pierre Lemaitre a reçu le prix Goncourt 2013 pour Au Revoir Là-Haut. Psychologue de formation, il se consacre à l’écriture en tant que romancier et scénariste vivant de sa plume à partir de 2006. Il est internationalement reconnu dans le domaine du roman policier avec une série de romans, Travail soigné, Robe de marié, Cadres noirs, Alex, Les Grands Moyens, Trois jours et une vie. Au Revoir Là-Haut, roman picaresque, marque un tournant dans son œuvre. Le 4 janvier 2018, il publie le second volet de la trilogie ouverte avec Au Revoir Là-Haut, sous le titre de Couleurs de l’incendie.
1. Pourquoi avez-vous écrit ce livre que l’on n’attendait pas spécialement de vous ?
J’avais l’ambition depuis longtemps d’écrire un roman autour de la Grande Guerre (dont la littérature m’avait fasciné lorsque j’étais adolescent). Puis en 2010, l’idée m’est venue d’une histoire qui reposait sur une arnaque aux monuments aux Morts. Mon actualité éditoriale m’a obligé à sursoir à ce projet pendant quelques temps. Lorsque j’y suis revenu, je me suis rendu compte que mon histoire n’avait pas l’ADN d’un roman policier. J’ai accepté que ce soit autre chose, un roman picaresque.
2. Votre livre Au Revoir Là-Haut présente également l’effervescence artistique de l’après-guerre. Est-ce un choix ? Et comment analysez-vous cette effervescence ?
La Grande Guerre a eu un effet de sidération sur l’art. La dimension dantesque de cette boucherie à l’échelle d’un continent a littéralement vitrifié l’expression artistique pendant toute la durée du conflit, au point même qu’on parlera du « grand silence des peintres ». La paix revenue, on assiste à un mouvement de balancier : l’art devient la forme privilégiée pour exprimer ce qu’a été la guerre et ce que sont ses traumatismes. En littérature, on verra apparaître la génération des « écrivains combattants » qui vont laisser une œuvre considérable et d’une qualité rare. La peinture va participer à ce mouvement d’expression. La conception de mon personnage repose sur ce constat.
3. Pensez-vous que ces tombes qu’elles soient dans les nécropoles nationales ou dans les cimetières communaux méritent aujourd’hui d’être sauvegardées tant par l’Etat que par Le Souvenir Français.
Je ne sais pas si elles doivent reposer sur Le Souvenir Français. Il me semble que l’Etat, c’est-à-dire la nation, devrait considérer cet entretien comme un devoir de mémoire, surtout à une époque où la communication, de plus en plus rapide, « chasse » les événements avec une rapidité croissante.
Dernier livre paru : Les Couleurs de l’incendie, Albin Michel, 2018.
Pour en savoir plus : http://www.albin-michel.fr/ouvrages/couleurs-de-lincendie-9782226392121
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