TROIS QUESTIONS À Yannick MIREUR

1 juillet 2016

Président de l’association des Amis du Mémorial de La Marseillaise

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1- D’où vous est venue l’idée de proposer le lancement d’une année de la Marseillaise ? Quelles actions mène l’Association Les Amis du Mémorial de La Marseillaise cette année?

Devant une France en perte de repère et de direction collective, le raffermissement de l’esprit public s’impose. Pour ce faire, la redécouverte des emblèmes nationaux fondateurs paraissait être une bonne voie. L’année 2015 était l’anniversaire de l’adoption de La Marseillaise comme hymne national, et celui du transfert des cendres de son compositeur aux Invalides. L’association que je préside, Les Amis du Mémorial de La Marseillaise, a donc proposé aux pouvoirs publics de saisir cette occasion, que les événements tragiques de janvier 2015 ont rendue plus évidente à tous, et nous avons proposé ou engagé des actions pour une série d’événements festifs, sportifs et patriotiques.

L’originalité de notre démarche,  nous l’espérons en tout cas, est en effet moins de commémorer que d’actualiser, c’est-à-dire de se réapproprier le sens d’un héritage ancien, et de le faire dans un contexte contemporain. Le message de La Marseillaise, c’est la liberté. Il n’y a pas de contradiction avec le fait qu’elle soit un chant de guerre, puisque la liberté se conquiert. Il faut donc lire les paroles de Rouget de Lisle en ayant à l’esprit le contexte et le vocabulaire de son époque. Aujourd’hui, les révoltes arabes ou la question de la société civile en Chine face au parti unique, rendent le message de l’émancipation des individus par rapport au pouvoir politique très actuel. Et bien sûr, les attentats qui ont vu les Français entonner spontanément le chant national en 2015, comme un recours à un socle inaltérable, a montré combien ce message de liberté était pertinent. Ajoutons que l’universalité du message s’est révélée tout aussi prégnante lorsqu’en novembre 2015 des étrangers chantèrent La Marseillaise en signe de soutien au peuple français.

Le sport, qui suscite l’adhésion générale, est un terrain où l’hymne national est largement présent. La Marseillaise des stades et des Jeux Olympiques nous paraissait tout aussi importante que celle des commémorations officielles. C’est pourquoi nous avons suggéré que sport et jeunesse soient le fil rouge de cette Année de La Marseillaise, qu’annonça le président de la République en septembre 2015 au stade Bauer en prévision de l’Euro2016. Le football est le sport le plus populaire, mais c’est aussi celui qui alimente des polémiques sur l’identité française. C‘est pourquoi le choix de l’Euro nous paraît juste ; La Marseillaise est un enjeu de cohésion sociale et nationale où la mémoire s’avère indispensable pour construire l’avenir.

Dans cet esprit, l’action de notre association, qui fut engagée à Marseille pour M2013 Capitale européenne de la Culture, repose aujourd’hui sur deux projets principaux. Le premier est l’érection d’une œuvre, Le Socle de La Marseillaise, mêlant des formes classique et contemporaine, parrainée par la nageuse Laure Manaudou et réalisée par l’architecte Rudy Ricciotti, qui la signera. L’originalité de ce projet tient notamment au fait que l’œuvre sera installée à Marseille et à Paris, en une sorte de jumelage artistique. Nous avons procédé à une opération de financement participatif pour disposer de fonds propres et sommes toujours à la recherche de dons. Notre deuxième projet est la création d’un relais de La Marseillaise entre Marseille et Paris ! Ce relais, sur le chemin des fédérés marseillais qui rendirent le chant célèbre en 1792, sera couru notamment par des athlètes issus des forces armées. Il doit leur offrir une grande occasion de rayonnement dans un contexte où elles sont spécialement sollicitées, et encourager l’hommage de la Nation à travers un grand événement mobilisateur dans les territoires.

Notre action ne se limite pas à 2016, elle se poursuivra en 2017 avec la Capitale européenne du sport et au-delà.

2- Quels sont les objectifs de votre association Les Amis du Mémorial de La Marseillaise?

Notre objectif est simple : faire de La Marseillaise un vecteur de cohésion sociale et nationale. A partir de diverses actions, notamment pédagogiques auprès des élèves du primaire et du secondaire, chorales, défis sportifs ou autres, pour lesquelles les collectivités locales ont un rôle à jouer, nous souhaitons ressourcer la citoyenneté. Il s’agit de rendre au peuple français ce que Régis Debray appelle la verticalité, soit l’ordonnancement qui structure l’appartenance autour de principes incontestables, revenir aux « majuscules » : Nation, Progrès, Liberté.

Parmi nos objectifs figure aussi une autre action artistique : la popularisation de La Marseillaise incarnée par l’œuvre de François Rude sur l’Arc de Triomphe. Nous avons fait réaliser par des ateliers français un triptyque tricolore de trois têtes de La Marseillaise, que nous souhaiterions voir entrer aux côtés de la Marianne dans les mairies et les ambassades, lieux de territorialité et d’universalité.

Un petit mot sur l’économie : la confiance est une condition de la vitalité économique. Un pays serein, qui chante joyeusement son hymne autour d’exploits sportifs qui ragaillardissent le sentiment français, c’est un élément capital de confiance et d’appétence devant les défis économiques de notre temps. Nous espérons sensibiliser les milieux économiques qui ne voient pas immédiatement le lien entre l’économie et les initiatives que nous prenons autour de La Marseillaise.

3 – Comment percevez-vous la place du Souvenir Français dans cette année de la Marseillaise?

Selon le vœu de son premier instigateur, le maire de Strasbourg Philippe-Frédéric de Dietrich, La Marseillaise fut faite pour galvaniser et entraîner. C’est ce rôle que Le Souvenir Français doit pouvoir jouer cette année, notamment auprès de la jeunesse. Sa mission est la transmission ; celle de la mémoire, mais aussi celle du frisson ! Nous proposons au Souvenir Français d’agir ensemble avec les institutions locales pour éveiller la jeunesse du primaire et du secondaire à l’émotion de La Marseillaise, dans sa version classique comme dans les autres, jazz, reggae … et pourquoi pas inciter un groupe actuel à créer sa propre version sur un rythme contemporain. Son action de popularisation du CD de l’entreprise XLco  et la distribution des mallettes pédagogiques « Au chant jeunes citoyens » dans les établissements scolaires parisiens s’inscrivent dans cet effort.

Le Souvenir Français est devant un défi : celui de l’éloignement de la mémoire qui s’accélère avec les nouvelles générations et les nouvelles technologies. Rendre le goût de l’appartenance nationale et accompagner la recherche de sens, voilà une mission que Le Souvenir Français pourrait engager en cette Année de La Marseillaise.

LogoLaMarseillaise

 

 

 

Pour en savoir plus :

http://fr.ulule.com/lamarseillaise-a-marseille/

Contact :

asso@lamarseillaise2016.fr

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