Evelyne Gayme est professeur agrégée d’histoire-géographie au lycée Berlioz de Vincennes (Val-de- Marne) et membre de l’Association pour les études sur la guerre et la stratégie (AEGES). Elle s’est spécialisée dans l’étude de la captivité de guerre et est notamment l’auteur de deux ouvrages sur le sujet : « Prisonniers de guerre. Vivre la captivité de 1940 à nos jours », Imago, 2019 et « Les prisonniers de guerre français. Enjeux militaires et stratégiques (1914-1918 et 1940-1945) », Economica, 2010. Par ailleurs, elle publie régulièrement des articles universitaires et participe à de nombreux colloques.
Dès la constitution à Alger du Comité français de Libération nationale, en juin 1943, la création d’un commissariat aux Prisonniers, Déportés et Réfugiés (PDR) est envisagée, puis confiée à Henri Frenay1 le 9 novembre de la même année. Le décret du 8 décembre 1943 fixe officiellement les attributions du commissaire aux PDR2.
« (.…) Article 1 : Le Commissariat centralise toutes les questions concernant les prisonniers de guerre français aux mains des ennemis, les déportés et réfugiés.
Article 2 : en liaison avec les commissariats intéressés, le commissariat aux Prisonniers, Déportés, Réfugiés
1) fournit une aide matérielle et morale aux différentes catégories définies ci-dessus et à leur famille.
2) organise leur rapatriement en préparant les plans nécessaires et en assurant leur exécution. Il constitue à cet effet les services nécessaires.
3) prépare les mesures nécessaires en vue de leur réadaptation à la vie nationale et de la sauvegarde de leurs droits. (…). »
Ce décret est complété par une ordonnance du 1er juillet 1944 qui rattache au commissariat aux PDR les services, organismes publics et toutes les ressources tant humaines que matérielles « chargés par l’autorité de fait se disant « gouvernement de l’État français » des prisonniers, déportés et réfugiés »3. Lorsque le commissariat aux PDR devient le ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés (PDR), en septembre 1944, il garde sous sa tutelle tous les organismes déjà existants.
Un plan minutieusement préparé pour rapatrier les Français en 150 jours.
Le plan envisagé par Henri Frenay, à partir de données très parcellaires, a pour priorité d’éviter une migration humaine brutale des 2 100 000 Français4 estimés en Allemagne. Le rapatriement de 1918 est présent dans tous les esprits : un afflux non maitrisé peut perturber les opérations militaires des troupes alliées et leurs convois de ravitaillement, occasionner des désordres et provoquer éventuellement des épidémies, sur le modèle de la grippe espagnole. Ce plan prévoit de rassembler les Français libérés dans des camps de passage en Allemagne où auraient lieu la visite sanitaire et le contrôle d’état civil. Ensuite ils seraient acheminés vers la France suivant un ordre bien défini :
« (…) les internés dans les camps de représailles auraient la priorité, puis les prisonniers et enfin les travailleurs, d’après la durée de leur séjour en Allemagne.5 »
Des missions à l’étranger œuvrent pour obtenir l’appui et éventuellement une aide financière des autres puissances. Il est prévu de placer des délégués militaires français dans chaque région allemande, au fur et à mesure de l’avancée des troupes alliées occidentales, pour mettre en place toute l’organisation du retour. Ces agents obtiennent un statut en juillet 1944, formant le Corps militaire du Rapatriement. A la fin du mois de novembre 1944, l’Assemblée consultative octroie un budget permettant le recrutement de 7000 hommes, auquel il faut ajouter 3000 personnes formant le personnel sanitaire. La Direction générale du Rapatriement, qui a la responsabilité de toutes les opérations du retour côtoie la Direction générale des Affaires sociales chargée de la réintégration dans la vie nationale et la Direction générale des Services administratifs et financiers de l’aide aux Absents. Le ministre travaille en concertation avec les associations de prisonniers, de déportés et de réfugiés, de manière à ce que les Français rentrant d’Allemagne ne soient pas accueillis par des fonctionnaires anonymes, mais par des camarades :
« La Fédération et l’Union des amicales de camps ont pour devoir de faire le travail complémentaire à celui de l’État. C’est à elles qu’il appartient de mesurer ce que la loi peut avoir d’imparfait au regard de telle ou telle situation particulière et de combler les lacunes. C’est pourquoi j’ai donné à la Fédération des subventions importantes : 120 millions pour ses frais de fonctionnement, 600 millions pour les frais de secours (…)6 ».
