Trois questions à Walter Tenaglia

1 septembre 2025

Trois questions à Walter Tenaglia, Vice-président de l’Associazione Nazionale Combattenti e Reduci – Section de Paris et de l’Ile-de-France

Walter Tenaglia est né à Crecchio dans les Abruzzes en Italie, est arrivé à Paris, où il vit encore aujourd’hui, à l’âge de 7 ans avec sa sœur Claudia et ses parents Donato et Anna. Responsable de projets dans un important groupe d’ingénierie de l’industrie parapétrolière, puis cadre de direction à la direction commerciale de la première société française de protection incendie, il est actuellement retraité. Depuis 7 ans, il est chroniqueur et rédacteur pour la revue « La Voce degli italiani in Francia ». Il a notamment mis en œuvre la journée mémorielle du 12 octobre 2024 « Tant que nous nous souviendrons d’eux, ils vivront encore » en partenariat avec la Maison de l’Italie, la Cité Universitaire Internationale de Paris et avec le parrainage des consulats généraux d’Italie de Paris et de Metz.

1 – Pouvez-vous nous présenter l’histoire et les objectifs de votre association ?

Histoire :

Très peu de temps après la fin des hostilités, en mai 1945, a été créée l’Association Unifiée des Anciens Combattants Italiens (A.U.A.C.I.) dont le siège était au 3, avenue de Villiers, Paris 17ème.

Ce sont des recherches très récentes qui nous ont permis de retrouver ces informations que nous allons affiner au cours de l’année 2025.

Cette association est née de la fusion de l’Association Franco-Italienne des Anciens Combattants et de l’ex-Association Nationale des Anciens Combattants et Vétérans Italiens. L’association initiale a été dissoute le 24 juin 1948 pour devenir par la suite la Fédération de France des Anciens Combattants Italiens avec sa section parisienne ANCRI, aujourd’hui ANCR (Associazione Nazionale Combattenti e Reduci) – Section de France, affiliée à l’ANCR d’Italie qui compte plus de 35 000 membres en 2025. (D’après le président Antonio Landi résidant à Salerne en Campanie, ce nombre est en légère croissance par rapport à 2024). Après le président fondateur Elysée Morgantini, qui dès 1942 aurait participé au mouvement de résistance du M.O.I., divers présidents se sont succédés à sa tête dont parmi les plus récents, Antonio Cristiani, Chevalier Grand-Croix de l’Ordre du Mérite de la République italienne et tailleur de son état, installé dans le 8ème arrondissement de Paris. Il aurait cousu des costumes civils pour le général de Gaulle aux dires des quelques témoins qui l’ont connu. En 1968, sous sa présidence, l’association comptait 25 sections dans toute la France. Dominique Taravella, Commandeur de l’Ordre du Mérite de la République Italienne lui a succédé. Il est originaire du Val Nure dans la région de Plaisance en Emilie Romagne, d’où est aussi originaire Lazare Ponticelli, à la fois « Dernier poilu » de l’armée française, et « Cavaliere di Vittorio Veneto » pour avoir combattu dans l’armée italienne sur le front italien. Lui succède Bruno Garibaldi, président au patronyme illustrissime qui n’avait semble-t-il aucun lien de parenté avec le personnage central du « Risorgimento » italien et de l’Unité de la nation italienne : le charismatique et « Héros des Deux Mondes » Giuseppe Garibaldi. Au début du 21ème siècle la présidence est confiée à mon père Donato Tenaglia, originaire du petit village de Crecchio dans les Abruzzes. Il a été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre du Mérite de la République Italienne par le président Sergio Mattarella il y a 10 ans, très précisément le 2 juin, jour anniversaire de la fête de la République italienne. Le village est entré dans l’histoire le 9 septembre 1943. Mon père y a vu le roi Victor Emmanuel III venir s’y réfugier une journée lors de sa fuite de Rome, le lendemain de l’annonce de l’armistice avec les Alliés par le général Badoglio. Tard dans la nuit, le roi s’est embarqué sur la corvette « Baionetta » dans le port d’Ortona pour rejoindre Brindisi. L’actuel président Renato Zuliani, originaire de Trivero dans le Piémont, lui-même Officier de l’Ordre du Mérite de la République Italienne, a été président de la section française des chasseurs alpins italiens (A.N.A) pendant plus de 25 ans, avant d’être élu président de l’association en 2017. Donato Tenaglia et Renato Zuliani ont fait cause commune pendant un quart de siècle dans la perpétuation du devoir de mémoire.  Au moment où j’écris ces lignes, il m’est difficile de donner plus de détails sur l’histoire de l’association car il y a très peu d’archives disponibles. L’une des tâches que s’est fixée le bureau actuel, est de reconstituer progressivement les archives, ne serait-ce que pour retrouver le parcours de tous les présidents et identifier les principales actions de l’association depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si les archives sont minces, nous disposons néanmoins de quelques belles pièces originales, telles les cartes de membre du fidèle parmi les fidèles de l’association :  Antonio Rossini, inscrit à l’ANCR dès 1946 en Italie et dès son arrivée en France en 1947 avec la carte n°3510, (signée par Ettore Viola le Président du Conseil Central de Direction à Rome, de 1945 à 1958, figure de la Première Guerre mondiale, décoré de la « Medaglia d’Oro al valore militare » et compagnon de Gabriele D’Annunzio lors de l’expédition de Fiume). Antonio est resté membre de l’association jusqu’à la date de son décès à l’âge de 103 ans en août 2023. Soixante-seize ans de fidélité dans la perpétuation du devoir de mémoire. Quel engagement et quel bel exemple ! C’est grâce aux informations portées sur sa carte de membre, qu’il a gardé auprès de lui pendant tant d’années et que son fils Philippe a précieusement conservée que nous avons réussi à retrouver trace de l’Association Unifiée des Anciens Combattants Italiens. C’est aussi par ces petites actions anodines de conservation et de transmission que l’on fait mémoire !  En 2022, un autre fidèle, Natale Zannier, nous a quittés dans sa 99ème année. Aujourd’hui, l’association s’honore d’avoir parmi ses membres sa pimpante doyenne, Vally Parenti qui fêtera ses 100 ans le 25 septembre 2025. Parmi les compagnons qui nous ont quittés, nombreux sont celles et ceux qui avaient dépassé les 90 ans. Je tiens à leur rendre un vibrant hommage posthume pour leur engagement sans faille sur la durée dans la démarche mémorielle. A défaut de pouvoir citer tous les membres de l’Association, je tiens à nommer cinq d’entre eux : Eugène Locatelli, Michel Bernier, Francesco Liardo, Natale Lanzoni et Aldo Monni, qui sont à la fois à l’ANCR et porte-drapeau à l’Arc-de-Triomphe quand leur état de santé le leur permet. Je saisis l’occasion qui m’est offerte par le Souvenir Français dans sa Newsletter de septembre pour remercier tous les autres membres du fond du cœur pour leur fidélité et leur engagement.

