Délégation de Belgique 1923-2023 : Centenaire de l’inauguration du cimetière militaire de la Belle-Motte

11 janvier 2024

L’histoire des cimetières et des monuments consacrés à la guerre 1914-1918 est aussi l’histoire de l’interprétation que les nations ont donné à la mort des soldats. Sacrifice, douleur des mères, héroïsme patriotique. 

1917 est  l’âge de l’héroïsme, 1923 est l’âge de la douleur des mères et du refus d’autres guerres. La Belle Motte porte dans les plis de son linceul les échos de ces moments.

Né pendant la guerre et ébauché par les Allemands, puis réorganisé après le traité de Versailles et les accords sur le retour ou l’inhumation des soldats, ce cimetière symbolise aussi et déjà une coopération aujourd’hui riche de sens et de fraternité.

Historique

Les premières pierres du cimetière ont donc été posées en 1917 par les Allemands. Durant les combats du mois d’août 1914, de nombreux soldats avaient été directement enterrés sur le champ de bataille. La Belle-Motte accueillera les 374 victimes héroïques de la retraite de Le Roux inhumés à l’arrière de l’Ogive.

Après le rapatriement des victimes françaises dans leurs villages d’origines, de nombreux petits cimetières ou carrés militaires sont démantelés. Le cimetière militaire de la Belle-Motte est agencé et ordonné tel que vous le connaissez aujourd’hui.

Dans cet écrin de verdure où le silence est tantôt pesant, tantôt paisible, d’autres corps, relevés dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et tombés dans ce sinistre mois d’août 1914, ont rejoint leurs frères d’armes. Ici reposent désormais un total de 4.066 soldats. 1.191 soldats identifiés et dans deux ossuaires, situés de part et d’autre de l’Ogive, les restes de 2.875 corps français non identifiés qui proviennent des cimetières provisoires de pas moins d’une trentaine de communes.

Une cathédrale

Construite à l’initiative des Allemands, au centre du cimetière militaire, se dresse une arche de style gothique aux traits pouvant se confondre avec ceux d’une ogive « obus », formée par deux mains se joignant en guise de symbole de paix. Il s’agit de l’embryon d’une œuvre d’art, base de ce qui devait être une chapelle dont la construction inachevée fut abandonnée après l’Armistice de 1918.

On peut imaginer que la nécropole de la Belle-Motte a été conçue comme une cathédrale naturelle, dont les arbres ceinturant le cimetière symbolisent des colonnes soutenant la voûte de feuillage des nefs.

L’ogive est centrale, c’est aussi une porte vers cet ailleurs que rejoignent les soldats, c’est enfin une clé de voûte et le lieu principal des commémorations.

L’inauguration en 1923

C’est le dimanche 19 août 1923, que l’on inaugurait officiellement le cimetière militaire de la Belle-Motte dans sa structure actuelle. Dès 15h, trois longs cortèges rejoignaient le dispositif de la Belle-Motte venant d’Aiseau, de Falisolle et de Le Roux et prenaient place en face de l’Ogive. Plusieurs personnalités avaient rejoint les hauteurs des villages. Le général PASSAGA, commandant du 10è Corps d’Armée de Rennes, représentait le Ministre de la Guerre français, et le Lieutenant-Général Bernheim représentait le Ministre de la Défense belge, aux côtés de Messieurs Bierlaire et Parent, les bourgmestres d’Aiseau et de Le Roux.

La Belle-Motte, un partage de Paix dans une « Mémoire Partagée »

Derrière le cimetière français, dès 1917, s’étendait également un cimetière allemand créé par l’armée allemande. En 1954, le gouvernement belge et celui de la République Fédérale allemande décidèrent de procéder à une concentration des petits cimetières éparpillés dans le Royaume. Les soldats allemands de la Belle-Motte furent transférés dans les Flandres à Langemark.

Dès ce mois d’août 2023, une stèle allemande, sauvée par le comité Royal du Souvenir de Le Roux retrouvera sa place sur le dispositif de la Belle-Motte. Cette stèle aura toute son importance dans le cadre de la « Mémoire Partagée », chère au C.R.S.

Dimanche 23 août 2023, un événement et un carrefour de l’histoire et de la mémoire

Ce dimanche 23 août 2023, c’est aussi avec une grande solennité qu’un nouveau comité Royal du Souvenir célébrera le centenaire de cette inauguration, en présence de Denis MATHEN, Gouverneur de la Province de Namur ; du Colonel Hubert STAHL, Attaché de Défense auprès de l’ambassade de France à Bruxelles ; Eckart BLAUROCK, Chef de mission adjoint et Chargé d’Affaires, auprès de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne ; des représentants de la Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants français et de la Ministre de la Défense belge ; des Commandants militaires des provinces de Hainaut et de Namur ; Daniel TILMANT, Délégué général-adjoint du Souvenir Français pour la Wallonie, ainsi que des bourgmestres et élus des communes d’Aiseau-Presles, de Fosses-la-Ville et de Sambreville. Plusieurs élus et délégations des villes régimentaires du mois d’août 1914 de Bretagne et de Normandie, du Land de Basse-Saxe seront présentes pour cet événement mémoriel. Le 3è Régiment de Génie de Charleville-Mézières et le 2è Wing Tactique de la base de Florennes rendront les honneurs militaires avec la participation de la Musique du 2è Chasseurs à Pied de Charleroi et de la chorale de l’amicale des paras-commandos.

Centenaire d’un lieu de mémoire essentiel et exceptionnel.

Cette commémoration a sans aucun doute encore plus de sens pour les pèlerins de la mémoire que nous sommes et les compagnons du Comité Royal du Souvenir de Le Roux et du Souvenir Français que tout autre moment dans le calendrier de la Belle Motte.

C’est une synthèse de la mission du Souvenir Français, honorer et se souvenir, construire des lieux et des espaces où les symboles et la mémoire imposent le respect et l’admiration pour ceux qui y sont honorés.

Relevé des tombes militaires suite aux combats livrés dans la bataille dite de « Charleroi » ou de l’Entre-Sambre-et-Meuse

Les corps des soldats de la guerre 1914/1918 inhumés depuis 1923 dans la nécropole nationale de la Belle-Motte ont été relevés dans les communes, hameaux ou lieu-dit de :

Les deux Ossuaires

Les deux ossuaires, situés de part et d’autre de l’Ogive, renferment les restes non identifiés de 2.875 corps français qui proviennent des cimetières provisoires suivants :

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