Le rapatriement des prisonniers de guerre présente cependant une spécificité par rapport aux autres rapatriés : ils restent des soldats et comptent dans leurs rangs des militaires de carrière et des réservistes. En effet, la guerre n’étant pas achevée, l’objectif est de les adjoindre le plus vite possible à l’armée de la Libération7, pour relever des régiments éprouvés par les combats. Les officiers de carrière captifs sont en outre évidemment connus par les membres de l’AS et surtout de l’ORA -ils ont été formés dans les mêmes écoles militaires, ont parfois combattu ensemble- : les captifs des Oflags constituent donc un vivier que la nouvelle armée ne peut négliger, en s’entourant de toutes les précautions nécessaires, notamment grâce au travail de la Commission d’épuration et de réintégration du 27 juin 1944. Il faut enfin ne pas négliger le souci du général de Gaulle, qui, conscient que le moral de l’armée de Libération est au plus bas, cherche, en intégrant les anciens prisonniers de guerre, à créer un soutien de la population française envers son armée, en utilisant les sentiments des Français pour leurs prisonniers8. Les prisonniers de guerre sont donc une réelle préoccupation pour le gouvernement provisoire : il prépare leur retour très tôt et s’attèle à mettre en place les meilleures conditions possibles pour y parvenir.
C’est pourquoi, le Gouvernement met sur pied en février 1945 une campagne de préparation du retour du prisonnier, destinée à la population française et baptisée « Campagne nationale du retour » afin d’obtenir des fonds pour l’habillement, le ravitaillement et les transports de ceux qui rentrent, mais aussi de faire connaître aux Français ce qu’ont vécu les captifs, de manière à ce que leur réintégration s’effectue le mieux possible.
On voit donc que le retour des prisonniers est minutieusement préparé par le gouvernement.
Le plan de rapatriement français est soumis à l’autorisation des Alliés.
Mais ce plan ne peut se réaliser sans tenir compte du S.H.A.E.F.9 qui seul a autorité pour rapatrier des étrangers d’Allemagne. L’U.N.R.R.A.10, installé à Washington D.C. est chargé de collaborer avec le haut commandement allié pour exécuter un plan de rapatriement qui ne prend pas en compte, à l’origine, celui de Henri Frenay. Toutefois, le S.H.A.E.F. décide, en novembre 1944, de laisser les Français appliquer leur plan de rapatriement seulement après la capitulation de l’Allemagne. En attendant cette date, ce sont les Américains et les Britanniques qui gèrent les éventuels rapatriements sur le territoire allemand encore zone de combats. Aucune négociation à ce sujet n’est menée avec les Soviétiques.
Les Alliés ont donné comme consigne aux ressortissants français, dont les prisonniers de guerre, d’attendre sur place d’être pris en charge dans des camps équipés de services sanitaires qui se révèlent nécessaires également pour les captifs. En effet, outre les années de captivité qui les ont affaibli, ils subissent en cette fin de guerre, les bombardements sur l’Allemagne, les effets de la malnutrition qui touchent toutes les personnes présentes en Allemagne, et pour certains les longues marches puisque les camps de prisonniers de guerre situés à l’Est du Reich ont été évacués par les Allemands devant l’avancée soviétique et les captifs ont parcouru des centaines de kilomètres durant plusieurs jours avant d’arriver dans des camps de prisonniers à l’Ouest du territoire. Les plus faibles ou malades sont soignés sur place, parfois envoyés dans des hôpitaux en Suisse grâce au Comité International de la Croix-Rouge. Les autres respectent les consignes ou décident de rentrer en France par leurs propres moyens. Rejoints par les civils, les requis du STO, les travailleurs en Allemagne, ces captifs encombrent les routes, gênant les mouvements des armées, sont parfois pris dans les combats et posent un problème de ravitaillement et de surveillance aux frontières.