Objectifs :

Le rôle principal de l’ANCR est de perpétuer le Devoir de Mémoire en participant aux diverses cérémonies mémorielles organisées dans le but d’honorer les soldats italiens morts sur le sol de France, en particulier sur les cimetières militaires italiens de la Première Guerre mondiale de Soupir dans l’Aisne et de Bligny dans la Marne, au cimetière du Père-Lachaise, au carré militaire d’Ivry et lors du ravivage de la flamme à l’Arc-de-Triomphe. Sur sollicitation des institutions françaises, l’ANCR représente l’Italie lors des cérémonies nationales à Paris ou locales en Ile-de-France.

Une démarche très importante nous tient à cœur, celle de promouvoir et de réaliser des recherches. L’ANCR s’est donnée pour mission de rétablir la vérité historique en particulier celle qui concerne les soldats italiens morts au cours de la Grande Guerre en France. Elle collabore aussi avec ses amis chercheurs italiens pour les aider à reconstituer des parcours de vie de jeunes soldats français ou français d’origine italienne « Morts pour la France » tant sur le sol de France que d’Italie au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Un autre point essentiel est de maintenir un lien entre nos anciens à l’occasion de ces cérémonies mémorielles. Il est important de rappeler que la convivialité et la solidarité sont les maîtres mots de cette communauté. Tout au long de l’année nous nous attachons à renforcer des liens entre les membres de notre association mais aussi à les consolider avec nos amis français. Pour cela, nous nous retrouvons dans le local mythique des Garibaldiens, que nombre de Parisiens connaissent, 20 rue des Vinaigriers dans le 10ème arrondissement de Paris tout près du canal Saint-Martin pour notre AG annuelle et une fois par mois pour des parties de cartes et autres moments de convivialité. Un autre rendez-vous important est fixé le premier dimanche qui suit le 4 novembre, (date de la fin de la Première Guerre mondiale et fête de l’Unité Italienne et des Forces Armées italiennes). Les membres de l’ANCR et ses sympathisants se retrouvent à l’église de Chaillot pour la sainte messe et ensuite au restaurant le Vesuvio, rue Quentin Bauchart pour le repas annuel qui précède le ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.

