Retrouvez dans cette rubrique trois questions généralement adressées à une association en lien avec le thème du mois.
Christian Bromberger, né en 1946, est un ethnologue français, professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, où il a créé l’IDEMEC (Institut d’ethnologie méditerranéenne et comparative), et ancien directeur de l’IFRI (Institut français de recherche en Iran). Depuis 2016, il préside l’association Germaine Tillion, qu’il a co-fondée en 2004.
1 – Pouvez-vous nous présenter les principales étapes de la vie et du destin de Germaine Tillion ?
Formée à l’ethnologie et à l’orientalisme par Marcel Mauss et par Louis Massignon, Germaine Tillion effectue quatre longs « terrains » chez les Chaouis dans l’Aurès de 1934 à 1940. De retour à Paris dans la France en guerre, elle rejette d’emblée l’armistice, s’engage dès 1940 dans la Résistance, et joue un rôle important dans le fonctionnement de ce que l’on appellera plus tard le « réseau du Musée de l’Homme ». Arrêtée sur dénonciation en 1942, elle est emprisonnée à la Santé puis à Fresnes, et déportée en octobre 1943 à Ravensbrück où elle vit et voit l’horreur pendant 18 mois. Après la guerre, elle enquête inlassablement sur les crimes du nazisme et du stalinisme, et participe avec David Rousset à la commission internationale contre le système concentrationnaire sous toutes ses formes. Envoyée en mission en Algérie au lendemain du soulèvement de 1954, elle entreprend de lutter contre la « clochardisation » en créant les Centres sociaux destinés à fournir aux démunis une formation ouvrant sur un métier.
Parallèlement, elle mène des combats contre la torture, contre la peine de mort, pour une paix équilibrée et, à son retour d’Algérie en 1959, elle est rattachée au ministère de l’Éducation nationale et parvient à développer l’enseignement dans toutes les prisons françaises. Le conflit algérien achevé, elle effectue plusieurs enquêtes sur la condition des femmes dans le monde musulman, enseigne à l’École pratique des hautes études où elle est nommée directrice d’études en 1958, anime une équipe de recherche sur les sociétés maghrébines (« Littérature orale, dialectologie, ethnologie du domaine arabo-berbère ») sans jamais oublier ses combats passés, et en continuant de lutter contre les injustices présentes. Ainsi en 1996, elle a alors 89 ans, elle participe, aux côtés de Stéphane Hessel, Edgar Morin et Paul Ricoeur, au mouvement de défense des « sans-papiers » réfugiés dans l’Église Saint-Bernard à Paris.
À chaque étape majeure de ce parcours correspond un livre, complété, remanié voire transformé, par souci d’exactitude, à chaque réédition : Ravensbrück (1946, c’est alors un témoignage, 1973, c’est une monographie très détaillée qui donne lieu à une nouvelle version en 1988) ; L’Algérie en 1957 (dont la première version s’appelait L’Algérie en 1956 et dont la version augmentée est devenue L’Afrique bascule vers l’avenir, 1960, 1999), Les ennemis complémentaires (1960, 2005), Le harem et les cousins (1966, 1982). Quant à Il était une fois l’ethnographie (2000), c’est le compte-rendu d’une partie des enquêtes que Germaine Tillion mena dans l’Aurès dans les années 1930. Le reste de ses notes et de ses manuscrits ont disparu à Ravensbrück.
2 – Quels sont les objectifs de votre association ?
L’article 1 des statuts de l’association donne une bonne idée des missions que nous nous sommes données :
« Il est constitué, en novembre 2004, sous le nom d’Association Germaine TILLION, une association à but scientifique et non lucratif, qui a pour objet de prendre toutes dispositions nécessaires à la conservation, à la consultation, à la divulgation, à la mise en valeur et, en général, au respect du droit moral de l’œuvre, du nom et des archives de Germaine Tillion, à charge pour ladite association de choisir l’Institution appropriée pour y déposer ces archives ».
Voici quelques activités de l’association. Celle-ci a organisé la donation des archives de Germaine Tillion à la Bibliothèque nationale de France qui a pris livraison, en juillet 2008, de plus de 300 boîtes d’archives. Les archives de Germaine Tillion concernant la déportation ont été déposées au musée de la Résistance et de la Déportation à Besançon.
En avril 2008, l’Association avait eu le triste devoir d’organiser les obsèques de Germaine Tillion, occasion d’un hommage populaire et officiel.
En 2015, elle a eu l’honneur d’accompagner les organisateurs de la cérémonie d’entrée au Panthéon de Germaine Tillion.
L’Association est titulaire du droit moral sur l’œuvre, le nom et les archives de Germaine Tillion.
Outre les ouvrages publiés par Tzvetan Todorov, l’association a constitué une Photothèque-Filmothèque de prêt qu’elle ne cesse d’enrichir, des expositions ainsi qu’un film :
L’Association, représentée par ses membres, témoins des engagements de Germaine Tillion ou spécialistes de son œuvre, intervient dans des manifestations organisées en sa mémoire à travers toute la France ou à l’étranger par d’autres partenaires. Elle fournit informations, documents, photos, films, expositions, intervenants ; elle aide à la réalisation et à la diffusion de :
L’Association organise elle-même des projections, des débats, des conférences et des colloques. Elle a organisé en 2008 au musée de l’Homme une rétrospective des films sur Germaine Tillion et, en 2018, au Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour le 10ème anniversaire de sa mort, le colloque Ravensbrück, mémoires pour l’avenir, dont les actes ont été publiés. Elle a aussi organisé un colloque sur Germaine Tillion à la Bibliothèque nationale de France le 21 novembre 2024.
3 – L’année 2025 sera marquée par le 80ème anniversaire de la libération des camps de déportation. Comment envisagez-vous de rappeler le retour de déportation de Germaine Tillion ?
Une conférence et un spectacle en hommage à Germaine Tillion et à ses camarades de déportation sont prévus.
Retrouvez dans cette rubrique l’histoire d’un objet patrimonial de l’association. Le monument du Souvenir Français d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais) Au cœur du Pays de Saint-Omer, dans la commune d’Aire-sur-la-Lys, a été érigé par le Souvenir Français un monument en hommage aux morts des guerres de Crimée (1854-1856), d’Italie (1859), d’Algérie (1859), de 1870/1871 et de Madagascar (1895). […]
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