Le colonel (H) Michel BACHETTE-PEYRADE est né le 7 mai 1951 à Paris. Parallèlement à sa carrière civile d’expert-comptable et de commissaire aux comptes auprès de la cour d’Appel de Paris, il mène une carrière complète d’officier de réserve de l’armée de Terre. Auditeur de la 45ème session nationale de l’Institut des Hautes Etudes de Défense nationale, il est nommé conseiller défense auprès du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie de 1998 à 2003, chargé de la protection des PME PMI à caractère sensible et des problématiques de gestion des sorties de crise et de la reconstruction. Affecté d’abord dans les unités conventionnelles de l’arme blindée cavalerie (8ème régiment de hussards et 8ème régiment de chasseurs), puis en qualité d’officier traitant auprès d’état-major interarmées, il sert en opérations extérieures notamment au Kosovo en 1999, en Afghanistan en 2002 et en Côte d’Ivoire en 2004. Il est désigné Conseiller réserves de l’Etat-major des armées (2006 à 2012), puis chargé de mission au cabinet du chef d’état-major de l’armée de Terre (2012 à 2016). Il siège de 2008 à 2014 en qualité de personnalité qualifiée pour trois mandats au Comité ministériel d’audit du ministère des Armées.
Michel BACHETTE-PEYRADE a présidé l’Association « Saumur » des officiers de l’arme blindée cavalerie de 2001 à 2006, puis l’Association nationale des réserves de l’Armée de Terre et membre élu du Conseil supérieur de la réserve militaire de 2013 à 2018. Il est depuis 2016 président national de l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire. Il est officier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite, titulaire de la croix de la Valeur militaire avec deux citations, de la croix du combattant volontaire et est chevalier du Mérite agricole.
1 – Pouvez-vous nous présenter votre association ? Son histoire, son présent, son avenir ?
L’association Amicale des croix de guerre est fondée à Paris le 16 septembre 1919 à la fin de la Première Guerre mondiale pour rassembler dans un même esprit « croix de guerre » les anciens combattants et les personnes morales (communes, unités militaires et institutions civiles) ayant fait l’objet d’une citation comportant l’attribution d’une croix de guerre 1914-1918.
Elle est fondée à Paris par le vice-amiral Émile Guépratte, qui s’était illustré en 1915 lors des opérations navales de la Bataille des Dardanelles, à la suite de la création de la croix de guerre, le 8 avril 1915, décoration destinée à récompenser les belles actions réalisées durant la Première Guerre mondiale.
L’ANCGVM est régie selon la loi du 1er juillet 1901. Elle se présente alors sous la forme d’une amicale à caractère mutualiste orientée vers l’aide sociale en faveur des combattants au front, anciens combattants, blessés de guerre et familles de tués.
Approuvée par les ministères français de la Guerre et de la Marine, elle est placée sous le Haut patronage du Président de la République française et du Roi des Belges, Albert Ier, signant simultanément l’arrêté royal créant la croix de guerre du Royaume de Belgique.
Elle a son siège à Paris en l’Hôtel national des Invalides.
Elle accueillera par la suite les combattants de tous les conflits ayant jalonné le XXème siècle. Dès 1921 sur les théâtres d’opérations extérieures, puis dès 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale, puis les conflits d’Indochine et d’Afrique du Nord et enfin les premières opérations extérieures jusqu’à celles d’aujourd’hui.
Elle prend le nom en 1967 d’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire.
L’ANCGVM aujourd’hui représente la marque du Courage
L’association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire représente aujourd’hui, à travers ses quarante sections départementales ou régionales, en France métropolitaine ou d’outre-mer et à l’étranger, le rassemblement de militaires et anciens militaires, quel que soit leur grade, appartenant à l’armée de terre, l’armée de l’air et de l’espace, la marine nationale ou à la Gendarmerie nationale, de tous les conflits et opérations extérieures où sont engagées les armées françaises, titulaires d’une ou plusieurs citations. Ces citations constituent la marque du courage.
Les citations comportent l’attribution d’une des décorations suivantes :
– Croix de Guerre 1939-1945
– Croix de Guerre des théâtres d’opérations extérieures (TOE)
– Croix de la Valeur militaire
– Médaille de la Gendarmerie nationale avec citation
– Médaille d’or de la Défense nationale pour citation sans croix
L’association nationale cultive la mémoire des combattants de la Première Guerre mondiale décorés de la croix de Guerre 1914-1918.
Sa devise est : « Courage et Grandeur ».
Elle représente également le rassemblement de personnes morales décorées :
– Les Villes et villages décorés des croix de guerre 1914-1918 et/ou 1939-1945. Environ 4 600 villes et communes furent décorées d’une croix de guerre à l’issue des deux guerres mondiales.