Mais que nous réserve le futur ? Les années passent, les anciens disparaissent peu à peu, et parallèlement les nouvelles adhésions ne sont pas assez nombreuses. L’ANCR, comme toutes les associations mémorielles rencontre de sérieuses difficultés de fonctionnement. A terme c’est son existence même qui est en péril. Par ailleurs, de moins en moins de familles viennent se recueillir sur les tombes des disparus. C’est pourquoi notre association se sent encore plus investie dans la transmission aux jeunes générations. Nous invitons les lycéens à rendre hommage à toute une jeunesse sacrifiée il y a maintenant un siècle mais aussi, puisque la leçon n’a pas été retenue, aux morts des guerres qui ont suivi et qui ont martyrisé la planète. Nous avions sollicité les institutions italiennes depuis quelques années et leur avons suggéré de nous aider à impliquer les lycéens des écoles italiennes de Paris et de l’Île-de-France à participer aux cérémonies mémorielles de novembre dans les cimetières militaires italiens et à l’Arc de Triomphe. Nous avons été écoutés et leur participation est devenue régulière depuis quelque temps.

2 – Nous fêtons cette année le 110ème anniversaire de l’entrée en guerre de l’Italie lors de la Première Guerre mondiale, quelles initiatives mémorielles seront mises en place par l’association tout au long de cette année ?

Les initiatives de l’ANCR pour l’année 2025 sont les suivantes : les commémorations, les voyages sur les lieux de mémoire, la communication de nos recherches aux institutions, l’organisation d’événements et la préservation des monuments.

Les commémorations :

Comme chaque année, au début de l’automne, nous allons nous rendre sur les cimetières militaires italiens de la Grande Guerre : Soupir dans l’Aisne (au pied du Chemin des Dames) et Bligny, sur la commune de Chambrecy, dans la Marne. Cette année, pour la cérémonie qui aura lieu à Bligny, la présence des ministres italien et français des anciens combattants est envisagée.

Cette année, pour le 110ème anniversaire de l’entrée en guerre de l’Italie aux cotés des Alliés, la date symbolique du 4 novembre a été retenue pour la cérémonie solennelle à l’Arc de Triomphe de Paris. Cette date coïncide avec l’anniversaire de la Journée de l’Unité nationale et Journée des Forces armées italiennes. Son Excellence Madame Emanuela D’Alessandro, ambassadrice d’Italie en France sera présente, ainsi que des représentants des institutions et de diverses associations italiennes de Paris et des classes d’élèves des écoles italiennes de Paris et de l’Ile-de-France. (La cérémonie se déroule habituellement le premier dimanche qui suit le 4 novembre). Nous serons aussi présents à la cérémonie qui se tiendra le 11 novembre au cimetière du Père-Lachaise. Organisée par la ville de Paris, elle rend hommage aux soldats des pays alliés à la France lors de la Grande Guerre : Grèce, Arménie, Pologne, Belgique, Slovaquie, République Tchèque, Italie (devant le monument des Garibaldiens) et Russie.

Les voyages sur les lieux de mémoire :

A l’occasion de la cérémonie qui aura lieu à la nécropole militaire de Bligny début septembre, nous allons organiser un voyage avec Alain Draghi le président de l‘ASPAPI, (Association Parma Piacenza) de la ville de Nogent-sur-Marne pour faire découvrir aux membres de l’association ce haut lieu de la mémoire italienne en terre de France. Nous profiterons de l’occasion pour mettre sur pied un parcours historique sur les lieux de la bataille de la Marne.