Le retour des prisonniers de guerre s’opère suivant des délais et des modalités variables et largement indépendants du gouvernement français, au début du printemps 1945 et jusqu’à la date de la capitulation allemande. Les prisonniers sont libérés par l’armée soviétique et par les armées anglo-américaines, qui ont des habitudes et des modes de fonctionnement différents, notamment à l’égard des captifs. Les prisonniers de guerre sont susceptibles, aux yeux des Alliés occidentaux, de participer aux combats et sont donc prioritaires pour être libérés. Ils sont gérés par le premier bureau du S.H.A.E.F.11, alors que les civils français – déportés, requis du STO et travailleurs – sont considérés comme des « personnes déplacées » et relèvent du cinquième bureau. C’est la découverte des camps de concentration qui modifie ces priorités.
Pour les prisonniers de guerre libérés par les armées américaine et britannique et la 1ère armée française, qui sont regroupés dans des centres de rapatriement, filtrés12 puis dirigés vers la France, les délais sont courts, et les soldats rentrent en camion, en train, en avion ou en bateau :
« En effet, si on n’intègre pas les cas atypiques (…) le nombre de journées passées dans le « Grand Trek », dans le cas d’une libération par les Occidentaux est assez court : pas tout à fait dix-sept jours ! Dans les mêmes conditions, la durée moyenne de trajet des prisonniers et déportés libérés par l’Armée Rouge est de cent seize jours.13 »
Ces rapatriements ont nécessité une logistique considérable, car tout en remportant des victoires sur l’ennemi, les Alliés doivent s’occuper du rapatriement de leurs concitoyens détenus en Allemagne. C’est pourquoi, et avec l’accord du S.H.A.E.F., le plan de rapatriement de Henri Frenay commence au printemps 1945. La première solution envisagée est le rapatriement par chemin de fer, réservé aux organismes civils comme la Croix-Rouge internationale ou à l’armée de Terre, dont le service de santé prend en charge, outre les militaires blessés lors de l’offensive, les prisonniers et déportés libérés. Le général de Lattre de Tassigny donne des instructions pour la constitution d’un hôpital spécialisé dans le traitement des blessés et des malades qui ouvre à Spire au mois d’avril 1945.
Le plan de rapatriement français mis en œuvre
C’est donc le service de santé de l’armée de Terre qui commence le rapatriement en train des prisonniers de guerre et déportés blessés en Allemagne, en même temps que celui des militaires combattants14. Mais à cause de l’état de santé de nombreux détenus en Allemagne, il faut envisager un rapatriement plus rapide et moins fatigant. Le 11 avril 1945, le S.H.A.E.F. informe le ministère des P.D.R. que des forteresses volantes – bombardiers B 17 – utilisés pour ravitailler les troupes en Allemagne, vont rapatrier des Français pour ne pas revenir à vide. 116 000 prisonniers de guerre sont rapatriés ainsi, atterrissant à l’aéroport du Bourget principalement. En parallèle, le ministre de l’Air Charles Tillon crée en avril 1945 la « mission Air de rapatriement » confiée au médecin-colonel Tisney, pour se tenir prêt à appliquer le plan de rapatriement de Henri Frenay dès que l’Allemagne capitule. Préventivement, des envoyés de cette mission Air parcourent l’Allemagne pour localiser les Français.
À partir du 21 mai 1945 – 13 jours après la capitulation parce qu’il a été difficile de récupérer des appareils et du carburant -, des avions, décollant de l’aéroport du Bourget, sont intégrés au « groupement militaire des moyens de transport aérien » (GMMTA) créé par le ministre de l’Air Charles Tillon. Le responsable du GMMTA est le colonel Alias15 et il travaille avec des infirmières bénévoles, convoyeuses de l’Air16 qui accompagnent les rapatriés dans les avions du GMMTA et leur prodiguent les premiers soins. Jusqu’à la fin du mois de mai pour les zones d’occupation américaine et britannique en Allemagne, et jusqu’à la fin du mois de juillet 1945 pour la zone soviétique, les pilotes du GMMTA doivent demander l’autorisation des Alliés pour intervenir. Ce sont les déportés et les prisonniers de guerre de santé précaire (46,8% des 43 000 rapatriés pris en charge par les convoyeuses de l’Air vers le Bourget sont des prisonniers de guerre17) qui sont prioritaires jusqu’au 21 juin. L’importance des rapatriements par air a été considérable puisque :
« (…) A l’aéroport du Bourget, les Français et les Alliés ont rapatrié 36 000 personnes pour le mois d’avril, 48 100 en mai, 8 400 en juin et 3250 en juillet.18 »
Dans les centres de regroupement en Allemagne, un envoyé du ministère des PDR ou de la mission aérienne, un médecin régulateur et des infirmières de la Croix-Rouge orientent les rapatriés vers le train ou l’avion. En zone britannique, les prisonniers français sont dirigés sur Bruxelles, puis arrivent en France par le train ou par les airs, la Royal Air Force les menant jusqu’à Lille.
