Jacques Wiacek, historien spécialiste de la Pologne
Né en 1978 à Cracovie, Jacques Wiacek est diplômé de l’Institut d’études politiques de Bordeaux et d’HEC Paris. Parallèlement à une carrière dans la finance, il s’est investi dès la fin de ses études dans la promotion de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Son premier livre, paru en 2018 et consacré à l’histoire de la 1re division blindée polonaise (1939-1945), a été récompensé par le prix du ministre des Affaires étrangères polonais pour la meilleure publication relative à l’histoire de la Pologne en langue étrangère. Il a depuis publié l’Alliance blessée, dédiée à l’histoire de l’armée polonaise en France (1939-1940) et Enigma: le temps des précurseurs (1932-1942). En parallèle à son activité éditoriale, Jacques Wiacek collabore régulièrement avec diverses institutions culturelles, militaires et diplomatiques, françaises et polonaises.
Les combattants polonais en France
1940-1944
L’invasion de septembre 1939, orchestrée conjointement par l’Allemagne nazie et l’Union soviétique, ouvre un chapitre particulièrement douloureux dans l’histoire de la Pologne. Renouant avec l’exil, ses dirigeants se tournent vers la France qui devient, une fois encore, le réceptacle de leurs espérances. La Seconde Guerre mondiale voit dès lors les combattants polonais s’engager aux côtés de leurs frères d’armes français bien au-delà de la désastreuse campagne de 1940, puisqu’ils sont également présents dans la Résistance et lors des combats de la libération. Leur lutte « pour notre liberté, et la vôtre » a été tardivement reconnue.
Entre alliance durable et relation à éclipses
On peut dater les premiers échanges politiques significatifs entre la Pologne et la France au XVIe siècle, quand la mort sans descendance de Sigismond II Auguste amène les Polonais à porter au trône Henri de Valois. L’expérience, malheureuse, n’empêche pas, par la suite, la reine Louise-Marie de Gonzague-Nevers et sa suivante Marie de La Grange d’Arquien de convoler en justes noces avec des monarques polonais. Un siècle plus tard, c’est au tour de Marie Leszczyńska d’épouser le roi Louis XV.
La partition de la Pologne, à la fin du XVIIIe siècle, affermit paradoxalement la relation franco-polonaise. En 1797, le général Jan Henryk Dąbrowski organise des Légions polonaises sous Bonaparte alors commandant de l’armée d’Italie. Dix ans plus tard, à Tilsit, Napoléon favorise la création du Grand-Duché de Varsovie, amenant en retour les Polonais à jouer un rôle accru dans son épopée : présents en Espagne en 1808, ils combattent également dans la désastreuse campagne de Russie, à Leipzig, dans la bataille de France et jusqu’à Waterloo.
La Pologne devient ensuite une préoccupation secondaire de la diplomatie française. Au grand dam des insurgés, le cabinet Casimir Perier se garde d’apporter une aide au soulèvement de 1831 écrasé par la Russie : « Dieu est trop haut et la France, trop loin ». L’invective « Vive la Pologne, Monsieur ! » lancée par le républicain Charles Floquet au tsar Alexandre II en 1867 est peut-être, à cette époque, la plus forte marque de sympathie affichée.
La Première Guerre mondiale change la donne. Le 4 juin 1917, un décret du président Raymond Poincaré entérine la création d’une armée polonaise en France, formée juste à temps pour livrer les derniers combats en Champagne et dans les Vosges. Son rôle s’avère cependant crucial au moment où les Alliés redoutent une implosion de l’Europe centrale : ses 70 000 hommes, confiés au général Józef Haller, sont rapatriés en Pologne au printemps 1919, secondés d’une mission militaire française de 400 officiers dont le Capitaine Charles de Gaulle. Un an plus tard, en août 1920, c’est au tour du Général Maxime Weygand de rejoindre Varsovie, menacée par les Bolchéviques, pour contribuer à la rationalisation du travail de l’état-major au côté du Général Tadeusz Rozwadowski.
Formalisant cette relation privilégiée, un traité franco-polonais est signé le 19 février 1921. Il prévoit des consultations diplomatiques, des échanges économiques et une assistance mutuelle en cas d’attaque non provoquée, les ennemis identifiés étant l’Allemagne et la Russie. Ferdinand Foch, Maréchal de France et du Royaume-Uni, est par la suite promu Maréchal de Pologne le 2 mai 1923.