La communication de nos recherches aux institutions :

En juin 2025, nous avons communiqué à « L’Ufficio per la tutela della cultura e della memoria della Difesa » du ministère de la Défense italien une importante recherche intitulée « Liste Dormans – Soldats italiens inhumés dans la nécropole de Bligny – Mise à jour de la liste Dormans et réfection des plaque sur les croix ».  Cette recherche avait pour but de vérifier l’exactitude des patronymes ainsi que d’autres informations relatives à des soldats du 2ème CAI, mais aussi à des soldats d’appartenances diverses. La recherche a porté sur 571 noms. Plus de 200 corrections sont à apporter tant sur les plaques apposées sur les croix que sur la liste Dormans. Nous espérons que le nécessaire sera fait dans un futur proche et nous restons bien entendu à disposition de l’institution pour l’accompagner si besoin dans la concrétisation de la démarche. Il est à noter que ces recherches avaient déjà été communiquées, pour information, en 2023 par Jean-Claude Thiriet et Walter Tenaglia aux institutions italiennes concernées en France.

Une autre recherche importante réalisée par Jean-Claude Thiriet est en cours de finalisation. Elle a pris corps lors d’une recherche précédente concernant une plaque commémorative de 200 noms de soldats italiens vivant en région parisienne et qui se trouve sur l’un des murs de la cour intérieure de l’hôtel de Galliffet, près de l’ambassade d’Italie dans le septième arrondissement de Paris. En avançant dans son travail, J.C. Thiriet s’est aperçu que de très nombreux engagés nés en Italie ou d’origine italienne morts sous l’uniforme français pendant la Grande Guerre n’ont pas fait l’objet de recherches spécifiques et il a considéré qu’il devait s’y consacrer. La recherche, une fois finalisée, fera l’objet cet automne d’une double communication : l’une aux institutions italiennes à Paris et l’autre aux institutions françaises concernées à Paris. Cette recherche aura aussi un impact sur la liste des 94 415 morts et 8 000 disparus qui figurent sur la plaque commémorative apposée en 2018 sur l’un des murs d’enceinte du cimetière du Père-Lachaise. En effet, un nombre non négligeable de soldats nés à Paris « Morts pour la France » avec des noms à consonnance italienne, n’y figurent pas

L’ANCR collabore aussi avec des chercheurs italiens. Fin 2024 et début 2025, Walter Tenaglia a apporté des informations complémentaires à une recherche effectuée par Gianpiero Crotti de Ranica (près de Bergame) au sujet de deux résistants français dont l’un est d’origine italienne, qui a fait l’objet d’un article dans une publication du « Centro Storico Culturale Valle Brembana « Felice Riceputi ») intitulé « Il « Ventennio brembano ». L’article en question a été traduit en français avec pour titre « Pietro Geneletti et Raymond Jabin – Histoire d’un martyr italien de la Résistance française et d’un martyr français de la Résistance italienne ». L’article a été traduit en français afin qu’il puisse être communiqué au musée de l’Air Creusois (en ce qui concerne Raymond Jabin) et au Service Historique de la Défense à Vincennes tant pour Raymond Jabin que Pietro Geneletti afin que ces recherches viennent étoffer leur dossier respectif déjà présent au SHD. Cette dernière communication a été faite par mes soins courant mai 2025 au SHD et a reçu un écho favorable.

L’organisation d’événements :

Le 12 octobre 2024, l’ANCR a organisé une journée mémorielle qui avait pour but d’évoquer l’importance du Devoir de Mémoire en ce début du 21° siècle, alors que la disparition des anciens combattants et des témoins de la Grande Guerre interpelle les institutions, les associations et les descendants des familles qui ont perdu un être cher lors de ce conflit. Cette date était proche du centenaire du début de la Grande Guerre qui a commencé sur le front Ouest, le 3 août 1914 et proche de la date anniversaire de la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914.  Il est bon de rappeler que la Première Guerre mondiale a causé la mort de plus de 18 millions d’êtres humains dont près de la moitié étaient des civils. Cette journée était initialement prévue en 2025, car elle coïncidait avec le centenaire de « La Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP) née au lendemain de la Première Guerre mondiale du rêve et de la volonté de personnalités engagées dans la vie publique et de philanthropes d’exception. Ils souhaitaient contribuer à la construction d’un monde de paix en créant un lieu dédié aux échanges internationaux ». Ce sont deux défenseurs d’un pacifisme international œuvrant autour de la Société des Nations : André Honorat alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et Paul Appell, recteur de l’Université de Paris qui imaginent une cité pour accueillir les jeunes de tous les pays. Ils sont convaincus que : « L’éducation des jeunes et les échanges entre pays peuvent fournir une assise à la paix et empêcher le retour d’un conflit mondial ». L’ANCR ne pouvait rêver meilleur endroit que la Maison de l’Italie, sise au sein de la CIUP, pour proposer un colloque et un spectacle en hommage à tant de jeunes soldats victimes de la folie meurtrière des hommes. Et c’est avec le soutien sans faille de sa directrice Maria Chiara Prodi que la journée a pu se dérouler dans d’excellentes conditions. L’idée de cette journée mémorielle est née de la rencontre de deux équipes de chercheurs, celle de la ville de Ranica et celle de l’ANCR de Paris. La première a retrouvé la tombe du soldat Andrea Vergani à Bligny à l’occasion de recherches effectuées pour le centenaire de la Grande Guerre. En août 2022, ce groupe d’amis, dont les arrière-petits-neveux d’Andrea Vergani, a déposé sur sa sépulture un poème poignant. Du côté de l’ANCR, Jean-Claude Thiriet a initié des recherches à Bligny en raison de l’écriture d’un livre dont le personnage central est l’écrivain Curzio Malaparte. En octobre 2022, lors de nos recherches à Bligny, nous découvrons le poème dédié à Andrea Vergani et décidons d’en retrouver l’auteur. Un an plus tard nous invitons nos amis italiens à la commémoration annuelle. La journée mémorielle dont le titre est : « Tant que nous nous souviendrons d’eux, ils vivront encore », raconte cette belle histoire et a été complétée par un spectacle intitulé « J’ai entendu le canon tonner » proposé par le groupe des traditions populaires « Gli Zanni ».

