La
mémoire américaine de la Première Guerre mondiale,
une affaire d’années en 7 ?
Le
centenaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis
est marqué en France par une série d’initiatives
dont la plus médiatique a été la présence du
Président de la République des Etats-Unis au
défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Le
Souvenir Français s’inscrit pleinement dans cette
mobilisation mémorielle en s’imposant comme un
partenaire de nombreux gestes commémoratifs et
comme le « leader » de deux initiatives fortes,
l’hommage rendu le 4 novembre 2017 aux trois
premiers morts américains tombés le 3 novembre
1917 et la rénovation des stèles de la 5e
Division.
Mais, plus que pour d’autres
nations, la mémoire américaine de la Première
Guerre mondiale s’inscrit essentiellement dans un
calendrier politique qu’illustrent pleinement les
réveils commémoratifs des années en 7.
1927 : 30 000 vétérans
américains de l’American Legion sont en pèlerinage
en France. Afin de les accueillir, le 19 septembre
est décrété jour de fête nationale par le
gouvernement français. Leur commémoration est
encadrée par l’inauguration d’un monument à
Saint-Nazaire en 1926 et par celle du Mémorial de
l’Escadrille Lafayette en 1928.
Cette mise en lumière est
voulue par le Ministre des Affaires Étrangères,
Aristide Briand qui tente de faire sortir les
Etats-Unis de leur isolationnisme. Une volonté qui
se concrétise par la signature du pacte
Briand-Kellog en 1928.
1937 : l’année est marquée par
la multiplication des initiatives : inaugurations
du buste de l’ambassadeur des Etats-Unis Myron T.
Herrick à Paris, du monument américain à
Montfaucon, de celui de Brest, des monuments
Pershing et Lafayette à Versailles et par une
cérémonie à Paris le 2 octobre en présence de 2
000 vétérans américains.
Cette seconde mise en lumière
s’inscrit dans un contexte de montée des périls.
Le 7 mars 1936, Hitler a remilitarisé la Rhénanie.
Le gouvernement français souhaite resserrer les
liens avec les Etats-Unis. Ainsi que le dit alors
le Ministre des Affaires Etrangères : « Si la
France était attaquée, ils (les Américains)
viendraient de nouveau la défendre ».
De
1947 à 1997 : la mémoire américaine de la Première
Guerre mondiale devient obsolète. Malgré une
tentative de réactualisation en 1987, l’histoire
de l’intervention américaine en France devient
seconde par rapport aux commémorations du D-Day et
de la libération de la France.
Ce
sont désormais les célébrations du débarquement,
les années en 4, qui servent de support aux
politiques franco-américaines. Les cérémonies du 6
juin 2014 avec la participation des Présidents
Obama et Poutine illustrent pleinement cette
réalité.
2017 : Il appartiendra aux
historiens de la mémoire d’étudier si la venue de
M. Trump le 14 juillet traduit un tournant dans
les politiques mémorielles ou simplement un geste
médiatique.
Quoi qu’il en soit, Le
Souvenir Français poursuivra sa politique
d’hommage à ceux qui ont donné leur vie pour notre
liberté, une politique que traduit l’initiative
mise en place par le comité du Souvenir Français
de l’Argonne qui rend hommage le 1er novembre de
chaque année à un soldat inconnu américain inhumé
dans la nécropole américaine de
Romagne-sous-Montfaucon.
Pour notre association, la
mémoire des combattants américains ne s’arrête pas
aux années en 7.
Serge
BARCELLINI Contrôleur Général des Armées
(2s) Président Général de l'association
"Le Souvenir
Français"
Annexe :
Contact :
|