Yves Donjon a effectué ses études secondaires à l’Ecole des Pupilles de l’Air de Grenoble (EPA – Base aérienne 749), où il obtient la Préparation militaire Air. Il devient ensuite Pompier de l’Air à la Section sécurité incendie et sauvetage (SSIS) sur la base aérienne 126 « Capitaine Albert Préziosi » de Ventiseri-Solenzara (Haute-Corse). Rendu à la vie civile, il développe sa passion pour l’aviation sous toutes ses formes. Il se spécialise dans l’histoire de l’Armée de l’Air française durant la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement dans celle des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL). Documentaliste du « Mémorial Normandie-Niemen » depuis 1994, il est membre actif de plusieurs associations aéronautiques et patriotiques, dont l’association des Ecrivains Combattants (AEC). Admis à l’honorariat de son grade (Sergent), bénéficiant d’un agrément de collaborateur bénévole du service public (CBSP), il est président de la section des Côtes-d’Armor de l’association nationale des sous-officiers de réserve de l’armée de l’Air (ANSORAA). Yves Donjon est titulaire de plusieurs décorations décernées par la Fédération de Russie, dont notamment l’ordre d’Alexandre Nevski.
L’histoire du régiment d’aviation de chasse « Normandie-Niemen » est en tout point exceptionnelle. Elle l’est surtout par l’amitié indéfectible qui a lié les Français aux Russes et qui perdure de nos jours. Mieux que de belles phrases, il suffit de lire ce qu’a écrit le célèbre écrivain et journaliste russe, Ilya Ehrenbourg :
« Il ne s’agit évidemment pas d’arithmétique. Que signifiait un groupe de pilotes, même des meilleurs et des plus hardis, dans un combat gigantesque où l’on s’affrontait par millions ? Il s’agit d’amitié, d’élan du cœur, qui sont plus chers aux peuples que tous les discours et les déclarations. Il s’agit du sang versé sur la terre russe. Et la Russie n’oubliera jamais que les Français, pilotes au « Normandie », sont venus chez nous avant Stalingrad ! ».
Afin de bien comprendre pourquoi et comment le Régiment « Normandie » a vu le jour, il est nécessaire de revenir deux ans avant sa création, et de se replacer dans le contexte de l’époque.
En juin 1940, la supériorité des troupes allemandes écrase en quelques semaines les armées françaises. Le 18 juin, le général de Gaulle lance un appel qui deviendra historique. Depuis Londres, au micro de la BBC, la radio anglaise, il convie tous les Français qui refusent la défaite, où qu’ils se trouvent, à s’unir à lui dans l’action, sans véritablement savoir de quoi l’avenir serait fait. Ces Français, aussi bien militaires que civils, qui rallient le général de Gaulle en Angleterre vont former les Forces Françaises Libres (FFL). Au sein de ces forces, les aviateurs vont constituer les Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL) qui seront créées le 1er juillet 1940. Après un passage obligatoire (pour formation ou perfectionnement) par les écoles de la Royal Air Force (RAF), les premiers pilotes français libres seront affectés dans des escadrons (Squadrons) au sein de la RAF. Une quinzaine de Français participeront à la Bataille d’Angleterre, de juillet à octobre 1940.
Le 10 juillet 1941, le général de Gaulle confie au colonel Martial Valin, le commandement en chef des FAFL, et le 12 août suivant, le nomme général de brigade aérienne. Il lui confie comme mission prioritaire la création de groupes FAFL autonomes et stables. Pour des raisons de propagande, le général Valin décidera de donner des noms de provinces françaises aux futurs groupes FAFL. Les premières unités volantes réellement FAFL seront le groupe de chasse n° 1 (G.C. I) « Alsace » (intégré à la RAF n° 341 Squadron) et le groupe de bombardement n° 1 (G.B. I) « Lorraine » (n° 342 Squadron) créés les 1er et 2 septembre 1941. Le deuxième groupe de chasse, créé le 20 octobre 1941, sera le G.C. II « Ile-de-France » (n° 340 Squadron).
Au début de l’année 1942, alors que la situation des Alliés est catastrophique sur tous les fronts, le général de Gaulle manifeste son intention de créer une unité d’aviation de chasse française qui ira combattre aux côtés des Russes, sur le territoire soviétique. Mais de très longues et difficiles négociations devront être nécessaires avant que le nouveau groupe puisse enfin voir le jour. Outre le général Valin, deux hommes joueront un rôle déterminant dans la laborieuse création de cette unité, il s’agit de Charles Luguet et d’Albert Mirlesse.
Le groupe de chasse n° 3 (G.C. III) est officiellement crée à Rayak au Liban, le 1er septembre 1942 et est baptisé « Normandie » deux semaines plus tard.