La nouvelle alliance bat pourtant de l’aile en 1925, lorsque la France esquisse un rapprochement avec son ennemie teutonne à la conférence de Locarno. Dans les années 1930, son intériorisation prématurée de la supériorité militaire allemande, traduite par une posture exclusivement défensive, place Paris en faux au regard des engagements pris vis-à-vis de Varsovie. Les Polonais, qui doutent de l’appui français, se bercent d’illusions en signant en 1934 un pacte de non-agression avec Berlin. Les Français ne sont guère plus inspirés en se rapprochant dès 1935 du régime soviétique.
La suite est connue. Il faut attendre avril 1939 pour voir le président du Conseil Edouard Daladier offrir la garantie de la France contre « toute menace (…) qui porterait atteinte aux intérêts vitaux polonais ». Les discussions menées en mai 1939 entre les généraux Maurice Gamelin et Tadeusz Kasprzycki sont trop succinctes pour élaborer une stratégie commune. En septembre, malgré la déclaration de guerre à l’Allemagne, la France se contente d’une démonstration dans la Sarre.
De France, de Pologne et d’ailleurs
À contrepied de certains préjugés, l’armée polonaise qui se mesure à la Wehrmacht n’est pas déclassée au point de lancer sa cavalerie à l’encontre des blindés. Ses Bofors 37 mm percent le blindage des Panzer plus facilement que les 25 mm SA-L français. Les Polonais disposent également de 140 chars 7TP, 38 Vickers E et 574 chenillettes TK3 / TKS obsolescentes, sans oublier la cinquantaine de Renault R-35 livrés par la France. En revanche, face aux 2 500 appareils de la Luftwaffe, ils n’alignent que 392 avions dont peut-être une centaine est réellement moderne.
La défaite consommée, un gouvernement polonais en exil se reconstitue le 28 septembre à Paris. Politiques et diplomates français ont été à la manœuvre pour en confier les rênes au Général Władysław Sikorski, un francophile apprécié, qui passe aux yeux de Weygand pour un homme d’État voyant large et juste, plein de mesure et résolu à accomplir tout ce qui serait en son pouvoir pour relever son pays. De longues tractations aboutissent le 4 janvier 1940 à la signature d’un accord entérinant la création d’une armée dotée en première urgence de divisions d’infanterie, d’écoles d’officiers et de sous-officiers, et de forces aériennes. Une seconde vague, unités légères mécaniques et DCA, est conditionnée aux disponibilités en matériel. Reste à trouver les effectifs…
Leur source la plus importante réside dans le demi-million de ressortissants polonais arrivés en France depuis 1919. Les 15 000 volontaires sont complétés par une conscription menée avec le concours de l’administration française, qui porte à 105 000 les effectifs appelés sous les drapeaux. Toutefois, une moitié est exemptée en raison de son emploi dans des secteurs stratégiques (mines, industries lourdes…), si bien que seuls 50 000 rejoignent in fine les rangs de l’armée.
Le deuxième réservoir provient des militaires qui, pris en étau le 17 septembre 1939 entre les armées allemandes et soviétiques, ont trouvé refuge dans les pays voisins, principalement en Hongrie et en Roumanie, dans une moindre mesure en Lituanie et en Lettonie. Contrairement aux Polonais de France qui fournissent le gros de la troupe, il s’agit souvent d’officiers et de sous-officiers, dont les missions diplomatiques polonaises s’emploient à exfiltrer les profils les plus intéressants, aviateurs, troupes blindées et mécanisées. Les complicités locales, stimulées par les pots-de-vin, l’hostilité à l’Allemagne ou la volonté de se défaire de cet étau financier et politique permettent à 35 000 d’entre eux de rejoindre la France ou ses représentants du Proche-Orient.
Enfin, quelques centaines de volontaires affluent du monde entier, même si leur nombre reste très en-deçà des attentes. La Polonia états-unienne, qui a fourni 20 000 hommes à l’armée Haller vingt ans plus tôt, fait cette fois faux bond. Ceux qui répondent présents proviennent d’Argentine ou du Brésil, éventuellement du Canada. Parmi les cas atypiques, quatorze volontaires de Mandchourie arrivent au Liban ; âgés de 19 à 44 ans, aucun n’a jamais vu la Pologne[1] !
Une présence sur tout le territoire
Ces effectifs qui rallient en ordre dispersé s’organisent dans un premier temps au camp de Coëtquidan. Véritable berceau de l’armée polonaise, il accueille une école d’officiers et de sous-officiers ; suivront les 1re division de grenadiers et 3e division d’infanterie. Ses installations, rapidement saturées, amènent à loger les recrues dans les alentours, Paimpont, Campénéac ou encore Comblessac. Un deuxième regroupement voit le jour dans les Deux-Sèvres. Autour de Parthenay et du camp de Véluché, il accueille dans les premiers jours de 1940 la 2ème division de chasseurs à pied, complétée à partir d’avril par l’embryon de la 4ème division d’infanterie. Enfin, un regroupement de troupes motorisées et blindées voit le jour autour de Bollène. Il accueille les vétérans de la 10ème brigade de cavalerie, seule Grande Unité motorisée de l’armée polonaise en 1939, complétés de spécialistes de l’arme blindée. En attendant la levée d’une hypothétique division cuirassée, on s’entraine sur des Renault FT de la Grande Guerre. Les dragons, eux, conduisent encore en avril leurs manœuvres avec des bâtons en guise de fusil.