Les rapatriements, qu’ils soient aériens ou terrestres, s’opèrent pour l’essentiel entre le mois de mars et le mois de juillet :
« 20 000 rapatriés rentraient en France au mois de mars 1945, 313 000 au mois d’avril, près de 900 000 au mois de mai et 276 000 au mois de juin. (…) Dès le début du mois de juillet, le rapatriement massif peut être considéré comme terminé.19 »
Le rapatriement est plus complexe dans la zone soviétique. En URSS, les prisonniers de guerre sont considérés comme des traîtres et sont emprisonnés à la fin de la guerre. Ces consignes ne sont évidemment pas appliquées aux prisonniers de guerre non soviétiques mais la méfiance reste de mise face à deux types de Français prisonniers de guerre : ceux délivrés des camps allemands, dès la fin de l’année 1944, au fur et à mesure de l’avancée de l’Armée rouge -environ 300 000 personnes -, qu’ils appellent les internés20 et qu’ils dirigent vers l’arrière avec l’idée de les rapatrier par mer ; et ceux qui se battaient dans les rangs de l’Armée allemande – 21 300, surtout des Alsaciens et des Lorrains – , dirigés vers une centaine de camps particuliers administrés par le GOUPVI (direction en charge des prisonniers de guerre) dont le plus important est Tambov21. Le retard dans le rapatriement des internés s’explique par leur grand nombre et le manque de bateaux22, si bien que ces Français séjournent dans des « points de rassemblements » appelés aussi « commandantures », placés sous la tutelle des autorités militaires et souvent installés en Biélorussie ou en Ukraine. Ces points de rassemblement sont installés hors de portée des armes ennemies et sont camouflés23. Les conditions de vie y sont correctes mais précaires, les officiers sont séparés des soldats, tous les militaires reçoivent des uniformes neufs. Les internés jouissent d’une relative autonomie –une administration interne formée d’officiers de chaque nationalité qui gère son groupe-, sont traités avec respect, mais trouvent le temps long avant de rentrer en France. Ils ont l’interdiction formelle de quitter le point de rassemblement ce qui provoque beaucoup d’incompréhension et d’énervement. Le général Keller, chef de la mission française de rapatriement24, s’adresse alors en ces termes aux internés en URSS :
« J’ai moi-même passé deux ans en captivité et sais bien ce que cela signifie. (…) Je veux seulement vous dire : on se rappelle de vous, on s’occupe de votre destin (…). A l’heure actuelle, une mission de rapatriement est organisée. (…) Je ne puis établir aucun délai quant à votre rapatriement, mais je peux seulement dire que vous vous réunirez avec vos familles avant que les feuilles ne tombent. (…) La France vous attend. Elle a besoin de votre travail pour le rétablissement de sa force passée et de sa prospérité. On attend votre retour pour faire les élections auxquelles les femmes prendront part pour la première fois ( …)25 »
Le rapport soviétique qui consigne ce discours du général Keller précise en outre :
« Le général KELLER a averti tous les Français afin qu’ils ne tentent pas de revenir individuellement car cela ne mènerait à rien de bon sinon à retarder – en guise de punition- leur retour (…)26 ».
Beaucoup de ces « internés » sont évacués par Odessa (environ 19 000 captifs) et Mourmansk (4500 hommes entre la fin juin-début juillet 194527) et comme après la capitulation, l’acheminement terrestre devient possible, ils sont alors orientés vers Francfort-sur-Oder.
L’organisation pour le rapatriement sur le sol français
Autant le plan de rapatriement hors des frontières est soumis au bon vouloir des Alliés jusqu’à la capitulation, autant il peut se déployer sans obstacle sur le sol français. Un système de canalisation est mis en place à la frontière. Quinze centres sont disposés de la mer du Nord à la Suisse et rattachés à quatre gares régulatrices : Aulne, Mézières, Sarrebourg et Belfort. Des centres de transit sont installés pour les convois organisés et des centres d’accueil pour les rapatriés individuels. Cette organisation est également mise en place dans les ports –Marseille pour ceux qui rentrent par Odessa ou Dieppe pour ceux revenant par la Baltique-, des aéroports –Le Bourget près de Paris par exemple-, des gares –comme Orsay- , mais encore le Vélodrome d’Hiver ou des cinémas. Les effectifs s’occupant des rapatriés s’élèvent à l’été 1945 à 8 450 agents civils, 11 000 agents militaires et 13 000 bénévoles pendant la durée du rapatriement28.