Venus de tous les horizons : Indochine, Angleterre, Libye, Afrique du Nord, des pilotes se rassemblent à Rayak pour constituer l’ossature de « Normandie ». Le 12 novembre 1942, 60 militaires français, dont 15 pilotes et 42 mécaniciens, tous volontaires, décollent de Rayak à bord de trois Dakotas américains pour Bagdad (Irak). Après un long périple, par train, en camions et par avions, le « Normandie » rejoint, le 29 novembre 1942, la base d’Ivanovo, ville située à 250 km au nord-est de Moscou. Différents types d’avions, dont certains anglais ou américains sont proposés par le commandement soviétique ; après les avoir tous testés, les Français arrêtent leur choix sur le chasseur Yakovlev Yak 1, ce qui va droit au cœur des Russes. L’extraordinaire aventure de « Normandie » peut dès lors commencer… Celle-ci sera constituée de trois campagnes durant lesquelles les Français seront confrontés à la Luftwaffe : du 22 mars 1943 au 6 novembre 1943, du 25 mai 1944 au 27 novembre 1944, et du 12 janvier 1945 au 8 mai 1945. Sur cette même période, le personnel de « Normandie-Niemen » a été constitué de la manière suivante :
-4 commandants de groupe : Joseph Pouliquen, Jean Tulasne, Pierre Pouyade, Louis Delfino,
-96 pilotes de chasse,
-3 pilotes de liaison,
-42 mécaniciens (mais ceux-ci ne sont restés en Union soviétique que jusqu’en août 1943),
-1 médecin,
-2 secrétaires,
-4 interprètes.
Le 20 juin 1945, « Normandie-Niemen » (rebaptisé ainsi en juillet 1944 pour sa participation à la bataille du fleuve Niémen) se pose devant une foule considérable venue l’accueillir sur l’aéroport du Bourget, auréolé d’un brillant palmarès : 273 victoires confirmées et 37 probables, 47 avions ennemis endommagés, 869 combats aériens, 5.240 missions de guerre, 4.354 heures de vol de guerre.
Ces chiffres font du « Normandie-Niemen » l’unité française la plus titrée de tous les temps. Mais il est également le groupe de chasse français le plus éprouvé. Sur 99 pilotes qui ont écrit sa glorieuse et légendaire histoire, 42 sont morts pour la France et pour la liberté (entre avril 1943 et avril 1945) sur le front de l’Est. Leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative scellée sur la façade de la Mission militaire française (quai Prechistenskaya), à Moscou.
Ont été élevés à la dignité de « Héros de l’Union soviétique » 4 pilotes français, et 21 se sont vus admis par le général de Gaulle à porter le titre de Compagnon de la Libération.
Depuis le second conflit mondial le « Normandie-Niemen » (surnommé affectueusement le « Neu-Neu ») a été présent sur les divers théâtres d’opérations extérieurs et n’a cessé de s’illustrer dans les cieux du monde entier. Implanté depuis 2012 sur la base aérienne (BA 118) de Mont-de-Marsan, dans les Landes, le Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen » évolue sur l’avion de combat Rafale. Perpétuant les traditions, ses pilotes inscrivent avec fierté leur action dans le sillon tracé par leurs glorieux aînés. En 2017, toujours en première ligne dans la défense de la liberté, le « Neu-Neu » est présent au Sahel et au Levant.
Au sein du Musée de l’Air et de l’Espace (MAE) du Bourget, un « Espace Normandie-Niemen » de 250 m² (inauguré en juin 2015) retrace cette glorieuse page d’histoire. Lorsque vous visiterez ce mémorial, je pense que vous serez pris comme moi par une forme de culte pour toute l’abnégation, l’héroïsme, les joies, les peines, les sacrifices que représentent ces souvenirs que nous nous devons de citer en exemple aux jeunes générations.
Il existe une « Association Mémorial Normandie-Niemen » siégeant au MAE du Bourget ; celle-ci entretient des liens étroits avec le Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen », de même, avec les vétérans et associations de vétérans russes du 18ème Régiment de la Garde aux côtés duquel combattait « Normandie-Niemen » au sein de la 303ème Division aérienne soviétique. Ces liens étroits permettent de maintenir vivante l’exceptionnelle épopée de cette prestigieuse unité de l’Armée de l’Air, née de la France Libre, qui, au même titre que la 2ème D.B., est passée de l’Histoire à la Légende.
Le 9 juin 2017, sur la BA 118 de Mont-de-Marsan, le Régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen » célébrera son 75ème anniversaire.
1942-2017 : après trois quarts de siècle, du Yak au Rafale, pour « Normandie-Niemen », l’aventure continue !
Yves Donjon
Administrateur-documentaliste du « Mémorial Normandie-Niemen »
L’ouvrage :
Écrit par le documentaliste du « Mémorial Normandie-Niemen », ce livre unique et de référence, présente la biographie de tous les membres du personnel ayant appartenu à cette unité, de septembre 1942 à juin 1945. L’ambition de cet ouvrage est de rendre un vibrant hommage à des hommes dont on a trop souvent oublié le nom bien qu’ils aient combattu, parfois jusqu’au sacrifice suprême, afin que nous puissions vivre aujourd’hui en liberté.
« Ceux de Normandie-Niemen » est assurément un livre indispensable pour tout passionné de l’histoire de l’aéronautique française. Publié en juin 2014, cet ouvrage a été couronné par le « Prix du Devoir de Mémoire de l’ANSORAA » et le « Diplôme de l’Aéro-Club de France 2015 ».
Les droits d’auteur et le bénéfice de la vente de ce livre sont reversés à l’« Association Mémorial Normandie-Niemen ».
Ce livre n’est pas commercialisé mais disponible uniquement par commande auprès de l’auteur :
Yves Donjon
21, rue Saint-Nicolas
22960 Plédran
Contact: y.donjon@yahoo.fr
Prix : 23€00 + 5€80 de frais de port = 28€80 ; règlement à l’ordre du « Mémorial Normandie-Niemen »
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