Trois questions à Colette Martin-Catherine

6 octobre 2021

Colette Marin-Catherine, ancienne Résistante a récemment participé au documentaire Colette, réalisé par Anthony Giacchino et co-produit par Alice Doyard.

Le documentaire de 25 minutes suit le parcours de Colette Marin-Catherine qui part sur les traces de son frère résistant déporté au camp de Dora. Jean-Pierre Catherine meurt durant sa déportation. Colette est accompagnée par Lucie, une étudiante qui travaille sur le dictionnaire biographique des 9000 déportés français passés par le camp de Nordhausen.

Elles se rendent toutes deux sur les ruines du camp de Dora, là où est passé Jean-Pierre Catherine, le frère de Colette.

Colette a été récompensé à la cérémonie des Oscars en avril 2021 à Los Angeles où il a reçu le meilleur prix du documentaire.

Madame Colette Marin-Catherine est adhérente du comité de Ouistreham du Souvenir Français dans le Calvados et a accepté de répondre aux trois questions du Souvenir Français, posées par Gérard Le Roux, président du comité de Ouistreham.

Affiche du documentaire

1-Pourriez-vous nous parler de votre engagement dans la Résistance ?

Mon engagement dans la Résistance était une évidence, un choix, un sens de vie, car tout dans mon contexte familial m’y conduisait : une famille d’origine lorraine, des grands-pères officiers de gendarmerie, un vécu intense de la guerre de 14-18, un grand-père et deux de mes oncles tués durant la Première Guerre mondiale, mon propre père, sous-marinier survivant des Dardanelles puis blessé à Dixmude. Durant la guerre de 39-45, mes deux frères furent déportés : l’ainé réfractaire au STO fut arrêté dans une rafle et le cadet, résistant fut arrêté à 17 ans et mort à Dora à 19 ans. Ne pas m’engager dans la Résistance aurait été d’une lâcheté inconcevable au regard de mon passé. En outre c’était l’expression du sens de ma vie face aux vraies valeurs humaines.

Je veux insister sur un point : juste après la guerre, vouloir témoigner m’apparaissait presque provocateur. Il y avait tant de pseudo-résistants, de « héros d’opérette », qui faisaient tout pour « occuper la scène ». J’ai préféré me taire. J’aurais eu le sentiment de cautionner des faussaires.

2-Vous avez accepté de témoigner dans un film afin de rendre hommage à votre frère décédé à Dora. Pourquoi ?

Lorsque l’on m’a proposé de témoigner dans ce film, et de rendre hommage à mon frère Jean-Pierre, j’ai pensé que le temps était venu de le sortir enfin de « nuit et brouillard ». J’ai accepté car c’était simplement « Justice lui rendre ». Et puis au moment où la jeunesse de notre époque se pose et pose tant de problèmes, l’engagement redevient à mes yeux une obligation.

3-Vous êtes membre du Souvenir Français. Comment concevez-vous le rôle de cette association comme acteur de mémoire ?

Je veux rappeler que ma mère fut déléguée générale du Souvenir Français de 1918 à 1939. Je veux donc simplement  poursuivre son destin.  Le rôle du Souvenir Français est à mes yeux d’accompagner la mémoire et l’espoir, de concilier souvenir et avenir.

Pour voir le documentaire : https://youtu.be/J7uBf1gD6JY

Remise à titre posthume de la médaille de la Résistance à Jean-Pierre Catherine par Emmanuel Macron le 18 juin 2021. Photo : Lucie Fouble.

Articles récents

28 mars 2024

L’œil de l’historien : Julien Fargettas

Le Tata sénégalais de Chasselay Julien Fargettas est docteur en histoire et auteur de plusieurs ouvrages sur les soldats africains de l’armée française. Il est directeur du service du Puy-de-Dôme de l’ONaCVG et référent national « histoire et mémoires des soldats africains » pour l’ONaCVG. Il a publié « Les tirailleurs sénégalais. Les soldats noirs entre légendes et […]

Voir l'article >

Trois questions à Aïssata Seck

Aïssata SECK, née le 20 février 1980 à Meulan (78), est une femme engagée en politique et dans le milieu associatif. Maire adjointe à Bondy en charge des politiques mémorielles et de la lutte contre le racisme et les discriminations de 2016 à 2020, elle œuvre depuis plus de 10 ans pour la reconnaissance des […]

Voir l'article >

Sur les traces du Souvenir Français

« La case du Tirailleur » (Sénégal) La « Case du Tirailleur ». Le musée de « La Case du Tirailleur » rend hommage au courage et au dévouement du dernier des Tirailleurs sénégalais de la Première Guerre mondiale, Abdoulaye Ndiaye. Initié par le Général Biram Diop, ancien Chef d’Etat Major des Armées du Sénégal, en collaboration avec la […]

Voir l'article >
  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.