Ainsi, bien qu’arrivés en France, les prisonniers de guerre ne sont pas pour autant libres de leurs mouvements. Ils passent quelques jours dans ces centres pour subir un filtrage, un contrôle sanitaire, un épouillage pour éviter les épidémies. Puis ils remplissent des formalités administratives pour bénéficier d’une carte et des tickets de rationnement ; on leur remet également un colis de voyage, une prime d’accueil, on échange les Marks du camp contre un reçu pour les sommes importantes. Ensuite seulement, si leur état de santé le permet, ils peuvent rentrer chez eux, en passant parfois par des centres d’hébergement lorsque leur domicile est trop éloigné. D’autres formalités sont à remplir au centre d’accueil installé dans chaque chef-lieu de département : remplir les formulaires de démobilisation et des questionnaires spéciaux complétés aux centres de libération de chaque département, demander un pécule…Ces formalités furent parfois difficiles à accomplir :
« (…) Tous les services compétents s’occupent fébrilement de mettre sur pied l’organisation nécessaire. Mais il semble qu’on se heurte à de grosses difficultés, dues surtout au manque de matériel.
La personne chargée de mettre sur pied les centres d’accueil a reçu de Paris des directives très larges, mais sans qu’il lui ait été fourni aucun moyen.29 »
Le ministère des PDR est dissous le 22 novembre 1945, pour devenir le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre. L’arrêt total du rapatriement date du 2 décembre 1945 à la gare de l’Est, mais l’immense majorité des prisonniers sont rapatriés à la fin du mois d’août. Dès leur retour, les anciens prisonniers reprennent leur vie de citoyens. Un appareil législatif est organisé pour réintégrer au mieux ces hommes dans leur vie étudiante ou professionnelle d’avant. Il en va de même au sein de l’armée : les prisonniers de guerre bénéficient de nouvelles lois édictées durant la captivité30, et un certain nombre de lois et règlements visent à réintégrer au mieux les anciens captifs :
« Les évadés lorsqu’ils ont repris immédiatement du service après leur évasion et à plus forte raison, lorsqu’ils ont participé par la suite à des combats contre les forces de l’Axe et ont acquis, ce faisant, des titres de guerre, ont eu en général, un avancement beaucoup plus rapide que les prisonniers restés en captivité31 ».
« Les officiers et assimilés de l’armée active, prisonniers de guerre, concourent pour l’avancement de chaque arme et service pendant leur captivité32 ».
« Désormais, toute différence fondée sur l’appartenance dans le passé à des catégories différentes doit disparaître33 ».
Il apparaît donc que les prisonniers font l’objet d’une stratégie spécifique pour être rapatriés. Les diplômes passés dans les camps sont validés, ils sont prioritaires pour réintégrer leur ancienne profession lorsque c’est possible et qu’ils le souhaitent, mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont unanimement bien considérés. Ainsi, le général de Gaulle n’éprouve pour les prisonniers, selon François Cochet, qu’un « mépris à peine voilé » :
« Pour de Gaulle, les prisonniers sont le reliquat d’une défaite ainsi que d’une politique « extérieure » de Pétain »34.
Les prisonniers des deux guerres ont fait l’objet de plans de rapatriement, et l’expérience de la Première Guerre a logiquement servi de leçon à la Seconde. Ces plans sont fondés sur la rapidité, même si elle apparaît moins en 1945 du fait du grand nombre de prisonniers et d’acteurs concernés, Anglais, Américains, Soviétiques ne laissant pas d’emblée les mains libres aux Français pour rapatrier leurs ressortissants, alors que l’essentiel de l’infrastructure est prêt. Néanmoins, malgré l’impatience des prisonniers de guerre de rentrer chez eux après cinq ans de captivité et donc le sentiment d’une lenteur du rapatriement, trois fois plus de prisonniers de guerre ont été rapatriés en trois fois moins de temps que durant la Grande Guerre, grâce au plan de Henri Frenay.
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