TROIS QUESTIONS À HENRI CALHIOL

2 septembre 2016

Animateur de l’Atelier d’histoire locale de Mirande (Gers), section de l’Association pour le renouveau de la bastide

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1. Comment la ville de Mirande est-elle liée à la mémoire de la Grande Guerre ?

Mirande, sous-préfecture du Gers alors ville de garnison, connut en 14-18 une destinée particulière du fait que le chemin de fer la desservait et que le dépôt du 88e régiment d’infanterie y était implanté (de là partiront pour le front des milliers d’hommes, du 3e bataillon de ce régiment mais également du 288e d’Infanterie et du 135e Territorial, ce qu’une stèle rappelle).

A la mobilisation, prirent également effet des mesures de réquisition diverses dont celles de bâtiments pour usage sanitaire. Furent ainsi mis sur pied dans des locaux scolaires, deux hôpitaux complémentaires (n° 45 et n° 47) auxquels s’ajoutaient les salles militaires (avec bloc opératoire) de l’hôpital-hospice de la ville.

Saturées de blessés et de malades en provenance du front en une seule semaine, dès septembre 1914 après l’arrivée des trois premiers trains (au point que l’on dut héberger des blessés chez l’habitant), ces structures verront passer des milliers d’hommes durant les quatre ans du conflit.

Quatre-vingt quatorze de ces Poilus décèderont à Mirande, la plupart sous l’uniforme des régiments locaux. Quarante-sept d’entre eux seront inhumés au cimetière local dans un carré militaire que la municipalité avait créé dans l’urgence.

Après la guerre, nombre de familles récupèreront les corps de leur parent et le carré se vida peu à peu mais tout en restant l’objet chaque année d’une cérémonie officielle de fleurissement et de recueillement au pied d’un monument spécialement érigé.

2. Qu’est devenu ce cimetière ?

En 1966, on décida de déclasser ce qui restait de ce carré militaire. On recueillit alors quelques restes mortels anonymes, que l’on déposa dans une urne au pied du monument que l’on avait déplacé dans le cimetière, monument qui se transforma dès lors en ossuaire. Il fut placé en 2002 sous la sauvegarde du Souvenir Français, lequel veille depuis, avec le concours actif de la municipalité, à son pavoisement constant et à son entretien. Une visite mémorielle annuelle avec fleurissement est systématiquement assurée chaque 11 novembre.

Après de longues et vaines recherches sur l’identité des Poilus dont les restes avaient été déposés dans l’urne, une découverte de l’Atelier d’histoire locale a récemment révélé, fait ignoré jusqu’ici, que des soldats guadeloupéens du « contingent créole » avaient séjourné en hivernage à Mirande, sous l’uniforme du 88e d’Infanterie, fin 1915-début 1916 et que deux d’entre eux étaient décédés de maladie contractée en service et avaient donc été inhumés dans le carré militaire.

Les recherches effectuées aux Archives départementales de la Guadeloupe devaient révéler que les corps des soldats de cette (alors) colonie, morts en Métropole, n’avaient pas été rapatriés dans leur pays d’origine. Il était dès lors probable que l’ossuaire mirandais renfermait les restes mortels des soldats Henri-Bruneau Antyme et Hilaire Mondor, respectivement de Capesterre et du Gosier, reconnus Morts pour la France et inscrits sur le monument aux Morts de leur petite patrie.

Dès lors, la question d’une inscription nominative se pose et le Souvenir Français mirandais se trouve là parfaitement dans le rôle fondamental de l’association : le maintien de la mémoire de ceux qui sont Morts pour la France et l’entretien des tombes et monuments qui leur sont dédiés.

3. Comment percevez-vous le partenariat entre Le Souvenir Français et l’Atelier d’histoire locale de Mirande pour ce projet ?

 

Mirande possède un obélisque à la mémoire des morts de la guerre franco-prussienne de 1870 placé lui aussi sous la sauvegarde du Souvenir Français.  Il a succédé en 1893 à un monument à la même cause datant de 1873. C’est dire la longue tradition mémorielle locale.

La représentation mirandaise du Souvenir Français compte dans ses rangs des membres actifs dont la complémentarité est gage de dynamisme et d’initiative : des militaires  retraités, deux présidents d’associations d’anciens combattants, le président de la section locale des Médaillés militaires et moi-même, officier de gendarmerie à la retraite et animateur de l’Atelier d’histoire locale, entre autres bonnes volontés animées d’un état d’esprit constructif. Le soutien actif de la municipalité lui est acquis. Un beau rond-point à l’entrée nord de la ville est d’ailleurs baptisé « Souvenir Français ». Quant aux cérémonies du 11 novembre, le drapeau du Souvenir Français est toujours présent.

L’exemple de l’ossuaire du cimetière de Mirande est là pour rappeler que la connaissance de l’histoire, nationale, régionale ou locale, peut être un soutien (en tout cas souhaitable sinon indispensable) à toute action en lien avec le passé. Les soldats Antyme et Mondor vont ainsi pouvoir sortir de l’anonymat, un siècle après leur mort.

Une belle initiative qui permet à Mirande de devenir le prolongement mémoriel de la Guadeloupe.

 

Contact :

Henri Calhiol
Mail : h.calhiol@dbmail.com

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