Le consulat de Metz a eu des échos très positifs sur le spectacle proposé à Paris et nous avait sollicités pour le reproduire dans la ville de Reims à l’occasion de la commémoration de septembre 2025 à la nécropole de Bligny. Créé par le groupe « Gli Zanni » il y a plus de 10 ans, le spectacle avait été conçu autour des témoignages sonores des derniers « Cavalieri di Vittorio Veneto » qui avaient combattu sur le front italien et de chants populaires de l’époque. Malheureusement nous avons appris début avril qu’il n’a pas été retenu cette année, faute de budget.

La préservation des monuments :

Une autre initiative a vu le jour au lendemain de la cérémonie du 11 novembre 2024 au cimetière du Père-Lachaise. Il s’agit du nettoyage du monument dédié aux Garibaldiens. L’objectif est de débarrasser le monument des mousses et lichens qui le souillent et rendre au groupe statuaire son aspect d’antan avant la cérémonie du 11 novembre 2025. L’ANCR, sur sollicitation du Consul général d’Italie à Paris, Jacopo Albergoni et en collaboration avec Benoît Gallot, le conservateur du cimetière du Père-Lachaise, a effectué des recherches afin de déterminer le statut juridique du monument. Ce point est un préalable indispensable pour déterminer à qui incombent le nettoyage et la restauration éventuelle du monument. Sur le piédestal du groupe statuaire est gravée la mention : « Aux Garibaldiens de l’Argonne et aux Volontaires Italiens morts pour la France ». Dès que ce point sera clarifié, le nettoyage du monument pourra être entrepris.

3 – Entre la France et l’Italie, quelle mémoire partagée ?

La mémoire partagée à travers les événements que nous avons organisés :

L’événement mémoriel « Tant que nous nous souviendrons d’eux, ils vivront encore » organisé le 12 octobre 2024 à la maison de l’Italie, en plus de raconter une belle aventure humaine née en ce début de 21ème siècle entre des Bergamasques et des Parisiens qui ne se seraient certainement jamais croisés sans les visites sur le cimetière de Bligny, avait aussi pour but de raconter aux jeunes générations une part d’histoire commune entre la France et l’Italie. Nous pensons en effet qu’une meilleure connaissance du passé commun entre nos deux pays et la perpétuation réciproque du Devoir de Mémoire sont essentiels pour offrir un futur radieux à nos jeunes générations. De nos jours, de part et d’autre des Alpes, peu de gens savent que des soldats italiens ont combattu aux côtés des Français dans la Marne et dans l’Aisne, que des soldats français ont combattu aux côtés des Italiens sur le front italien au cours de la Grande Guerre, et que malheureusement, nombreux sont les soldats qui ont perdu leur vie loin de leur terre natale. L’évocation mémorielle (« Tant que nous nous souviendrons d’eux, ils vivront encore ») pourrait inciter nos institutions à organiser, dans un futur proche et avec la contribution de l’ANCR, des manifestations conjointes sur les cimetières de la Première Guerre mondiale avec des écoles de nos deux pays.