Les difficultés rencontrées dans le midi sont loin d’être isolées. À Coëtquidan, où la température descend jusqu’à -14°C, on manque de poêles et tous ne disposent pas de lits ; les couvertures sont distribuées à raison d’une pour deux soldats. Les armes collectives, mitrailleuses, mortiers, canons, n’arrivent qu’au printemps. Les relations avec les officiers français, qui jugent en parent pauvre une armée défaite en trois semaines, sont parfois délicates. Il faudra la percée de Sedan pour que Weygand réalise « avoir sévèrement jugé l’armée polonaise sans peut-être tirer de la campagne d’automne dans l’Est les enseignements qu’elle comportait[2] ».
Le comble du gâchis est atteint pour ce qui concerne l’aviation, dont 10 000 personnels, pilotes, mécaniciens, armuriers, météorologistes, opérateurs DCA, ont rejoint la France. Faute d’infrastructures et d’appareils disponibles, 20% d’entre eux sont dirigés en Grande-Bretagne. Sur le reste, six patrouilles formées à Montpellier rejoignent des groupes de chasses français le 18 mars et sont pleinement opérationnelles au déclenchement de l’offensive allemande. Un groupe de chasse, le 1/145, termine son entrainement. Malgré la formation de quelques patrouilles ad-hoc après le 10 mai et en dépit de 30 à 40 victoires aériennes, la majorité des hommes parvenus en France reste à végéter sur la base de Lyon-Bron, sans possibilité de prendre part aux combats.
Dans la bataille
L’armée polonaise reconstituée en France compte au 1er juin 1940 quelques 83 000 militaires. Exception faite de sa marine, forte de 1 505 hommes, trois destroyers et deux sous-marins, et de 2 164 aviateurs basés en Grande-Bretagne, ainsi que de 3 573 chasseurs de la brigade des Carpates, en cours de formation en Syrie, ses unités sont déployées en métropole. Toutefois, cet édifice se montre assez éloigné des ambitions posées par Sikorski, qui entendait se doter d’une armée « petite, mais moderne ». L’attaque allemande déclenchée le 10 mai 1940 laisse son œuvre inachevée, dispersée, et essentiellement basée sur l’infanterie.
La brigade Podhale
Levée en urgence à partir de février 1940 pour aider la Finlande aux prises avec l’invasion soviétique, la brigade autonome de chasseurs de Podhale est la première Grande Unité à atteindre le stade opérationnel. Pour accélérer les préparatifs, on a puisé dans les rangs des divisions en cours de formation, sans que cet empressement suffise à sauver Helsinki. Le Supreme War Council franco-britannique choisit alors d’employer les Podhale en Norvège, où le port de Narvik exporte le précieux minerai de fer à destination des industries d’armement du IIIe Reich.
Les paquebots Chenonceaux, Colombie et Mexique qui transportent les 4 478 chasseurs du général Zygmunt Bohusz-Szyszko quittent Brest le 24 avril. Ils sont rejoints en mer par le Général Metzinger et la Providence, chargés de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère. Côté allemand, le général Eduard Dietl dispose sur place du 139. Gebirgsjäger-Regiment renforcé de Gebirgsmarine, équipages de destroyers coulés le 10 avril par la Royal Navy.
La première action polonaise commence le 12 mai, lorsque le IIe bataillon Podhale sécurise les alentours de Bjerkvik, au fond de l’Herjangsfjord. Les choses sérieuses débutent réellement cinq jours plus tard, avec l’installation de la 1ère demi-brigade polonaise sur la ligne de crète dominant Ankenes. Pendant que la 13e DBLE attaque Narvik, les Podhale maintiennent les Allemands sur le flanc sud pour prévenir tout redéploiement.
L’assaut débute dans la nuit du 27 au 28 mai. Dans un premier temps, le IIème bataillon échoue devant les positions allemandes soigneusement camouflées, laissant les Gebirgsjäger libres de contre-attaquer. L’intervention rapide d’une compagnie du IVème bataillon permet ensuite de reprendre l’initiative et de capturer Ankenes au matin du 29. Pendant ce temps, à droite, le Ier bataillon atteint Bejsfjord. Le 1er juin, l’une de ses patrouilles établit la liaison avec les légionnaires qui repoussent les Allemands en direction de la frontière suédoise.
