Les monuments du mois

26 mars 2020

Les actions de grâces

Au lendemain de la victoire de 1945, des dizaines de milliers de monuments et de stèles sont érigés et de plaques apposées en France. Si la majorité rendait hommage à des « Morts pour la France » nés dans la commune ou tués sur le territoire, plusieurs sont très singuliers. Ils sont élevés dans des villages ou des villes qui ont échappé au sort de la guerre, aux bombardements et qui n’ont eu ni fusillés, ni otages, ni déportés. Au lendemain de la guerre, leur population a pensé que leur sort heureux était dû à une intervention divine.

Parmi les vingtaines de monuments singuliers, certains s’inscrivaient pleinement dans le 75eanniversaire du retour de la libération des camps et de la libération du territoire.

Nous en retiendrons cinq particulièrement symboliques :

  • Notre-Dame-des-Otages à Colombey-les-deux-Eglises 

Une statue peu connue, compte tenu de la fréquentation importante du site, a été inaugurée le 25 août 1946. Notre-Dame-des-Otages est un édifice important, de 5 mètres de haut environ, représentant une Vierge. Sur la façade du socle, un écusson porte l’inscription : A Notre-Dame-des-Otages 19 août 1944. La paroisse a édifié le monument en souvenir des événements qui se déroulèrent à Colombey-les-deux-Eglises le 19 août. A la suite d’un bref accrochage, des SS se répandent dans la localité, arrêtent 22 hommes parmi les plus jeunes, et les disposent en quinconce sur la place de la Mairie, avec intention de les exécuter. Finalement, les otages sont emmenés en prison à Chaumont où ils restent plusieurs jours avant d’être libérés. 

  • Javarzay (Deux-Sèvres)

Certains villages rendent grâce pour n’être pas devenus des villages martyrs. Une plaque, apposée à l’intérieur de l’église de Javarzay, rend grâce pour avoir échappé aux représailles lors de l’attaque par les Allemands du maquis de Fernand, le jour même de l’Assomption :

15 août 1944 / Javarzay condamnée par représailles à être brûlée le soir de ce jour fut sauvée par la visible intercession de la très sainte Vierge A Notre-Dame-de-l’Assomption  la paroisse reconnaissante.

  • Le Sacré-Cœur à Paris

Certains pensent qu’avoir sauvé sa vie lors des bombardements ou des combats de 1944-1945 ressortit du miracle. A Paris, a été apposée à l’intérieur du Sacré-Cœur une plaque dont le texte est d’une totale limpidité : L’an 1944 Dans la nuit du 20 au 21 avril tandis que les adorateurs persévéraient ici dans la prière 13 bombes éclatèrent entre ce sanctuaire et les maisons toutes proches sans faire aucune victime Le recteur de la Basilique et les habitants du voisinage touchés de cette intervention manifeste de la providence ont offert au cœur de Jésus ce mémorial de leur reconnaissance

  • A Marseille, Notre-Dame-de-la-Garde

A Marseille, à Notre-Dame-de-la-Garde a été apposée une plaque de reconnaissance pour la sauvegarde de la basilique et la libération de la ville : Le 25 août 1944 Fête de Saint-Louis roi de France et les jours suivants Notre-Dame-de-le-Garde a manifestement préservé de la destruction sa basilique et délivré la ville et tout le territoire C’est elle qui a tout fait a déclaré le général de Monsabert qui commandait la vaillante armée de la 3eDTA Souvenir reconnaissant de Marseille et de la Provence.

  • A Beaumont-la-Ferrière (Nièvre)

Dans le parc de l’ancien château de Sauvages, une stèle a été érigée avec des pierres taillées provenant de l’ancien château. Elle est surmontée d’une niche abritant une statue de la Sainte-Vierge Marie et d’une croix en fer forgée. Au dos de la stèle, une plaque de marbre porte l’inscription rappelant les circonstances de sa création en 1963, pour honorer un vœu de guerre. Au cours de la guerre se déroula une dévotion à la Vierge invoquée sous le vocable Notre-Dame-de-Sauvages, protectrice des Absents. Ce monument est donc un ex-voto. Entémoignage de reconnaissance pour le retour à Beaumont de tous les combattants et prisonniers de la guerre de 39-45. Chaque année s’y déroulait un pèlerinage paroissial le dimanche suivant le 8 septembre. Depuis 1970, cette cérémonie n’a plus lieu.

Pendant des décennies, ces lieux ont été marqués par des rassemblements religieux. Aujourd’hui abandonnés, ils témoignent d’un temps où 90% des Français se reconnaissaient dans la religion catholique.

Le Souvenir Français, association areligieuse a néanmoins le devoir de les sauvegarder.

Sources

Serge Barcellini et Annette Wieviorka, Passant, souviens-toi !Les lieux du souvenir de la Seconde Guerre mondiale en France, Plon, 1995.

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