– Les Unités militaires, de l’armée de Terre, de la Marine, de l’armée de l’Air et de l’Espace, et de la Gendarmerie, décorées des croix de guerre 1914-1918, 1939-1945, des TOE, de la croix de la Valeur militaire et/ou de la médaille d’or de la Défense nationale pour citation.
– Les Institutions civiles, grandes écoles civiles, administrations, organisations civiles et professionnelles, entreprises, décorées des croix de guerre 1914-1918, 1939-1945 ou TOE, pour le courage et le martyr de leurs ressortissants.
L’esprit « croix de guerre et valeur militaire »
L’Association nationale défend l’« Esprit Croix de guerre et valeur militaire », « La marque du courage » et des traditions patriotiques qu’elle transmet aux plus jeunes générations.
Le siège national de l’association demeure en l’Hôtel national des Invalides au côté des associations nationales rassemblant les membres de l’Ordre de la Légion d’honneur, de la Médaille Militaire et de l’Ordre national du Mérite, ainsi que les amis du musée de l’Ordre de la Libération. L’association est affiliée à la Fédération nationale André Maginot.
Revue « Croix de Guerre et Valeur Militaire »
La revue « Croix de guerre & Valeur militaire » est éditée par l’ANCGVM sur une périodicité trimestrielle. Par convention avec le Service historique de la Défense et l’Ecole de Guerre, la revue publie des articles de stratégie et d’histoire de haut niveau, ainsi que de nombreux historiques de grands soldats et personnes morales (Unités militaires, villes ou institutions civiles) décorés.
L’avenir
Si les effectifs des membres combattants et anciens combattants ont été ramenés aujourd’hui en proportion du format de nos armées, les missions demeurent, et notamment dans le contexte du Devoir de Mémoire et du soutien et de la reconnaissance aux membres, leurs familles, les blessés de guerre et les familles de tués.
Pour cela nous maintenons des liens étroits avec nos interlocuteurs privilégiés que sont le Ministère des Armées, la Grande chancellerie de la Légion d’honneur et l’Etat-major des Armées.
L’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire place par conséquent ses actions dans un esprit de transmission, vers le grand public et en particulier vers les jeunes générations, visant à rendre hommage aux titulaires de ces prestigieuses décorations obtenues au service de la France par leurs récipiendaires.
Nous nous félicitons de nos partenariats auxquels nous apportons notre spécificité, et notamment La Fédération nationale André Maginot, l’Union des Blessés de la Face et de la Tête, le Service historique de la Défense et bien entendu Le Souvenir Français.
2 – Que représente la croix de guerre pour la Seconde Guerre mondiale ? Combien d’attributions ? À qui ?
À titre historique, la croix de guerre 1939 a été instituée par décret-loi du 26 septembre 1939 à l’initiative de Monsieur Édouard Daladier, président du Conseil et ministre de la Guerre, pour récompenser les actions d’éclats de nos combattants.
Plusieurs croix de guerre différentes ont été attribuées par les différents régimes politiques (Alger, Vichy, France Libre) à des combattants pendant la durée du conflit.
L’ordonnance du 7 janvier 1944 rétablit la croix de guerre instituée en 1939, toutes les autres croix étant dès lors suspendues. Toutefois de nombreuses citations seront réexaminées et rétablies après-guerre.
Cette décoration prestigieuse sera appelée croix de guerre 1939-1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
1.628 villes seront décorées pour le courage et le martyr de ses habitants dont 1.548 par décrets de 1948 et 1949 et 5 villes étrangères et outre-mer. Les citations à la Légion d’honneur et à l’Ordre de la Libération, décernées à certaines villes à l’issue de la guerre comporteront souvent l’attribution de la croix de guerre 1939-1945.
33 institutions civiles, grandes écoles, administrations, organisations civiles ou institutions religieuses seront décorées à l’issue de la guerre pour le lourd tribut payé par leurs ressortissants.
3 – Dans le cadre du 80e anniversaire, quelle place est réservée à la croix de guerre pour les communes et les institutions qui en furent décorées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ?
L’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire s’est inscrite résolument depuis 2019 dans les célébrations liées à la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte elle apporte sa pierre par l’organisation de journées d’études nationales et internationales, de haut niveau historique et scientifique, qui ont souvent été l’occasion pour les ressortissants des personnes morales décorées (villes et institutions civiles), de redécouvrir et de se réapproprier leur histoire au travers des croix de guerre qui leur furent attribuées.