La victoire est acquise, mais la détérioration de la situation militaire en France oblige à rembarquer sous une semaine. Ramenée à Brest le 14 juin sans son armement lourd, la brigade Podhale est engagée à partir du 16 juin en défense du « réduit breton », sur le Couesnon. Surprise par le XV. Korps au matin du 18, elle subit des pertes à La Fontenelle ; quelques compagnies sont capturées entre Dol et Combourg, tandis que le reste est contraint à la dispersion.
La 1ère division de grenadiers
La 1ère division de grenadiers du général Bolesław Duch est la plus puissante des Grandes Unités polonaises. Fin mai 1940, ses 16 165 hommes renforcent le 20e Corps d’armée du général Louis-Eugène Hubert dans la Trouée de la Sarre, une portion de la ligne Maginot faiblement aménagée de rails antichars, de barbelés et de petits ouvrages « de type et de valeur très variable[3] » .
Le 14 juin, la 1ère Armée du Général Erwin von Witzleben déclenche l’opération Tiger. Soutenus par une aviation impunie et une centaine de batteries d’artillerie, ses trois Armeekorps se ruent à l’assaut des positions franco-polonaises… pour y trouver, à leur étonnement, des défenseurs mordants et pleins de ressources. Dans l’avancée d’Holving, les combats tournent au corps-à-corps. Aux cris « ‘Za Warszawę !’ Pour Varsovie ! », l’escadron du capitaine Roman Pohorecki reprend les positions perdues à la grenade et à la baïonnette. Le II/1. PAL, régiment d’artillerie légère, voit l’un de ses vétustes 75 mm éclater sous la cadence effrénée des tirs. La journée suivante permet aux Allemands grignoter le terrain, mais toujours sans obtenir la percée escomptée.
Le 16 juin, la 1ère DGP se replie sur une ligne d’arrêt provisoire Dieuze – Azoudange, couverte par des arrière-gardes à Marimont-lès-Bénestroff, Loudrefing et Guinzeling. Les bataillons qui défendent ces deux dernières positions tardent à décrocher et se trouvent dispersés mais Dieuze tient encore 24 heures, permettant à la division de refluer en ordre sur le canal de la Marne-au-Rhin.
C’est entre Xures et Moussey que les grenadiers vont livrer leurs plus féroces combats. Là encore, des décrochages inutilement tardifs ont condamné des unités entières, dont le II/2e RG, capturé au sud de Bourdonnay. Toutefois, les Allemands ne peuvent dépasser Lagarde, tenus en échec par les autres bataillons de ce régiment, qui contre-attaquent sans cesse les points de traversée. Devant Martincourt, le grenadier Kapłanek, âgé de 45 an, rassemble une quinzaine de « durs » qui rejettent l’ennemi, allant jusqu’à traverser le canal pour capturer deux fusils mitrailleurs. À Rémécourt, où les munitions de la 5/1. PAL sont acheminées en corbillard par manque de caissons, les canonniers s’arment de fourches et de haches en prévision d’un combat à mort.
La situation est stabilisée en soirée mais la ligne du canal doit être abandonnée le 18 juin, notamment en raison des difficultés rencontrées par la 52e DI sur le flanc gauche. Le bois de Tilloy et Vaucourt tombent dans la foulée. Le 19, les grenadiers reculent sur une ligne Baccarat – Merviller pour barrer les accès à la vallée de la Meurthe. Suivent de nouveaux combats en retraite, jusqu’à Raon l’étape. De toutes parts, l’ennemi approche et talonne les colonnes en retraite. A l’ouest, sans faire grand cas de ses voisins, la 52e DI abandonne ses moyens de combat pour se replier sur le col de la Chipotte tandis qu’à l’est, le 43e Corps se réfugie dans le massif du Dosnon.
Devant l’effondrement de l’ensemble du 2e Groupe d’armées, le général Duch ordonne au matin du 21 juin de renvoyer les 10 000 hommes qui lui restent pour éviter leur capture. Fier jusque dans la défaite, le II/1. PAL s’offre une action d’éclat en défilant en ordre impeccable à Saint-Dié avant de se disperser derrière la ville ; les gendarmes qui tentent de le désarmer sont bousculés par les canonniers et conspués par la foule. Hélas, plus de 5 000 grenadiers sont emmenés en captivité en Allemagne.
