Trois questions à Janine Thomas-Verrière

2 octobre 2023

Docteure et Ingénieure, Janine Thomas-Verrière est présidente depuis décembre 2021 de l’association ARFVA-DRAKKAR, créée en 2010 qui regroupe les rescapés, les familles des militaires décédés dans le Drakkar et des sympathisants. Son frère, le capitaine Jacky Thomas est lui-même décédé dans le Drakkar.

 1 – Quarante ans après l’attentat du Drakkar, que représente aujourd’hui cet événement dans notre histoire et en particulier dans celle des relations entre la France et le Liban ?

La réponse à cette question doit, selon nous, s’articuler autour d’une dualité très marquée entre les relations politiques et diplomatiques avec le Liban qui sont actuellement très tendues, d’une part et, d’autre part, les relations avec notre peuple frère qui, aujourd’hui, souffre terriblement de l’incroyable incurie de ses dirigeants

S’agissant des relations politiques franco-libanaises et de l’impact souhaité du 40ème anniversaire sur celles-ci, on peut toujours espérer un geste symbolique des dirigeants, ou du moins d’une des composantes politiques du pays, comme Michel Aoun (ancien St Cyrien) et les Maronites en particulier.

S’agissant maintenant des relations avec nos frères du peuple libanais, à l’exclusion bien sûr du Hezbollah, qui s’est avant tout imposé sur le sol libanais en faisant allégeance à l’Iran, tout est possible, tant les liens sont profonds.

De nombreuses associations franco-libanaises, ainsi que des représentants des centaines d’établissements scolaires francophones, peuvent être, à l’occasion du 40ème anniversaire du Drakkar, des acteurs positifs de notre mémoire commune.

Nous suggérons de commencer par un geste simple : remettre en place la plaque commémorative du Drakkar sur son emplacement toujours en friche, depuis 1983.

En conclusion, s’il paraît certain que les relations entre nos deux peuples demeureront, quoi qu’il arrive, fraternelles, tant notre histoire commune est riche d’amour et d’estime partagée, le brouillard de la crise actuelle ne laisse entrevoir aucune certitude, tant sur l’évolution générale de la crise, que sur celle des relations franco-libanaises en général.

2 – Votre association rassemble les rescapés et les victimes de l’attentat. Quel est son rôle et quelle est son action ?  

Le but de l’association ARFVA-DRAKKAR est de perpétuer, à l’occasion de cérémonies mémorielles, le souvenir des militaires des 1er et 9eme Régiments de Chasseurs Parachutistes (RCP) « Morts pour la France », lors de l’attentat commis à BEYROUTH (LIBAN) le 23 Octobre 1983 contre le poste militaire « DRAKKAR ».

Elle regroupe les rescapés et leurs proches, ainsi que les familles des 58 parachutistes décédés et tous les sympathisants à leur cause.

Nous entretenons également un contact régulier avec cette grande famille du DRAKKAR et apportons un soutien moral et administratif en cas de besoin aux rescapés et familles.

3 – Comment concevez-vous le 40ème anniversaire, moment commémoratif essentiel, car une majorité des acteurs et des témoins sont encore en vie ?  

Plus que jamais, les Français ont besoin de repères. Pour savoir où l’on va il faut d’abord savoir d’où l’on vient. A cet effet la mise en lumière de notre histoire commune, notamment dans ce qu’elle a d’exemplaire, s’impose plus que jamais.

A ce titre, le sacrifice de nos soldats pour ce pays tant aimé, le Liban, si pétri de notre culture française, si particulier par son ouverture d’esprit, son savoir être ensemble, son exceptionnelle intelligence créative depuis l’épopée phénicienne, est un symbole de valeur universelle. Le Liban est gravement blessé mais il n’est pas à terre. Il ne mourra jamais.  

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime  » ;

C’est pourquoi ce 40ème anniversaire du massacre du Drakkar doit être mis en lumière comme étant le symbole de tous les sacrifices de nos soldats dans leur lutte contre le terrorisme aveugle qui se répand dans le monde comme d’ignobles métastases. Mais il doit être aussi le symbole du combat de nos soldats pour la dignité de l’homme et de la femme sur tous les terrains d’opérations extérieures où ils ont été, ou sont encore engagés.

Dans cet objectif nous proposons que les mesures suivantes soient prises en considération :

 – Forte implication politique, y compris au niveau gouvernemental. A ce titre l’hommage national à Paris devrait inclure la prise de parole de notre président.

 – Synergie entre les grandes associations mémorielles pour l’organisation des différentes manifestations, sans négliger les propositions de l’ARFVA/DRAKKAR. Il faut une idée directrice issue d’un effort d’écoute mutuelle, y compris avec les autorités locales (préfet, maire). C’est un challenge difficile.

 – Implication de l’Education Nationale dans ce devoir particulier de mémoire, en classe d’histoire, et si possible par sa présence à certaines cérémonies.

 – Implication du ministère des Armées. Au-delà de ce qui est déjà prévu au 1er RCP, lecture d’un communiqué par le chef de corps (texte commun rédigé au niveau ministériel)

 –  Mention dans les discours du 11 novembre, y compris au niveau des municipalités.

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