Il était une fois un monument

2 mai 2025

Le musée de la Reddition (Reims)

Musée de la Reddition © Carmen Moya

  « Je pense qu’il est particulièrement symbolique que la reddition ait été signée au cœur de la France, ce pays qui a tant souffert, ce pays où nous avons débarqué en juin dernier et dont les forces armées et les mouvements de résistance nous ont tant aidés. Cette reddition sans conditions a été obtenue grâce au travail d’équipe non seulement de tous les Alliés qui ont participé à la guerre, mais également des différentes armées de terre, de mer et des airs […] ».

Ces paroles ont été prononcées par le général américain Dwight Eisenhower lors du discours de la Victoire, après la signature de la capitulation des armées allemandes le 7 mai 1945 à 3h du matin, dans le quartier général du corps expéditionnaire allié en Europe (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force ou SHAEF). Ce lieu historique situé à Reims (Marne) est aujourd’hui un musée, gardien du souvenir de cet événement éclipsé par la signature à Berlin le lendemain.

Eisenhower et son adjoint le maréchal de l’Air Tedder se préparant à enregistrer le discours de la Victoire dans la salle des cartes à Reims.

En février 1945, le général Eisenhower installe le quartier général du SHAEF dans une partie des locaux de ce qui était autrefois le collège Moderne et Technique de la rue Jolicoeur de Reims, l’autre partie étant réservée aux professeurs et aux élèves.

Troupe allemande qui passe devant le collège Moderne et Technique de Reims, QG du SHAEF, le 23 mai 1945.

Après le suicide d’Adolf Hitler, une délégation allemande composée par l’Amiral Karl Dönitz, désigné successeur du Führer à la tête du Troisième Reich, est envoyée pour négocier la signature d’un acte mettant fin aux hostilités avec les Alliés du Front Ouest. Ces derniers n’acceptent cependant qu’une reddition inconditionnelle pour l’ensemble de l’Europe. Le 7 mai, à 2h41, sera signée dans la salle des cartes (ou War Room) la capitulation des armées du Troisième Reich par le chef de l’état-major allemand Alfred Jodl accompagné de l’amiral von Friedeburg, chef de la marine militaire allemande et du commandant de la Wehrmacht, Wilhelm Oxenius.

Les plénipotentiaires allemands dans la salle des cartes du QG du SHAEF (Major Wilhelm Oxenius, Général Alfred Jodl, Amiral Hans-Georg von Friedeburg), le 7 mai 1945.

Il est stipulé dans l’acte que toute opération active prendra fin le lendemain à 23h01, plus aucun dégât ne doit être commis. Cependant, la nouvelle sera annoncée plus tôt dans l’après-midi du 8 mai à toutes les capitales alliées.

Pourquoi ne commémorons-nous pas le 7 mai 1945 ?

« Cet acte de reddition militaire ne préjuge pas de l’avenir et sera remplacé par tout autre instrument général de reddition qui sera imposé par ou au nom des Nations unies et applicable à l’Allemagne et aux forces armées allemandes dans leur ensemble », l’article 4 extrait de l’acte résume à lui-seul ses limites. En effet, il a pour objectif de faire cesser les combats et ne satisfait nullement les intérêts des pays alliés : il est purement militaire (Act of Military Surrender). Le texte est dactylographié court, élaboré en hâte sous la supervision d’Eisenhower.

L’acte de capitulation signé le 7 mai 1945, seul le texte en anglais vaut autorité.

De plus, la France ne signe le traité qu’en qualité de témoin, représentée par le général François Sevez, en tant que chef d’état-major du Général de Gaulle. Il est convoqué au dernier moment par un appel d’Eisenhower le 6 mai et ne participe pas aux pourparlers.

Enfin, Staline exige que la capitulation soit considérée comme un préliminaire à celle qui sera signée à Berlin le 8 mai, à 22h43, en présence des représentants de l’URSS, de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, craignant que cette première capitulation ne profite à ses intérêts. Finalement, le 8 mai conviendra aux belligérants et sera officiellement célébré comme le jour libérateur en Europe de l’Ouest, Staline, lui, privilégiant le 9 mai.

Un musée pour ne pas oublier

Deux mois après la signature, le général américain Lord remet au maire de la ville, Michel Sicre, les clés de la Salle de la Reddition. Il lui déclare : « Je vous confie non seulement les clés de la salle de la capitulation, mais aussi celles de la liberté du monde ». Classée Monument Historique, celle-ci est restée dans son état d’origine et deviendra en 1985 le musée de la Reddition à l’occasion du 40e anniversaire de la victoire alliée en Europe. Le musée présente depuis, auprès des visiteurs, le souvenir de cette nuit historique à travers l’exposition de diverses archives, d’uniformes, de maquettes et d’objets divers.

La visite du musée débute par une projection audiovisuelle explicative de l’événement historique (effondrement de l’armée allemande au printemps 1945, suicide d’Hitler, signature de Reims, discours de la victoire, signature exigée à Berlin, défilé de la victoire le 9 mai, etc.) tout en expliquant les raisons pour lesquelles celui-ci a été rapidement effacé par la signature du 8 mai.  Au premier étage, la War Room a été préservée et invite les visiteurs à se plonger en 1945, dont l’ambiance est encore palpable, à travers différents documents conservés derrière un espace vitré. Enfin, une salle d’expositions temporaires accueille chaque année une exposition consacrée à un événement ou thème ayant trait à la Seconde Guerre mondiale.

La table où a eu lieu la signature de la capitulation allemande le 7 mai 1945.

JONAS Lucien, Signature de la capitulation allemande le 7 mai 1945 à Reims, 1946, huile sur toile, 100 x 125 cm, Musée des Beaux-Arts (Reims).

Cette année, pour les 80 ans de la Reddition, le musée propose des visites, des projections et des événements spéciaux, du 3 au 11 mai, retraçant les événements clés du conflit et le rôle de la ville de Reims en ces temps de guerre. Retrouvez toutes les informations sur le site des musées de Reims, ici.

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