Billet d’humeur du président général

1 décembre 2022

Une réponse à une question écrite qui nous interroge

Le 7 juillet 2022 était publiée sur le Journal Officiel du Sénat (p.3192) la question posée par la Sénatrice de la Marne Madame Françoise Férat, concernant la définition d’un nouveau calendrier des journées commémoratives nationales.

Cette question présentait les propositions du Souvenir Français :

« Mme Françoise Férat interroge M. le ministre des armées sur la définition d’un nouveau calendrier des journées commémoratives. Les associations mémorielles, telles que Le Souvenir Français, considèrent que la politique mémorielle a connu ces cinq dernières années un développement remarquable marqué par la création de trois journées commémoratives nationales, par la panthéonisation de quatre grands Français, par la mise en œuvre de deux grands temps commémoratifs (centenaire 1914-1918 et 60ème anniversaire de la guerre d’Algérie) ainsi que par l’organisation de nombreuses cérémonies aux Invalides. Néanmoins, cette association fait plusieurs propositions pour donner toute sa place à la politique mémorielle notamment en souhaitant accroître sa lisibilité et son efficacité. Ainsi, il est proposé de définir un nouveau calendrier des journées commémoratives en réduisant leur nombre et en accroissant leur cohérence. Alors que celui-ci regroupait 6 journées nationales jusqu’en 1993, onze ont été ajoutées depuis cette date ! La France détient le record mondial de ce type de journées qui disperse les moments de commémoration et sollicite constamment les anciens combattants et porte-drapeaux. Elle lui demande si le Gouvernement entend conduire une telle redéfinition en concertation avec les fondations et associations mémorielles. »

Le 20 octobre 2022, une réponse du ministère des Armées était publiée au Journal Officiel du Sénat, P.5120 :

« Conscient du risque de désaffection croissante à l’égard des commémorations nationales, le Gouvernement avait créé en décembre 2007 une commission de réflexion, présidée par le professeur André Kaspi, qui avait rendu ses conclusions le 12 novembre 2008. Elle avait mis en lumière des enjeux importants, parmi lesquels la nécessaire pérennisation de la participation du public aux commémorations et le défi de la transmission aux jeunes générations des valeurs sous-jacentes à ces rassemblements mémoriels. Le Gouvernement avait en revanche écarté l’idée d’une hiérarchisation des commémorations nationales, prélude à la disparition d’un certain nombre d’entre elles. Il avait de même refusé de supprimer certaines journées nationales. En effet, s’il apparaît nécessaire de veiller à éviter la multiplication de journées commémoratives, la persistance de certaines sensibilités mémorielles doit également être prise en compte, notamment pour les anciens combattants dont l’action doit être saluée. Toutefois, une évolution a eu lieu avec la loi n°2012-273 du 28 février 2012 qui fait du 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918 et de commémoration annuelle de la victoire et de la Paix, la journée d’hommage à tous les « Morts pour la France », sans pour autant que cette journée d’hommage ne se substitue à celle déjà existantes. Dès lors, le Gouvernement n’envisage pas de modifier le dispositif actuel sur ce sujet. »

Cette réponse fait référence au rapport Kaspi rendu public le 12 novembre 2008.

Le Souvenir Français est très sensible comme le gouvernement à la « persistance de certaines sensibilités mémorielles notamment chez les anciens combattants » qui freineraient toute évolution du calendrier.

Il nous est cependant nécessaire de préciser :

 -Qu’entre 2008 et 2022 les associations d’anciens combattants ont perdu, par le fait de la décroissance démographique, plus de 50% de leurs adhérents, et qu’en 2022, les derniers anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale ont plus de 95 ans (saluons le centenaire Léon Gautier, dernier membre du commando Kieffer), que les derniers anciens d’Indochine ont dépassé 90 ans, et que les derniers anciens combattants d’Algérie ont dépassé 80 ans.

 -Qu’entre 2006 et 2022, les présidents de la République ont créé 7 journées commémoratives nationales ; 11 mars : Journée d’hommage aux victimes du terrorisme (2019) ; 19 mars : Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie, et des combats en Tunisie et au Maroc (2012) ; 7 avril : Journée de commémoration du génocides des Tutsis au Rwanda (2019) ; 24 avril : Journée de commémoration du génocide arménien (2019) ; 10 mai : Journée commémorative du souvenir de l’esclavage et de son abolition (2006) ; 27 mai : Journée nationale de la Résistance (2013) ; 18 juin : Journée nationale commémorative de l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 (2006).

Il y a désormais un écart important entre l’offre commémorative (les journées nationales) et la demande associative.

A chacun d’y réfléchir.

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