En 2019, l’association a organisé à l’invitation du Conseil général de la Meuse une journée d’étude internationale consacrée au plus de 4.600 villes décorées des deux guerres mondiales, en partenariat avec l’Association des Maires de France, et dont les actes ont été diffusés vers le grand public.
En 2022, à l’invitation de l’Institut national du service public, une journée d’étude consacrée aux institutions civiles décorées de la croix de guerre, et dont les actes viennent d’être publiés à la suite d’une contribution écrite des principaux intervenants à la réussite de cette journée. Quatorze grandes écoles civiles, des administrations, des associations et des entreprises furent ainsi mises à l’honneur lors de cette journée clôturée par le général Grand chancelier de la Légion d’Honneur.
En 2024, à l’occasion de la tenue en France des Jeux Olympiques et Paralympiques, l’ANCGVM a souhaité présenter une exposition itinérante et éditer un livre mémorial consacré aux champions sportifs ayant été décorés d’une croix de guerre ou de la valeur militaire. L’exposition a été inaugurée le 25 avril dernier par Madame Patricia Mirallès, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. Après être restée plus de deux mois au château de Vincennes, elle suit sa vocation première qui est de partir en province pour honorer le plus largement possible 58 grands sportifs décorés. Verdun, Alençon, Clermont-Ferrand, Perpignan et d’autres villes ont donné leur accord pour recevoir cette exposition.
Pour commémorer les 80 ans de la Libération, il a été choisi par une équipe-projet menée par le Lieutenant-colonel (R) Franck Galland, Président délégué de la section de Paris, déjà très impliqué dans la réussite des trois premières initiatives, de préparer une brochure qui sera rendue publique au congrès des Maires de France, prévu du 19 au 21 novembre 2024. Elle est destinée à parler des raisons pour lesquelles des communes de France se sont vu décerner la croix de guerre 39-45, rappelant ainsi leurs faits de résistance et de participation à la libération de la France.
Après les débarquements en Afrique du Nord en 1942 et en Corse en 1943, les croix de guerre obtenues par les villes seront présentées dans ce livret à destination des élus et du grand public autour de quatre phases principales, successives et souvent concomitantes, qui se sont déroulées à partir du 5 juin 1944 :
– Le débarquement de Normandie jusqu’à la campagne d’Alsace (partie Nord) avec les libérations de Paris et de Strasbourg ;
– Le débarquement de Provence jusqu’à la campagne d’Alsace (partie Sud) avec les libérations de Toulon, de Marseille et de Colmar ;
– Les actions de la résistance principalement dans le sud-ouest et dans le centre de la France avec les villes martyres ;
– La réduction des poches de l’Atlantique.
Autour du 8 mai 2025, il est également prévu un colloque destiné à parachever ce devoir de mémoire envers les communes ayant reçues une croix de guerre au titre du deuxième conflit mondial.
Et bientôt arrive l’année 2026, qui marquera le 70ème anniversaire de la création de la Croix de la valeur militaire, héritière de la prestigieuse croix de guerre 1914-1918 de nos anciens, et qui sera l’occasion de célébrer et de commémorer les actions d’éclats de nos soldats et unités militaires des trois armées et de la gendarmerie depuis les opérations en Afrique du Nord jusqu’aux opérations extérieures d’aujourd’hui.
Telles sont les réalisations concrètes de l’Association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire qui veut ainsi parler au plus grand nombre du sacrifice, ainsi que des hautes valeurs de courage et d’engagement, des titulaires de ces décorations, qu’ils soient soldats, sous-officiers, officiers cités à titre individuel ; ou unités militaires, villes et institutions civiles citées à titre collectif.
Le mémorial du Mont-Valérien D’après l’ouvrage « Passant, souviens-toi ! : les lieux du souvenir de la Deuxième Guerre mondiale en France », Annette Wieviorka et Serge Barcellini, éditions Plon,1995. Le Mémorial de la France combattante du Mont-Valérien (Hauts-de-Seine), lieu où culminent chaque année les cérémonies anniversaires du 18 Juin, est le site par excellence de la […]
Voir l'article >André Kaspi André Kaspi est professeur émérite à la Sorbonne. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire des Etats-Unis, sur la Seconde Guerre mondiale, notamment « La libération de la France, juin 1944-janvier 1946 », Librairie Académique Perrin, 1995. Deux événements fondateurs du mois d’août 1944 I – Le Débarquement de Provence Le 15 août 1944, les […]
Voir l'article >« Les 100 de 1944 » En 2019, le Souvenir Français a décidé de mettre en valeur les combattants « Morts pour la France » en 1939, à l’occasion du 80e anniversaire de cette année où les combattants attendaient l’arme au pied. Le concept en fut simple : – Demander à chaque Délégué Général de choisir un […]
Voir l'article >