La mémoire partagée à travers l’aide que nous apportons aux familles de descendants d’Italiens vivant en France pour retrouver la sépulture d’un aïeul :

Un autre exemple de mémoire partagée, c’est l’aide apportée aux personnes qui sont à la recherche de leurs aïeux morts au cours de la Grande Guerre mais dont la famille n’a jamais su où se trouvait la sépulture. Tel notre cher Raffaele D’Agostini, pilier de la matinale dominicale de « Radio Cappuccino » qui en début d’année 2025 a demandé à l’ANCR de retrouver ce qu’était devenu son oncle Clemente mort sur le front italien au cours de la Grande Guerre. J’ai sollicité mon ami chercheur italien Gianpiero Crotti, qui dans les 24 heures a apporté la réponse tant attendue par Raffaele. Ce fût un moment de grande émotion. Désormais, Raffaele sait où son oncle est mort et pourra dans un futur proche aller se recueillir dans la nécropole qui accueille tant de soldats dont les familles n’ont plus trouvé trace.

La mémoire partagée à travers les messages que nous passons aux jeunes générations :

L’ANCR s’attache à faire connaître les lieux de mémoire français aux jeunes Italiens qui résident en France. Pour cela, nous avons suggéré aux proviseurs des lycées et écoles italiennes de Paris qui se sont rendus aux commémorations du cimetière militaire italien de Soupir, de prolonger leur journée mémorielle en allant visiter le musée de la Caverne du Dragon. Depuis, quelques visites ont déjà eu lieu car l’intérêt pédagogique de la découverte des lieux des combats de la Grande Guerre et des faits qui s’y sont déroulés a été indéniable.

La mémoire partagée grâce à une revue et à une radio :

L’ANCR a l’immense chance d’être soutenue depuis des décennies par Patrice Gaspari, le Directeur de la rédaction de la revue « La Voce des Italiens de France ». La revue relaye de manière indéfectible auprès de ses lecteurs toutes les initiatives mémorielles qu’organise l’ANCR. Notre cher Patrice nous concède les espaces nécessaires pour les publications historiques, les témoignages et les événements qui ont trait à la mémoire. La revue a consacré des numéros spéciaux sur la Grande Guerre, en particulier à l’occasion des commémorations du centenaire en 2018. Patrice Gaspari estime que faire vivre le devoir de mémoire dans les pages de sa revue est fondamental pour consolider les liens qui unissent nos deux communautés. La revue, dont les articles sont écrits indifféremment en italien et en français, est destinée bien entendu à ses abonnés mais sa diffusion touche ponctuellement et directement la jeunesse. Pour preuve, le numéro 136 d’avril 2025 a été distribué dans 1100 écoles où la langue italienne est enseignée en France. Patrice Gaspari considère que transmettre les valeurs qui unissent nos deux pays aux jeunes générations est une priorité.

Je voudrais citer toute l’équipe de « Radio Cappuccino » sur : radioaligrefm 93.1 et en particulier Michel Goti qui nous accueille très souvent tout au long de l’année à l’occasion des émissions dominicales destinées à la communauté italienne de la région parisienne mais aussi à nos amis français, pour nous permettre d’évoquer des dossiers mémoriels entre nos deux pays et d’annoncer les commémorations et les événements que nous organisons.

Le futur, les enseignements :

Toutes ces actions qui paraissent tournées vers le passé sont en réalité le terreau d’expériences humaines à venir. Preuve en est, l’évènement que nous avons proposé le 12 octobre 2024 à la Maison de l’Italie. La rencontre entre les amis de Ranica et les membres de l’ANCR de la Fédération de l’Ile-de-France n’aurait jamais eu lieu si ces travaux sur la mémoire n’avaient pas été entrepris. Je voudrais conclure cette tribune, que le Souvenir Français en la personne de son Président Général Serge Barcellini nous a accordée, par ces quelques mots de tolérance et d’espoir :

« Se pencher sur les souffrances endurées par tant de jeunes hommes jusqu’au sacrifice ultime a enseigné aux passeurs de mémoire à être bienveillants et tolérants envers les autres. Avec le temps, ces démarches mémorielles nous ont appris à rouvrir les yeux sur les choses simples du quotidien, à les apprécier à leur juste valeur, et surtout à considérer qu’il n’y a rien de plus précieux que la vie. »

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