La 2ème division de chasseurs à pied
Tandis qu’ils s’attendent à rejoindre leurs camarades grenadiers sur la ligne Maginot, les chasseurs à pied de la 2ème DCP commandée par le général Bronisław Prugar-Ketling sont transportés à partir du 10 juin en direction de Belfort. Leurs premières journées au sein de la 8e Armée du général Emile Laure passent à parfaire le système de défenses de la vénérable citadelle mais leur mission ne tarde pas à être remise en cause.
À cette période, en effet, le Panzergruppe Guderian se dirige à toute allure vers Châlons puis Langres, enveloppant les armées de Lorraine dans une gigantesque poche. Face à ce nouveau danger, le général Laure hésite sur la conduite à tenir : défendre Belfort et la ligne du Rhin ? se replier vers le sillon rhodanien ? ou s’opposer à Guderian ?
Le 15 juin, le 5e RCP et le groupe de reconnaissance divisionnaire reçoivent instruction de se porter sur la Saône, entre Vereux et Bains-les-Bains, pour rejoindre un groupement improvisé constitué par le colonel Jean Duluc, qui inclut le 6e bataillon de chasseurs pyrénéens et le 16e bataillon de chars. En raison du déséquilibre des forces en présence, les chasseurs à pied ne peuvent en aucun cas empêcher la 1. Panzer-Division, la 6. Panzer-Division et la 20. Infanterie-Division (motorisiert) de saisir des têtes de pont sur la rivière. Battant en retraite, ils échouent à forcer le passage à Montbéliard déjà occupée par l’ennemi, si bien que seul le II/5e RCP parvient à rejoindre le gros de la division.
Entretemps, en soirée du 16 juin, celle-ci a finalement été mise en mouvement vers le sud-ouest. L’ordre, trop tardif, l’empêche de s’écouler en direction de Lyon puisque les colonnes motorisées allemandes investissent dès le lendemain la frontière suisse au niveau de Pontarlier. Acculés à la frontière dans le Clos du Doubs, les hommes de Prugar-Ketling livrent un baroud d’honneur entre Maîche et Saint-Hippolyte jusqu’au 20 juin, avant de passer la frontière pour un long internement. A la tête du 45e Corps dont dépendait la 2e DCP, le général Marius Daille écrira que « la conduite des troupes polonaises au cours des journées du 18 et 19 juin leur fait honneur. (…) Le général Prugar-Ketling (…) a été l’âme de sa Division qui a écrit une fort belle page avant de se réfugier en Suisse à bout de munitions et de souffle[4] ».
La 10ème brigade de cavalerie blindée (10. BKP)
La formation de la 10ème brigade de cavalerie blindée polonaise (10. BKP) est décidée le 23 mai 1940, à l’heure où les Panzer ont déjà atteint l’embouchure de la Somme. Au vu de la catastrophe qui se profile, le commandement français exige son envoi immédiat sur le front, bien que les équipages appréhendent à peine la conduite de leurs engins. Loin des 5 000 hommes prévus, c’est un Groupement détaché de 1700 militaires dotés de 45 Renault R-35 qui part rejoindre la Champagne pour tenir la charnière branlante entre la 4e et la 6e Armée.
La prise de contact avec l’ennemi se produit au matin du 13 juin. Les Polonais combattent en défense du village de Champaubert pour permettre l’écoulement de la 20e division d’infanterie. Mission accomplie, mais la 10. BKP échoue par la suite à localiser la 59e DLI, censée la seconder, qui a été entretemps dispersée au nord de Sézanne. Deux compagnies de R-35 tentent malgré tout de contre-attaquer le flanc de la 3. Panzer-Division mais la manœuvre, précipitée, échoue. Craignant de subir le sort de la 59e DLI, Maczek ordonne la retraite.
Faute de liaison avec les échelons supérieurs, son Groupement détaché amplifie le mouvement amorcé la veille. L’Aube est franchie entre Arcis et Coclois, après quoi la brigade s’installe pour la nuit au nord de Troyes. Hélas, loin d’y trouver le repos et le ravitaillement attendu, les blindés sont menacés par des éléments avancés de la 13. Infanterie-Division (motorisiert). L’obscurité est mise à profit pour décrocher sur Dosches, en soutien de restes d’unités défaites dans la montagne de Reims – 2e DI, 10e DI et 235e DLI.
Au matin du 16 juin, la brigade est parvenue devant Chaource mais son bataillon de chars, privé d’essence, est contraint de saborder la plupart de ses R-35. Alors que la SS-Verfügungstruppe approche, les 17 blindés restants sont employés à forcer le passage à Montbard. L’attaque nocturne du Groupement déconcerte initialement les Allemands, mais les forces polonaises, isolées, sont trop faibles pour l’emporter. Au matin, la brigade décroche en direction de Dijon. Après avoir vainement cherché un passage entre les mailles allemandes, ses 500 derniers soldats se dispersent dans les bois au nord de Val-Suzon.
