Je souhaite vous raconter l’histoire d’un combattant de la guerre d’Algérie – une histoire qui est aussi un destin.
Celle de Marcel Deleuze. Né le 19 août 1924 à Bailleul et domicilié à Tournai sur Dive (Orne), Marcel Deleuze s’est engagé dans l’armée française en septembre 1944, à 20 ans, pour participer à la victoire. Démobilisé en novembre 1945, il se réengage 3 ans plus tard dans la légion étrangère pour combattre en Indochine. En mai 1954, caporal au 51e Régiment d’infanterie, il rejoint l’Algérie, et en février 1955, il est affecté dans le Constantinois. Le 22 août 1955, il est tué à El Milia. El Milia est resté dans nos mémoires comme un moment intense de combat. 39 opérations ont été menées par l’armée française en août dans cette région. Jacques Sostelle s’y déplaça afin de coordonner les interventions. Des combats difficiles et de nombreuses embuscades.
Une citation fut décernée à Marcel Deleuze.
« Caporal dynamique et courageux. A participé depuis août 1954 à toutes les opérations de maintien de l’ordre menées par sa compagnie en Tunisie et en Algérie. Le 22 août 1955 à El-Milia a été très grièvement blessé alors qu’il commandait la progression de ses voltigeurs, au cours d’un engagement avec une bande de hors-la-loi dissimulés dans les fourrés. Est décédé des suites de ses blessures. »
La mention Mort pour la France lui fut attribuée en catimini – puis son corps, rendu à sa famille, fut inhumé à Tourne sur Dives le 5 novembre 1955 dans une tombe familiale simple sur laquelle une plaque rappelle son engagement de combattant en Algérie. Sur cette tombe ses parents vinrent souvent se recueillir. Un jour, ils décédèrent. La tombe rentra en déshérence. Un agent de la commune s’en aperçu. Une étiquette fut collée afin que la famille se fasse connaître. Le mécanisme de la disparition était enclenché. La présence d’un comité de l’association « Le Souvenir Français » dans le canton arrêta cette mécanique infernale. Le Souvenir Français lança la rénovation et la finança.
L’histoire que je viens de vous raconter est une histoire banale. Elle concerne les 30 000 combattants Morts pour la France pendant la guerre d’Algérie, tous ont été restitués à leur famille, toutes ces tombes sont appelées à disparaître. Certaines, celles qui ne bénéficiaient que de concessions courtes – 30 ou 40 ans – ont déjà disparues. Les autres- celles qui bénéficiaient de concessions dite perpétuelles disparaîtront au moment où elles renteront en déshérence du fait de la disparition des familles.
Il nous appartient dès lors de nous interroger ensemble. La banalité de ces disparitions est-elle acceptable ? Ces Morts pour la France ne représentent-ils rien pour notre Histoire ? Ne sont-ils pas des « buttes témoins » vigilantes qui rappellent comment des destins individuels se sont fondus dans le destin collectif de la Nation ?
Ce sont ces questions que nous devons ensemble nous poser.
A l’association « Le Souvenir Français », nous pensons qu’il faut conserver ces tombes in situ car elles sont des éléments essentiels des chemins de mémoire de chaque commune. Ces tombes « parlent » – elles nous apprennent l’histoire et transmette la mémoire de la guerre d’Algérie aux jeunes générations. Ces tombes sont le croisement entre trois mémoires : une mémoire familiale – ce mort est un membre d’une famille, une mémoire communale – ce combattant est né ou a habité dans notre commune et une mémoire nationale – ce soldat est Mort pour la France. Ce croisement de ces trois mémoires nous impose la conservation de ces tombes.
Aujourd’hui, à votre congrès, je souhaite lancer un appel. Le Souvenir Français a besoin de la FNACA pour que ces combattants ne soient pas Morts pour la France pour disparaître au bout de 30 ou 60 ans dans les fosses communes communales. Le Souvenir Français a besoin de la FNACA pour que ces tombes rentrent dans le patrimoine de notre Nation pour que la mémoire soit toujours le reflet de notre histoire.
Pour notre mémoire.
Pour notre future.
Tout simplement pour la France.
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