Une armée inachevée
Le rythme effréné de l’offensive allemande influe sur les travaux destinés à lever de nouvelles unités polonaises. Dès le mois de mai, la 2e DCP et la 3e DLI ont dû se séparer d’une partie de leurs effectifs pour former dans l’urgence des compagnies divisionnaires antichars. Rassemblant chacune quelques 150 hommes, elles sont versées dans des divisions d’infanterie françaises et suivent leur parcours souvent douloureux : attachée à la 59e DLI, la 10e CDAC polonaise disparait en moins de 24 heures devant Montmirail.
En Bretagne, l’évacuation tardive de Coëtquidan, le 18 juin, laisse la 3e DLI sur place. Ses hommes, qui viennent juste de recevoir leurs chaussures neuves, se trainent les pieds ensanglantés jusqu’à Saint-Nazaire pour découvrir que les Allemands sont déjà à Nantes. Incapable de traverser la Loire, l’unité se disperse au milieu de récriminations réciproques qui jettent une lumière passablement négative sur l’état d’esprit de la troupe comme des officiers.
Enfin, la 4e DLI formée dans les Deux-Sèvres ne sera jamais qu’une division de papier. Ses 3 152 hommes sont dotés de 250 obsolètes fusils Gras m. 1874 et… dix Chassepot du Second Empire. Le principal succès de son commandant, le général Rudolf Dreszer, réside dans sa capacité à rejoindre le port de La Pallice, où l’unité s’embarque in extremis à destination des Îles Britanniques.
Aux côtés des unités de ligne, une mention spéciale doit être faite aux cryptanalystes du Biuro Szyfrów, experts en décryptement de la machine Enigma qui code la quasi-totalité des transmissions sans fil de la Wehrmacht. Exfiltrés en France par la Roumanie, leurs quinze spécialistes sont regroupés au sein d’une « équipe Z » qui, au sein du PC Bruno localisé à Gretz-Armainvilliers, travaille au bénéfice du 5e Bureau de l’état-major. Entre janvier et juin 1940, leurs travaux permettent de lire en clair 8 440 dépêches ennemies portant sur la bataille de Norvège, la bataille de France, les travaux des agents clandestins infiltrés ou encore les chiffres soviétiques.
Dans la résistance 1940-1944
L’armistice du 22 juin 1940 brise les espoirs polonais, le paroxysme des désillusions étant atteint au cours du douloureux épisode de l’évacuation, qui voit les autorités françaises faire preuve de passivité voire entraver les tentatives d’exfiltration. Si le général Sikorski parvient à reconstituer un gouvernement à Londres, le départ des derniers navires d’évacuation laisse en suspens le sort de milliers de militaires qui n’ont pu embarquer à temps. Parmi ces hommes livrés à eux-mêmes, les esprits s’échauffent, au point que les plus excités manquent de démolir le consulat de Pologne à Toulouse.
« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », écrit le poète-philosophe Friedrich Hölderlin, et c’est justement dans la ville rose que prennent naissance les premiers réseaux de renseignement polonais en France. Deux officiers, les commandants Wincenty Zarembski et Mieczysław Słowikowski, organisent l’évacuation clandestine des militaires qui souhaitent continuer le combat en Grande-Bretagne. Qui dit passage de frontière dit liaison avec des représentants britanniques dans la péninsule ibérique et justement, à l’aube de la bataille d’Angleterre, le Secret Intelligence Service a crucialement besoin d’informations sur l’occupant. De fil en aiguille, l’organisation s’ancre dans le renseignement. Connu sous l’appellation F, puis F2, le réseau emploie 250 agents dont 210 Français, en 1941. Sa taille ne cesse de croitre pour atteindre en 1944 pas moins de 2 800 agents, dont 98% sont des ressortissants français.
Ancien officier du renseignement de la 1re DGP qui a su éviter la capture lors de la débâcle en Lorraine, le capitaine d’aviation Roman Czerniawski s’associe dans un premier temps à Zarembski et Słowikowski. En septembre 1940, il rejoint la zone occupée pour monter son propre réseau, l’Interallié, au côté de Mathilde Carré, alias La chatte, elle-même accointée aux anciens du 2e Bureau français gravitant autour de Vichy. Les informations collectées passent initialement en zone libre sur des microfilms cachés dans les toilettes de l’express Paris-Marseille. L’essor de l’Interallié est rapide, trop sans doute au regard des dangers que font peser les agents de l’Abwehr. Trahis en octobre 1941, ses dirigeants sont arrêtés, la Chatte n’hésitant pas à dénoncer ses anciens complices.
Pendant ce temps, les cryptanalystes de l’équipe Z continuent leurs travaux au bénéfice des services spéciaux français, désormais confinés dans la semi-clandestinité sous l’appellation « Menées antinationales ». Dans le château des Fouzes, en sortie d’Uzès, ils assurent la liaison avec les Britanniques; le commandant Paul Paillole, pilier du renseignement français, évoquera la liaison centrale permanente la plus sûre et à haut rendement avec l’Intelligence Service. Le déchiffrement d’Enigma étant devenu délicat faute de matériel spécialisé, les Polonais déchiffrent les codes des organes de police du Reich et ceux des agents infiltrés par l’Abwehr en zone libre.
Créée en septembre 1941 sous l’inspiration du consul général Aleksander Kawałkowski, la POWN (Polska Organizacja Walki o Niepodległość, Organisation polonaise de lutte pour l’indépendance), également connue sous le nom Monika, vise à coordonner les initiatives des Polonais résidant en France dans un cadre plus large, l’Action continentale. Elle comprend un volet civil, qui consiste à renforcer la conscience patriotique des jeunes Polonais, et un volet militaire, qui vise à organiser des sabotages au moment de la libération, notamment dans les bassins miniers du Nord. Le réseau mène également une activité de renseignement, transmettant entre autres la localisation de 182 sites de lancement de fusées V1. Si la rapidité de la progression alliée élimine les velléités d’action armée, 4 000 agents auront servi dans les rangs de la POWN.
Enfin, les ratés de l’évacuation de 1940 ont fait naître dans certaines franges de la communauté polonaise établie en France un ressentiment durable vis-à-vis de Sikorski. L’absence d’autorité légitime solidement établie engendre divisions et démoralisation, qui à leur tour ouvrent la porte à l’entrisme d’une propagande communiste particulièrement active à partir de 1942. Oubliant un peu vite le pacte Ribbentrop-Molotov, certains Polonais rejoignent les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée). D’autres, lassés de l’attentisme de la POWN ou mieux assimilés à la société française, choisissent d’intégrer les maquis des FFI.
Une myriade de détachements polonais, de taille variable, combattent ainsi sous sur l’ensemble du territoire national : le bataillon Lwów dans le Cantal et en Corrèze, le bataillon Varsovie dans les opérations de l’Isère et des Alpes. En août 1944, le commandant Jan Chodźko, ancien de la Légion étrangère et de la 1re DGP, mène le bataillon girondin FFI Penthésilée libérer le Médoc. En décembre, les 19e et 29e groupements d’infanterie polonaise, d’obédience communiste, rejettent l’autorité du gouvernement polonais à Londres, préférant rejoindre la 1re Armée française du général Jean de Lattre de Tassigny.
L’heure de la Libération
Malgré la défaite, 25 000 militaires polonais ont rejoint les Îles Britanniques à l’automne 1940. Ces vétérans de la bataille de France dont 8 000 aviateurs assortis de 3 800 vétérans de la 10. BKP[5] , 1 700 de la 3e DLI, 1 500 de la 1re DGP, 800 de la brigade Podhale, sont progressivement étoffés de survivants des goulags évacués par le Proche-Orient. A la défaite de l’Afrikakorps en Tunisie en mai 1943, ils sont rejoints par des milliers de Malgré-nous, Poméraniens, Poznaniens, Silésiens, incorporés de force dans la Wehrmacht.
Leur amalgame donne naissance en février 1942 à la 1ère division blindée polonaise, alter ego de la 2e DB Leclerc française. Cette Grande Unité forte de 16 000 hommes, que le général Maczek appelle de ses vœux depuis 1940, débarque entre Arromanches et Graye-sur-Mer à partir du 1er août 1944. Engagée dans les opérations Totalize puis Tractable menées par le 2e Corps canadien en direction de Falaise, elle réalise une percée spectaculaire le 15 août en franchissant la Dives à Jort.
Le point d’orgue des combats livrés par la division blindée polonaise réside dans la fermeture de la poche de Falaise-Chambois, opérée au soir du 19 août, lorsque son 10e régiment de dragons établit la jonction avec le 359th Infantry-regiment de la 90th US Infantry Division, refermant la nasse sur les débris de la 7e Armée allemande. Attaqués de toutes parts, les Polonais isolés s’accrochent à la cote 262 Nord pendant deux jours et deux nuits, dans un combat d’une violence inouïe; en visitant quelques jours plus tard le champ de bataille, le général Dwight Eisenhower, évoquera « des scènes que seul Dante aurait pu décrire. Il était possible pendant des centaines de mètres de ne marcher que sur des restes humains en décomposition dans un silence, dans une campagne luxuriante où toute vie avait brutalement cessé ».
Après quelques jours de repos, les blindés du général Maczek reprennent la route en direction de la Somme. Passant la Seine à Elbeuf, ils libèrent Abbeville le 2 septembre, puis Saint-Omer le 5. Lorsque la poursuite prend fin le 9 septembre dans les Flandres, la division a parcouru 470 kilomètres en moins de dix jours. Chemin faisant, des volontaires du bassin minier, parfois vétérans de 1940, plus souvent avec leur enthousiasme pour seul bagage, ont renforcé ses rangs diminués par les combats.
La libération du territoire national marque-t-elle la fin de la longue odyssée polonaise ? L’élévation au rang de commandeur de la Légion d’honneur du général Maczek, sous l’Arc de Triomphe, en février 1945, semble sonner l’heure de la victoire et de la reconnaissance. Hélas, la capitulation de l’Allemagne, survenue quelques semaines plus tard, ne remédie pas à une situation politique complexe : libérée des nazis, la Pologne est passée sous domination soviétique.
Le 26 septembre 1946, le régime en place à Varsovie prive Maczek et 75 officiers supérieurs de leur nationalité. De nombreux combattants, rentrés au pays, tombent victimes de persécutions. Beaucoup n’ont alors d’autre choix que de rester en France, voire émigrer dans un pays du Commonwealth, aux Amériques et jusqu’en Australie. Ils y trouvent un refuge temporaire, mais une situation précaire.
Une reconnaissance tardive
Les années d’après-guerre voient les combattants polonais souffrir d’un déficit de reconnaissance, pour toute une série de raisons. Malgré leurs imposants faits d’armes, les 83 000 hommes de l’armée Sikorski restent associés à la maudite année 1940, qui demeure dans la conscience collective française celle des hésitations, des renoncements, de la défaite suivie par la compromission du régime de Vichy. Sans tomber dans le piège de la concurrence mémorielle, force est de constater que la sympathie va davantage au GI américain de la Libération de 1944 qu’au défenseur démuni, Français ou Polonais, de 1940, quitte à exagérer l’importance de la Résistance.
D’autre part, dans le contexte de recherche de boucs émissaires qui a suivi la débâcle, certains généraux français se sont défaussés sur leurs subordonnés polonais. Le commandant de la 3e Armée et celui du 20e Corps ont soutenu que la dispersion de la 1re DGP au matin du 21 « avait créé une brèche dans (le) dispositif ». Leurs critiques, qui peinent à recouper les faits et les évaluations élogieuses des officiers de liaison, expliquent peut-être que le commandant des grenadiers ait dû attendre 1974 pour se voir décerner la Légion d’honneur. Notons que la performance de la brigade blindée du général Maczek n’a pas échappé aux jugements dénigrants des commandants du 7e Corps ou de la 6e Armée…
Enfin, les courants d’inspiration communiste, prégnants dans l’après-guerre, ont eu à cœur de monopoliser la mémoire combattante. Dans des bassins miniers et industriels acquis aux idées communistes, l’évocation des accomplissements militaires du gouvernement de Londres, au même titre que la responsabilité du massacre de Katyn, embarrassent facilement. Rares sont ceux qui osent contester un PCF usurpant du titre de « Parti des 75 000 fusillés », chiffre largement exagéré et démenti par les historiens. Encore dans les années 1970, les colloques consacrés aux combattants polonais font largement l’impasse sur ceux qui ne s’inscrivent pas dans le cadre narratif convenu.
La mémoire transite néanmoins à travers les cercles d’anciens combattants dont l’Association nationale du souvenir de la 1re division blindée polonaise ou le SPK, Stowarzyszenie Polskich Kombatantów, qui battent en brèche la propagande officielle de la Pologne populaire, toujours prompte à accuser ceux « de Londres » de collusion avec l’ennemi. Par l’impossibilité de leur retour au pays, ces Surplus Heroes témoignent d’ailleurs de l’inanité des slogans du régime communiste. La chute du Rideau de fer, qui s’amorce justement en Pologne avec la tenue des premières élections libres en juin 1989, constitue aussi leur victoire, au terme d’une longue marche, sur l’autre totalitarisme du XXe siècle.
[1] Une communauté polonaise de 7 000 âmes était établie à Harbin.
[2] WEYGAND Maxime : Rappelé au service. Flammarion, 1950, p. 79
[3] RÉQUIN Édouard : Combats pour l’honneur. Charles Lavauzelle, 1946, p. 17
[4] SHD 32 N 502 dossier 1 historique
[5] Principalement issus des formations non engagées au combat entre Champagne et Bourgogne.
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